Les Bras m’en tombent. La chronique de Denis Parent. Dimanche 21 août

Les bras m’en tombent. Dimanche 21 Août. Pas un goéland à l’horizon. La tempête aurait-elle nettoyé cette engeance, Rodolphe et ses couvées malédictives ? A quelque chose malheur est bon. Je n’entends ce matin que la roucoulade lointaine de Priscilla la tourterelle qui émet de l’amour dans l’indifférence volatile. Et au loin, un foutu coucou qui émet par intermittence, comme une balise.

La mer est au ras des pâquerettes pour autant qu’elle puisse fleurir. Il fait bon, avec un petit goût flûté d’automne en Méditerranée.

Hier j’étais un peu déconstruit comme dirait Sandrine Rousseau, la rêveuse aux conneries solitaires. J’avais émis quelques petites saillies qui n’ont pas plu. On fait quelques blagounettes et voilà que, tout à coup, quelqu’un qu’on n’a connu ni en rêve ni en nulle part (ça fait beaucoup de négations) vous toise.

Ca me chagrine, j’ai l’humeur altérée tout soudain. Non pas que je veuille plaire à tout le monde, on se grandit parfois en revendiquant ses détracteurs. Mais, comme souvent c’est l’absence d’humour qui me perturbe. Tout à coup c’est comme si un étranger qui ne comprend pas votre langue se mettait à vous invectiver. On ne peut utiliser d’IA pour traduire le français en Humour. C’est FB aussi, les gens s’y comportent comme au volant, enculé et la priorité ! Connard t’as un feu rouge dans l’anus ? On est tous un peu chauffard à se mal conduire sur le réseau.

J’étais chafouin aussi parce que mon fils à moi Lulu-la-truffe a passé son permis et qu’il a été impérial sauf au créneau. Tout le monde rate son créneau une fois sur deux, surtout les examinateurs d’auto école, qui souffrent soient d’avancer à reculon dans leurs vie, soit de complexe d’oedipe. Et ta mère, hein ? Celle qui coupe la ligne jaune ! Peu me chaut qu’il ait son permis du premier coup mais lui oui. J’aime pas qu’on me le contrarie.

Toutes ces considérations sur mes plaies à l’âme, alors que le ciel azure, que le sable est blond, que la houlette va bientôt me flatter le flanc, que j’ai bientôt fini les 600 pages de “Malvina”, avouez que je suis une créature fragile comme du cristal.

Pour me rasséréner hier soir, après quatre jours sans alcools et à 2500 Kcalories quotidiennes, je suis allé dîner chez mes amis du Cabanon Bleu. C’est une parenthèse ouverte sur la mer, l’eau vient vous taquiner d’un ou deux embruns (rarement d’un seau), on voit les fonds où paissent des girelles.

Le golfe est devant, obscur et velouté, on évite de penser au bonheur de peur qu’il ne s’effarouche.

Denis Parent

La Chronique de Denis Parent “Les bras m’en tombent”, que tous ses lecteurs assimilent à ses humeurs, est née il y a trente ans dans “Studio Magazine”, où l’auteur nous entretenait de cinéma

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