Raphaël Nisand. L’antisémitisme, une constante historique

Rosh Hashana communément appelé Nouvel An juif sera fêté dimanche prochain.A Rosh Hashana les juifs demandent au Créateur d’être inscrits pour une année de plus dans le livre de la vie.

Traditionnellement Rosh Hashana est précédé de ce qu’on appelle la  cérémonie religieuse du Souvenir. Instituée par le Rabbinat français depuis septembre 1946, elle permet aux familles endeuillées de réciter le Kaddish pour leurs disparus. Dans le calendrier ashkénaze, elle a traditionnellement lieu le dimanche, premier jour des Selihot, (supplications) ce 18 septembre.En ces cérémonies du 18 septembre il m’a semblé important d’étendre le souvenir au-delà de la tragique Shoah.

C’est un article paru dans Le Monde des sciences du 6 septembre qui relate la découverte d’ossements dans un puits à Norwich en Angleterre, des ossements d’au moins 17 personnes jetées là, assassinées dans ce puits, probablement lors du pogrom de 1190.

L’ADN a parlé et on a retrouvé la présence de 3 soeurs, une jeune adulte de deux enfants.

On a également retrouvé le corps d’un enfant de moins de 3 ans qui avait les yeux bleus et des cheveux roux rejoignant un des stéréotypes antisémite de l’époque.

Les 17 personnes 6 adultes, 11 enfants ont été trouvés tête en bas. Les squelettes des adultes sont très endommagés , ceux des enfants presque intacts.

Il n’y a aucune trace de maladie et le puits se situait en bordure du quartier juif médiéval.

A l’époque les juifs anglais étaient protégés par le roi et l’église leur avait imposé de pratiquer l’usure ce qui pouvait les rendre impopulaires.

Cette scène de crime collectif d’une barbarie invraisemblable avec de nombreux enfants jetés vivants dans un puits est une des étapes de l’éternel antisémitisme qui a frappé les communautés juives de par le monde dans l’injustice la plus criante.

Le meurtre antisémite n’a donc en aucun cas attendu la période nazie et il a malheureusement émaillé la vie des juifs presque partout où ils ont vécu.

Ce contre exemple anglais n’est  pas isolé. En 2022 encore, des juifs se sont faits attaquer et parfois tuer parce-qu’ils étaient juifs. 
La parole et l’acte antisémite ont été rendus plus difficiles depuis la Shoah mais voici que l’existence même de la Shoah en tant que génocide systématisé et industriel des juifs d’Europe est contestée. Le tabou est en train d’être levé.

Des sondages publiés récemment montrent qu’en Allemagne et en France plus du tiers de la population trouve que la Shoah est trop enseignée. Un gros tiers d’allemands disant même que les israéliens se comportent avec les palestiniens comme les nazis l’ont fait avec les juifs.

Ces sondages sont désespérants car ils démontrent la permanence d’un sentiment antisémite très vif basé sur l’ignorance, les préjugés et la haine viscérale du juif puisque juif = nazi.

Le problème de l’antisémitisme moderne, celui qui frappe aujourd’hui les juifs partout dans le monde, c’est celui de l’amalgame, de la désinformation et de la haine pure à l’égard d’Israël, l’Etat juif qui concentre toutes les vieilles haines antisémites sur lui. Il faut avoir les yeux ouverts, connaitre le passé et comprendre le présent pour espérer contrer ce phénomène.

La réduction ad hitlerum c’est à dire invoquer le nazisme à tout bout de champ ne rend pas compte de la continuité historique de l’antisémitisme.

Espérons que cette année 5783 qui s’ouvre permette notre inscription dans le livre de la vie, que plus aucun juif ne soit pourchassé pour le fait d’être juif.

© Raphaël NISAND 

Chroniqueur sur Radio Judaïca 

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