Kamel Bencheikh. Pour se souvenir à jamais de Kateb Yacine

L’immense Kateb Yacine, auteur de « Nedjma », du « Cadavre encerclé» et du « Polygone étoilé », nous a quittés il y a précisément 33 ans, le 28 octobre 1989, des suites d’une leucémie.

Je ne résiste pas à l’envie de vous offrir l’un de ses poèmes phares dédié à La Kahina, la reine guerrière berbère qui a conduit la résistance face à l’envahisseur arabe et qui est morte au champ d’honneur en 703.

Dihya

Les Arabes m’appellent Kahina

Ils savent que je vous parle, et que vous m’écoutez

Ils s’étonnent de vous voir dirigés par une femme.

C’est qu’ils sont des marchands d’esclaves

Ils voilent leurs femmes pour mieux les vendre.

Pour eux, la plus belle fille n’est qu’une marchandise.

Il ne faut surtout pas qu’on la voit de trop près.

Ils l’enveloppent, la dissimulent comme un trésor volé.

Il ne faut surtout pas qu’elle parle, qu’on l’écoute.

Une femme libre les scandalise, pour eux je suis le diable.

Ils ne peuvent pas comprendre, aveuglés par leur religion.

Les barbares sont les agresseurs.

Il n’y a pas de Kahina, pas de berbères ici.

C’est nous dans ce pays qui combattons la barbarie.

Adieu, marchands d’esclaves !

Je vous laisse l’histoire

Au cœur de mes enfants

Je vous laisse Amazigh

Au cœur de l’Algérie !

Kateb Yacine


De nombreux commentaires ont suivi cet hommage de notre ami Kamel Bencheikh à Kateb Yacine:

“Kateb Yacine, le magnifique. Peu ont réussi comme lui à allier l’incandescence révoltée, la persistance d’une lucidité exacerbée sur la durée, l’intelligence puissante et fine, l’avant gardisme et la pensée complexe dans l’écriture et le théâtre, l’amour sans faille du peuple et de la culture vernaculaire, la poésie dans tous les gestes, un engagement au quotidien sans aucun regard pour une quelconque “carrière”. Grand Kateb Yacine, c’est peu dire, immense. Je pense à lui avec une reconnaissance éperdue. Il est un exemple sans pareil pour qui veut faire de sa vie une oeuvre, quelque soit le prix à payer.” ( M.R.)

“Paix à sa belle âme. Il a participé aux manifestations de mai 45 à Sétif, exclu du lycée et emprisonné. Un lycée qui devait porter son nom à Sétif depuis une décennie et que tous les lycéens appellent lycée Kateb Yacine ne porte plus son nom: ils l’ont baptisé Moufdi Zakaria”. ( N.T. )

A quoi l’auteur a répondu:

“Je suis passé par ce lycée que Kateb a fréquenté et qui s’appelle Kerouani. Ce que vous indiquez sur le lycée qui devait s’appeler Kateb Yacine, à Sétif, est véridique. Il n’a jamais été baptisé ainsi sous la pression des islamistes.

© Kamel Bencheikh

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