Freddy Eytan – les maladresses de Lapid et le retour à l’entente diplomatique

Le manque d’habilité et de tact caractérise parfois la politique de Yair Lapid. L’Etat-spectacle domine souvent les décisions et les gestes. Les déclarations publiques, celles qu’il ne fallait pas dire, dénotent toujours de la maladresse. Dans une situation géopolitique délicate et complexe les réactions rapides, irréfléchies, jouent toujours en boomerang.

La diplomatie est l’art du bon sens appliqué aux grandes choses, aux événements en marche, au règlement des conflits en cours.

La récente demande russe d’arrêter les activités de l’Agence juive intervient au moment où les relations entre Israël et la Russie traversent une crise diplomatique, accentuée par la condamnation du gouvernement Lapid à l’intervention militaire en Ukraine.

Ce n’est pas la première fois que Moscou annonce des « violations de procédures administratives et juridiques » concernant l’Agence juive et les préparatifs de l’Alya. Les activités éducatives, l’enseignement du judaïsme et l’hébreu provoquent des tensions notamment dans les villages éloignés et pauvres de la vaste Russie.

Soulignons qu’en Russie comme en France, la religion n’est pas mentionnée sur les cartes d’identité. On ignore d’ailleurs le nombre exact des Juifs. Selon certaines estimations environ 200 000 y vivent actuellement dont 60 000 souhaitent faire leur Alya selon la loi du retour.

photo : (Avi Ohayon/GPO)

L’Union soviétique a été le premier pays à soutenir la création d’un Etat juif indépendant et souverain. En juillet 1948, deux mois après la proclamation de l’Etat d’Israël, Golda Meir débarque à Moscou pour ouvrir la première délégation israélienne.

Cependant, l’histoire des rapports entre Moscou et Jérusalem est une longue suite de disputes, de froideurs, de ruptures et de réconciliations. Après la guerre des Six Jours, l’Union soviétique, et avec elle tout le bloc communiste, rompt ses relations diplomatiques avec Israël. Durant la Guerre d’usure le long du canal de Suez, des avions MIG pilotés par des Russes ont été abattus par la chasse israélienne…

photo: (Kobi Gideon/GPO)

Jusqu’en 1968, les autorités soviétiques n’accordent aucune autorisation aux Juifs pour pouvoir quitter le pays. Pis encore, des Juifs sont poursuivis et envoyés dans des camps d’internement et de travail. On les accuse d’être complices de l’impérialisme américain et des agents sionistes. Les écoles juives et les synagogues sont fermées, les rabbins arrêtés, les livres de culte et de prière confisqués et l’enseignement de l’hébreu est interdit.

On comptait à l’époque 267 2000 Juifs en URSS, soit 18 Juifs pour mille habitants. La majorité écrasante a émigré en Israël et forme des atouts considérables dans nos relations avec Moscou.

Depuis la chute de l’Union soviétique en 1989 Israël avait réussi à surmonter les difficultés sans créer de crise majeure.

Les autorités russes avaient compris que l’Etat d’Israël a été fondé justement pour pouvoir abriter tous les Juifs en détresse.

En octobre 1991, les relations diplomatiques sont renouvelées et une lourde page est tournée entre les deux pays. Elles atteindront leur apogée lors de l’avènement de Vladimir Poutine.

Suite à l’intervention russe dans la guerre syrienne et devant les intentions hégémoniques de l’Iran, les relations militaires se sont renforcées avec la création d’un mécanisme qui évite toute confrontation direct avec Tsahal.

L’entente, l’amitié personnelle, et le respect mutuel entre Nétanyahou et Poutine, puis avec Naftali Bennet, étaient un gage pour sauvegarder les relations entre les deux armées et les deux pays.

Les contacts directs avec la Russie se sont poursuivis pour garantir la maîtrise du ciel par Tsahal.

Depuis les déclarations de Lapid concernant l’invasion en Ukraine, l’aviation israélienne est extrêmement prudente face à la présence militaire russe en Syrie et les frappes se font plus rares.

La Russie fait face à des enjeux et des intérêts stratégiques planétaires qui sont souvent en contradiction avec nos intérêts. Le rapprochement avec l’Iran prouve que le monde est à nouveau partagé en deux blocs et s’achemine vers une nouvelle guerre froide.

Israël devra donc mener avec Poutine des relations prudentes car il ne peut s’engager dans la course entre les grandes puissances. Israël ne peut influencer sur les conflits locaux, ni sur les relations tendues existantes entre la Russie et les pays de l’OTAN.

Certes, les Etats-Unis demeurent notre meilleur allié mais Israël ne pourra jamais négliger la politique des Russes dans notre région. La sauvegarde de nos relations est un gage pour la marche à suivre particulièrement sur le dossier syrien et face aux menaces de l’Iran.

La reprise du dialogue avec la Russie prouve que les deux pays souhaitent tourner la page discrètement en évitant toute polémique politique.

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Le CAPE de Jérusalem  /jcpa-lecape.org

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