Daniel Sarfati. Le jour où Sartre fut collé à l’agrégation de philosophie

L’antisémitisme, Jean-Paul Sartre l’a compris le jour où il a été collé à l’agrégation de philosophie.

Les résultats sont affichés rue d’Ulm.

Sur 28, seuls 12 ont été reçus, dont son ami Raymond Aron. Un des étudiants collés, dit avec colère à Sartre : “Vous ne me ferez pas croire que ce juif Aron, dont les parents viennent de Cracovie ou de Lemberg ou de je ne sais où, qui ne parlent pas le français, peut comprendre mieux que moi un poème de Ronsard !”

Pour Sartre, tout est dit. Le seul coupable d’avoir été reçu est le juif Aron, pas les 11 autres. Quel esprit diabolique permet à un juif, dont les parents parlent le yiddish, de mieux comprendre Ronsard qu’un français de souche?

Louis-Ferdinand Céline, lui va plus loin. Un juif ne peut pas écrire en bon français, il pourrit tout par le yiddish. Même Marcel Proust ( que secrètement il admire). Dans une lettre à Jean Paulhan, il écrit : “Oh Proust, s’il n’avait été juif, personne n’en parlerait plus ! Et enculé ! Et hanté d’enculerie. Il n’écrit pas en français mais en franco yiddich (sic) tarabiscoté absolument hors de toute tradition française. Il faut revenir aux mérovingiens pour retrouver un galimatias aussi rebutant.”

Jean-Paul Sartre, dans un article des “Temps Modernes”, intitulé “Portrait d’un antisémite”, répondra à Céline. Cet article sera complété par un essai “Réflexions sur la question juive”

.Céline, en fuite au Danemark, après avoir suivi Pétain à Siegmaren, est fou de rage. Dans une lettre à Paulhan, il vocifère à propos de Sartre : “Ah le damné pourri croupion… Satanée petite saloperie gavée de merde, tu me sors de l’entre-fesse pour me salir au dehors… Dans mon cul où il se trouve, on ne peut demander à Jean-Baptiste ( il se trompe intentionnellement sur son prénom) Sartre d’y voir clair…”

Voilà pour le “style Céline”.

Pour en revenir à la pensée de Sartre, il écrivait déjà en 1946 : “L’antisémite reproche au juif d’être juif ; le démocrate lui reprocherait volontiers de se considérer comme juif. Entre son adversaire et son défenseur, le juif semble mal en point. Les démocrates semblent surtout craindre dans les persécutions qu’elles contribuent à donner aux juifs une conscience plus précise de lui-même.”

Sartre lui, soutiendra toujours cette conscience de soi-même comme la judéité de Raymond Aron ( “Un juif authentique”), mais également le sionisme, à l’opposé de ses amis d’extrême-gauche.

© Daniel Sarfati

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1 Comment

  1. Cet article me semble mettre de côté un certain nombre de réalités. Faire de Sartre un ennemi de l’antisémitisme…Et un défenseur du sionisme ??? Dans le prochain article un éloge dithyrambique de Liberation et de l’immonde ?

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