Michèle Chabelski.

Bon  Samedi 
    16 juillet 2022
   
   16 juillet 1942.  5 h du matin.
    Eva et Suzanne Berkovitch , debout près d’une valise remplie à la hâte, s’apprêtent à partir. Elles ont été averties de ce qui attend les juifs ce16 juillet.
  Las!
   Un fracas dans l’escalier.   Des pas lourds qui se dirigent manifestement vers le 4 ème étage de cet appartement de la rue des Archives.
  Serrées l’une contre l’autre, tétanisées de terreur, elles restent muettes.
  Puis on entend les glapissements de la concierge qui hurle derrière le gendarme venu effectuer sa forfaiture.
  Arrêtez de faire tout ce boucan en montant, vous allez réveiller toute la maison. Non mais vous avez vu l’heure ?
  Tout en grimpant derrière le policier, elle demande, finaude:   Vous allez où ?
  Chercher les youpines du 4ème. Les Berkovitch.
  La concierge ricane.
   Ah bah vous êtes un peu en retard. Vous allez trouver personne..
   Quoi?
  Bah non, elles sont plus là. Je les ai entendu partir très tôt ce matin.
  Parties?   Et… Elles vont revenir ?
  Qu’est-ce que j’en sais, moi. Elles sont parties, je les ai vues. C’est tout ce que je sais.
 

Le gendarme tourne les talons et s’apprête à redescendre en maugréant contre les juifs et les escaliers..
   Ben je repasserau ce soir alors.
   C’est ça. Repassez ce soir.
   

Maman et Mémé entendent les pas du gendarme et de la concierge s’éloigner peu à peu. 
   Puis le silence.
   Et de nouveau les pas de la concierge qui remonte et tambourine à la porte. 
   

Dépêchez- vous. Il est parti.
   Les deux femmes retrouvent un peu de force pour quitter l’appartement .
  Elles entament la descente.
  Puis Maman se touche le front.   Ma pince à épiler ! J’ai oublié ma pince à épiler!! 

Pas grave murmure Mémé.
  Attends moi une seconde. Je remonte chercher ma pince à epiler
   

Mémé enrage.
    Maman remonte quatre à quatre et redescend en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire…
   Elle saisit la valise, elles embrasse la concierge, en larmes…
   

Un hommage à cette Juste parmi les Nations dont j’ai oublié le nom et qui a sauvé Maman et Mémé.
  Quand on connaît les exactions de certains gardiens délateurs, on ne peut que crier au miracle…
    Les noirceurs du monde s’illuminent parfois d’une lumière  inespérée…
   J’ai toujours la pince à épiler de Maman.
    Je vous embrasse.

© Michèle Chabelski

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1 Comment

  1. nous y avons échappé de justesse avec maman . nous étions parties voir ma grand mère (Mémé) quand nous sommes rentrées, tout l’immeuble était vide; tous et surtout toutes parties, embarquées , stupeur désespoir de maman ,je pensais aux petites filles qui jouaient avec moi. je ne me rendais pas bien compte . Nous sommes partis jeunes et vieux de la famille , nous cacher. Jamais je ne pardonnerai aux allemands aux collabos, police ratp, ne faisaient pas gréve nous traquaient sans relâche. Peu nous ont aidés.

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