Quand la communauté juive de Tunisie tente de sauver la mémoire de son histoire

Soutenue par les autorités locales, c’est la communauté juive de Tunisie elle-même qui tente de sauver la mémoire de son histoire dans le pays.

Le mois dernier, la communauté juive de Tunisie et la ville de Nabeul ont inauguré après restauration l’espace de la mémoire judéo-nabeulienne Gaston Karila.

Situé dans une ancienne yeshiva, en pleine médina et à proximité du souk El Balgha, l’espace Gaston Karila rend compte du passé dynamique de la communauté.

Lieu de mémoire plus que musée, l’espace abrite des archives, des photos et objets témoins de la mémoire juive de la ville, ainsi qu’une galerie de visages intitulée “Les Derniers magnifiques”, voulant rendre hommage aux derniers habitants juifs de la ville: des portraits de rabbins, tisserands, minotiers, agriculteurs, sportifs et artistes attestent de ce temps heureux. “Là, vous avez mon père qui était fabricant et vendeur de glaces ; ici, c’est tonton Clément qui s’occupait de la communauté”: c’est Albert Chiche, initiateur d’une collecte en ligne, qui parle.

Pour rappel: La ville de Nabeul comptait près de 2 500 Juifs sur une population de 12 000 habitants jusque dans les années 1960, avant les importantes vagues de migration. Ils seraient environ 1 200 aujourd’hui.

A noter: À Sousse, où on est passé de 6 000 Juifs à une trentaine aujourd’hui, et à deux synagogues sur les onze qui existaient il y a un demi-siècle, quatre rues ont récemment été rebaptisées en hommage à l’avocat Claude Sitbon, le médecin Daniel Uzan, la sage-femme Yvonne Bessis et les familles mécènes Ghouila-Houri et Ichoua: de quoi espérer … panser l’attaque terroriste qui y fit 39 morts?

Si parallèlement les thèses universitaires sur le thème du passé juif de la Tunisie se multiplient, ces efforts pourront-ils atténuer les plaies des Juifs originaires du pays, invités à “dégager” en raison des tensions israélo-arabes.

A noter: malgré les Accords d’Abraham, les relations restent tendues entre Jérusalem et Tunis, le Président Kaïs Saïed ayant assimilé dès 2019 toute normalisation avec Israël à de la haute trahison.

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