Felicia -France Doumayrenc. Variations autour de la contrainte

Depuis hier tant de questions qui m’ont d’ailleurs hantée une partie de la nuit où madame insomnie a partagé ma couche.

Qu’est-ce que la contrainte ? Je vais essayer tant bien que mal d’y répondre mais certainement pas de façon exhaustive. Cependant, en retournant aux fondamentaux et à mon grand ami Robert afin de la définir.

Violence exercée contre qqn ; entrave à la liberté d’action. Contrainte sociale, morale.Agir sous la contrainte.

Gêne, retenue.

Règle obligatoire. La contrainte sociale, morale.➙ loi, pression. Les contraintes de la vie en société.➙ exigence, obligation.

Droit. Contrainte par corps : emprisonnement destiné à forcer qqn au paiement d’une amende.

Physique. Ensemble des forces qui tendent à déformer un corps.

Même si tout semble dit, il y a une espèce de manque.
Contrainte physique, mentale, morale.
La contrainte balaie-t-elle tout sur son passage. Plus de libre arbitre. Juste le droit de répondre à celle-ci.
La contrainte est-elle un droit voire même une loi ?
Lors de violences, la victime est contrainte parfois au péril de sa vie.
Les contraintes du quotidien : se lever, travailler, manger, dormir et on recommence dès le lendemain.
Le quotidien /contrainte dans lequel on trouve aussi des points d’ancrage s’inscrit dans la nécessité morale ; si on en sort on s’exclut de la vie sociale mais tous les sdf sont-ils victimes de cette contrainte ?
Le mot est lâché, avec ses arêtes qui font mal à l’âme.
Observons le.
Paraphrasons Descartes : je suis contraint donc je suis une victime.
Rappelons  ces phrases :

“Mais qu’est- ce donc que je suis ? Une chose qui pense. Qu’est-ce qu’une chose qui pense ? c’est une chose qui doute, qui entend, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent. Certes, ce n’est pas peu si toutes ces choses appartiennent à ma nature. Mais pourquoi n’y appartiendraient-elles pas ? Ne suis-je pas celui-là même qui maintenant doute presque de tout, qui néanmoins entend et conçoit certaines choses,  qui assure et affirme celles-là seules être véritables, qui nie toutes les autres, qui veut et désire d’en connaître davantage, qui ne veut pas être trompé, qui imagine beaucoup de choses, même quelquefois en dépit que j’en aie, et qui en sent aussi beaucoup, comme par l’entremise des organes du corps. Y a-t-il rien de tout cela qui ne soit aussi véritable qu’il est certain que je suis et que j’existe, quand même je dormirais toujours, et que celui qui m’a donné l’être se servirait de toute son industrie pour m’abuser ? Y a-t-il aussi aucun de ces attributs qui puisse être distingué de ma pensée, ou qu’on puisse dire être séparé de moi-même? Car il est de soi si évident que c’est moi qui doute, qui entends et qui désire, qu’il n’est pas ici besoin de rien ajouter pour l’expliquer. Et j’ai aussi certainement la puissance d’imaginer; car, encore qu’il puisse arriver (comme j’ai supposé auparavant) que les choses que j’imagine ne soient pas vraies”

Les contraintes que l’on s’impose et les contraintes que l’on nous impose. Elles peuvent se rejoindre dans le respect des lois , des religions, des principes : elles sont vertueuses ces dernières et inscrites en nous depuis l’enfance.
Mais, faisons un pas de côté, voire un grand écart.

Parlons de ce qui vous a interrogé hier, l’amour et la liberté.
Si j’aime, je ne me contrains théoriquement pas. Je suis tout à mon amour et me sens même pousser des ailes. Tout ceci dans une relation d’égalité et d’entente.
Or, si l’on met un grain de sable même minime dans les rouages de la pensée, le doute s’installe.
Suis-je décisionnaire ? Ou bien contraint quand l’autre suggère une chose à laquelle je n’adhère pas ?
Prenons un exemple : je veux aller à un endroit mais l’autre préfère que je reste où je suis.
Je me retrouve dans un état passif qui n’est pas en accord avec ma pensée et pire encore quand l’autre explique qu’il ne demande pas d’attendre.
Je subis une  contrainte passive. L’autre ne m’a pas demandé explicitement de l’attendre mais son refus que je parte le rejoindre est sans appel. Je n’ai plus de libre arbitre sauf celui de m’accrocher à sa demande ou celui de partir de cette relation. Le doute est bien installé. Heureusement que Descartes nous permet de comprendre voire de nous comprendre.

J’évite volontairement les sujets d’emprises qui méritent à eux seuls des livres (je vous conseille à ce sujet ceux d’Anne-Laure Buffet)
L’amour fait naître avec lui son lot de compromis, de tolérances, d’acceptations. Tant que la contrainte ne devient pas contradictoire.
Sinon ?
Si vous ne trouvez pas une langue commune après avoir exposé et exploré tous les champs sémantiques de votre relation. Comme l’a si bien dit Napoléon :
« La seule victoire en amour, c’est la fuite. »

© Felicia-France Doumayrenc

Felicia-France Doumayrenc est autrice, critique littéraire, éditrice et peintre.

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