Gérard Kleczewski. Shana Tova

J’aime les pommes, leurs formes rondes, le jus sucré et un peu acide qui s’évade et coule dans la gorge quand on croque dans leur chair. J’aime même leurs queues et leurs pépins sans les manger bien sûr, et toutes les races de pommes : les golden et la granny smith, la reine des reinettes comme la gala, l’antarès et la pink lady. Et tant d’autres encore… Il parait qu’il en existe plus de 1 000 variétés !  

En revanche, je n’ai jamais aimé le miel. Je ne sais pas dire pourquoi. Cela ne s’explique pas. Le goût et la texture du miel ne m’ont jamais plu. J’en suis malheureux mais c’est comme ça. Surtout quand je vois les autres s’en régaler et étaler avec gourmandise une épaisse couche sur leurs tartines. Je demande pardon aux abeilles qui travaillent pourtant si ardemment (et dard dard…) pour le plaisir de nos palais, mais donc pas le mien rétif à cette douceur sucrée, parfois légèrement acidulée, toujours onctueuse…  

Mais nous voici arrivés à l’heure de la pomme et du miel, mélangés sur nos tables pour une fête qui réunit les familles autour d’un rêve commun : que chacun d’entre nous soit inscrit dans le livre de la vie, que les douze mois qui arrivent soient ronds comme une pomme et doux comme le miel ! 

Aujourd’hui, comme chaque année à la même période (cette fois c’est du 25 au 27 septembre), je souhaite à tous mes coreligionnaires (et à tous ceux qui connaissent le sens de notre fête) une année belle et douce comme la pomme, comme le miel. 

Dans ma religion, et celle de mes ancêtres, venus pour certains de l’Est, pour d’autres du Sud, on fête Rosh Hashana (littéralement la « tête de l’année » en hébreu). Autrement dit, on se réjouit de tourner le dos à une année pour entrer dans une autre. On ne se réjouit pas trop tôt de l’avènement de 2023 – on attendra le 31 décembre pour ça – mais 5 783 ! Cela ne nous rajeunit pas 😉

Fêter Rosh Hashana c’est renaitre au vivant. Continuer une histoire personnelle autant que collective. C’est aussi consacrer son temps et son esprit à une introspection personnelle qui s’achèvera dix jours plus tard par le jeûne de Kippour. Dans un monde perpétuellement violent et complexe, c’est faire à son niveau l’inventaire des regrets et des erreurs que l’on a pu commettre, et prendre en conséquence de bonnes résolutions pour les mois à venir. C’est une parenthèse temporelle pendant laquelle il convient de bannir toutes pensées négatives, taire les remarques déplaisantes ou acerbes et veiller à avoir une expression toujours positive et bienveillante vis-à-vis d’autrui. 

Finalement symboliques et universels, la pomme et le miel délivrent un message compréhensible par tous, indépendamment de leurs origines et de leurs croyances, et nous poussent à renaitre aux autres et à la planète. Alors peu importe que vous aimiez les pommes ou que vous aimiez le miel, et à fortiori si vous les aimez tous les deux. Peu importe que vous soyez de religion juive ou pas. Je vous souhaite à vous qui m’avez lu jusqu’ici « Shana Tova » (une bonne année en hébreu) et même une « Shana Tova Oumetouka » (une bonne et douce année). Douce comme les pommes, douce comme le miel !

© Gérard Kleczewski

Gérard Kleczewski est Citoyen et Journaliste

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