Charles Rojzman. Droitisation: les leçons de la victoire de Giorgia Meloni

Meloni gagne les élections générales italiennes, et cela ne botte pas tout le monde
Avec à sa tête le parti Fratelli d’Italia (26% des voix), l’alliance des droites obtient 44% des suffrages et une majorité confortable aux élections générales italiennes du dimanche 25 septembre.

Les victoires successives des droites conservatrices et nationales affolent des médias qui veulent y voir un « retour post-fasciste » comme est désormais qualifiée Giorgia Meloni, future présidente du conseil italien.

Il faudrait déjà s’entendre sur les termes. Soit Giorgia Meloni est fasciste, et l’on peut bien parler d’un retour et s’en indigner. Soit il s’agit d’autre chose (post-fascisme ? néofascisme ?), et dans ce cas il convient peut-être d’attendre de voir ce que Madame Meloni et la coalition de droite mettront réellement en place comme politique en Italie avant de pousser de grands cris.

Le temps de la « petite politique » terminé ?

Que se passe-t-il ? Rien que de très évident. L’exaspération a gagné toute cette majorité de la population européenne qui ne se reconnaît pas dans ses dirigeants européistes soumis aux exigences de commissions qui n’ont pas reçu l’assentiment d’un peuple théoriquement souverain. La révolte contre une immigration incontrôlée devient majoritaire. Le grand remplacement, sous quelque nom qu’on lui donne, devient une réalité visible. La peur de l’islam conquérant s’empare de populations jusqu’ici apparemment résignées. Le temps semble venu pour une révolte d’ampleur contre des bureaucraties et des technocraties indifférentes au sort des plus pauvres pour qui elles ne voient comme projet qu’une assistance qui se réduit en peau de chagrin et une surveillance généralisée.

En France, la gauche de Jaurès et de Léon Blum avait représenté cette révolte et porté haut le drapeau des luttes sociales. Mais aujourd’hui que se passe-t-il en Italie, en Suède, et également en France malgré les apparences d’une victoire macroniste arrachée du bout des lèvres ? Pourquoi la gauche continue-t-elle de s’enfoncer dans les limbes de l’oubli, rejoignant ainsi un Parti communiste exsangue et dépassé ? Pourquoi la gauche se fait-elle avaler par l’islamo-gauchisme, alors qu’en même temps la droite pour ne pas se faire dévorer toute crue par le Rassemblement national et Eric Zemmour s’est faite avaler et digérer par le boa LREM ?

Les sociétés européennes, les unes après les autres se droitisent et la réalité semble rejoindre leur vision de la société. L’heure n’est plus à l’utopie d’un monde réconcilié dans lequel les pauvres cessent d’être pauvres grâce au combat pour une société égalitaire d’une élite de révolutionnaires ou de démocrates sociaux. La réalité est au rapport de forces, au choc des empires et des civilisations, à des interventions militaires, à la prévalence de la sécurité sur la liberté. Comme l’écrivait Nietzsche, rappelé par Pierre-André Taguieff sans sa dernière interview remarquable au Figaro, en 1886 dans Par-delà bien et mal : « Le temps de la petite politique est terminé: le siècle prochain déjà apportera la lutte pour la domination de la terre – l’obligation d’une grande politique ». Le danger vient d’autres puissances qui ne sont pas toujours étatiques et l’heure est aux décisions fermes et brutales, parce que la grande masse populaire ne supporte plus sa fragilité, l’amincissement progressif de sa peau sociale.

La fin d’un monde

L’heure et venue aussi du dévoilement des mensonges et de l’abaissement des masques : la révolution bolivarienne, les Palestiniens et leurs dirigeants milliardaires, les Chinois communistes capitalistes, les indépendances autrefois glorieuses d’une Afrique devenue quémandeuse en proie à la corruption.

Le monde rêvé de la gauche s’écroule partout pour laisser la place à la dureté des rapports de force. En France l’intifada des banlieues dévoile une réalité sombre, celle des trafics, des délinquances et de l’islamisation, bien loin de l’image rêvée d’une chance pour la France. Les peuples demandent du châtiment et non de la bienveillance. L’espoir ne se mesure plus à l’utopie mais au degré de protection et de sécurité. Et c’est la dure réalité qui l’exige.

© Charles Rojzman

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10 Comments

  1. Néo-fasciste, post-fasciste, adoratrice de Mussolini… on peut en inventer plein d’autres : para-fasciste, péri-fasciste, sub-fasciste, crypto-fasciste, proto fasciste, mussoliniste… S’accrocher, telle une bernique à son rocher, à l’adjectif fasciste pour qualifier Giorgia Meloni, ça devient un peu clownesque.

    • Pour moi Giorgia Meloni est surtout une conservatrice qui veut défendre les éternelles et vraies valeurs humaines chères à la majorité des Italiens, face aux mensonges et aux délires rebaptisés à tort “progressisme” qui depuis les USA envahissent l’Occident. Faux progrès dont les retombées l’avenir sont incertains, peut-être même funestes . Son admiration pour Mussolini est mal comprise. Ce qu’elle admire en lui, elle le dit d’ailleurs, c’est l’amour qu’il avait pour son pays et c’est tout. C’est sûr qu’on ne peut pas faire le même “reproche” à Macron, pas plus qu’à Melenchon. La France et les Français, ils n’en ont rien à foutre.

      • Après tout, Mme Meloni dit ce que beaucoup pensent sans oser l’exprimer. Je dirai qu’elle a raison de mettre en avant ses convictions,et notamment que l’Italie est dans une mauvaise passe et que les migrants ça suffit. En ce qui concerne Benito Mussolini,ce fut un individu dangereux, le fascisme c’est son invention ,il fut le modèle d’hitler. Elle n’aurait jamais dû évoquer son nom.

        • Le mot “fascisme” est son invention…mais pas le fascisme lui-même ! La Turquie genocidaire était un État 100% fasciste tout comme le Japon nationaliste. Le fascisme a toujours existé : pendant l’antiquité, la cité de Sparte était un regime fasciste à l’état pur.

  2. Le Temps…est un peu l’équivalent suisse du New York Times ou de Liberation : un tabloïd raciste véhiculant les appels à la haine des indigénistes et autres BLM. Donc peut-être que cette leader italienne est une fasciste d’extrême droite …mais dans ce cas-là elle ne représente avec son parti qu’une gouttelette dans la mare de l’extrême droite qu’est devenu notre monde occidental. Le parti de Biden, BLM, la NUPES, le PIR et tout ce qui s’en approche relèvent de l’ultra extrême droite… donc que pèsent l’Italie et son nouveau gouvernement en comparaison ? Rien. D’où la vacuité de ce genre d’analyse (malgré toute la sympathie et le respect que j’ai pour Charles Rojzman) : comme cela a déjà été expliqué par d’autres que moi sur ce forum ou ailleurs, on est deja dirigés par des fascistes depuis des décennies : j’ai déjà utilisé le terme 4eme Reich et je le réitère. Un 4eme Reich mettant en pratique les thèses racistes de “Les Juifs les Blancs et Nous”.

    Ce résultat électoral en Italie n’est que l’ écran de fumée.
    C’est exactement comme si dans les années 30 Hitler avait dit : “Je suis inquiet par la menace que représente le fascisme en Italie !”
    (Et à l’époque certains politiciens Français avaient plus peur de Mussolini que de Hitler, justement…)

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