Pierre Buisson. Arménie: Qui ne dit rien consent

Depuis le 27 septembre, nous assistons au retour d’un deuxième génocide arménien

En 1915, en plein milieu de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman en fin de vie a profité de la confusion générale pour commettre un des plus grand génocide d’1,5 million d’Arméniens (soit plus de la moitié de sa population) exterminés de manière barbare et inhumaine. 

Plus d’un siècle plus tard, au moment du pic de l’épidémie du covid 19 en 2020, le dictateur turc, Recep Tayyip Erdogan profite de cette opportunité pour achever le rêve de ses ancêtres en relançant l‘extermination de ce qu’il reste des Arméniens dans la région. 

L’objectif du dictateur turc est ostentatoirement de ramener la gloire de l’Empire ottoman et de raviver l’idéologie raciste du panturquisme. Le 27 septembre 2020, le dirigeant dictateur turcophone frontalier de l’Arménie, l’Azerbaïdjan, a décidé d’attaquer, avec l’aide de la Turquie, la région arménienne s’appelant Artsakh. Depuis plus de 30 ans, cette région arménienne de 150 000 habitants se bat sans cesse pour son indépendance en gagnant une guerre sanglante contre l’Azerbaïdjan dans les années 90. Depuis cette guerre, il y a eu des tensions, mais rien d’aussi violent que l’invasion azérie d’aujourd’hui.

L’Arménie et Artsakh font face à un défi de SURVIE. L’Azerbaïdjan a une population trois fois plus importante que celle de l’Arménie et des réserves pétrolières et gazières gigantesques. Celles-ci ont énormément enrichi son chef d’état Ilham Aliyev, lui permettant de financer une armée imposante. Il est en plus épaulé par Erdogan dont le pays a une population 30 fois plus nombreuse et 60 fois plus important économiquement. C’est pour dire que l’Arménie est proche de subir un deuxième génocide qui pourrait exterminer totalement sa population.

En octobre 2020, en six semaines, l’armée azerbaïdjanaise appuyée par les turcs, lança un assaut dévastateur tuant des milliers de personnes majoritairement arméniennes et le Haut-Karabakh fut repris à 75 % par Bakou, effectuant une purification ethnique contre ses habitants arméniens. Le cessez-le-feu de novembre 2020, malgré la présence arbitrale russe, n’empêcha pas Bakou de faire des incursions pour obtenir un accord avantageux.

Bakou voulut obtenir une soumission totale du Haut-Karabakh en forçant l’Arménie à lui concéder un corridor territorial lui permettant de relier l’Azerbaïdjan à son exclave du Nakhitchevan située en Arménie. Si elle obtient de l’Arménie qu’elle lui concède ce corridor, Bakou obtiendrait un accès direct vers la Turquie, son alliée, et vers la mer Noire. Pour le riche dictateur Ilham Aliev, le moment de cette dernière opération est opportun. 

Le dirigeant azéri sait que les arméniens sont affaiblis depuis la guerre perdue de 2020 et que la Russie, avec la guerre en Ukraine, ne s’attache pas au sort de l’Arménie. L’absence de réaction russe à la dernière opération le prouve. Bakou sait aussi que son allié turc est dans un moment fort, ce qui lui vaut une certaine protection. 

Quand les intérêts énergétiques pèsent plus lourds que des vies humaines :

À l’été 2022, l’Europe voulant remplacer le gaz russe, s’est rapprochée de l’Azerbaïdjan et son funeste dirigeant. Ursula Von der Leyen, sa présidente, mais aussi l’ensemble des dirigeants européens ont préféré fermer les yeux sur les massacres et le nettoyage ethnique toujours en cours, considérant que quelques degrés de chaleurs et de l’électricité préservés cet hiver étaient plus vitale que de faire pression sur le dirigeant azéri afin qu’il cesse ce que l’on peut appeler la continuité du génocide arménien au XXIème siècle.

Conclusion :

Qui ne dit rien consent

Une fois encore, les Arméniens sont victimes de la volonté de puissance de leur voisin et se sentent de nouveau abandonnés. En effet, sur le plan international, l’Arménie pèse très peu en comparaison des richesses énergétiques de son voisin d’Azerbaïdjan et cela suffit à ces derniers pour continuer à massacrer les arméniens en toute impunité, car, de la part de l’Europe, « qui ne dit rien consent »…

Certes la France vient de promettre de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, mais les Arméniens attendent des actes. L’Arménie représente aussi la culture chrétienne dans cette région qui risque fort, si nous continuons à fermer les yeux, à disparaître, laissant encore plus de place à l’ombre mortifère de l’idéologie islamiste…

© Pierre Buisson

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