Le Point de vue de Meir Ben Hayoun. Le futur premier ministre qui s’était vexé à mort

Il y a 40 ans de cela en 1982,  ca ne nous rajeunit pas, j’étais hayal boded de France dans Golani au Liban lors de l’Opération Shelom Hagalil, Paix en Galilée. Dans mon équipe, j’étais infirmier.

Vers la fin du mois de juillet, après les premiers combats du mois de juin. On avait d’ailleurs perdu la notion des dates donc ça peut être un peu avant ou après. On était posté à Sil à proximité de l’aéroport de Beyrouth et on nous pris une journée en autobus dans la région de Jézine au Mont Liban, une région magnifique avec les fameux cèdres.

On était sale, mal-odorant, mal rasé, hirsute. On ne s’était pas lavé depuis des semaines si ce n’est s’aperger d’eau de jerrycan en guise de douche. On n’avait pas retiré nos pompes, si ce n’est juste pour changer vite fait de chaussettes. On dormait tout habillé et chaussé. Quelques copains avaient été tués et d’autres blessés. On n’avait pas encore intégré ce qui s’était passé et on en devenait un peu cynique, attitude rien à foutre.

Est arrivée à notre rencontre alors à Jézine une délégation de Tel Aviv de la Kyriah avec un militaire correspondant du périodique de Tsahal, “Bamahaneh”. Ce gars tout propre, rasé de près, sentant l’after shave a voulu faire le grand copain avec nous. Mes camarades, les gars de Golani connus pour leur délicatesse, l’ont battu froid. Ils se sont foutu de sa gueule et l’ont jeté en  s’adressant à lui au féminin alors qu’il voulait établir un lien de sympathie avec nous. Il s’est vexé à mort.

De retour dans l’autobus, comme j’étais encore à cette époque un Oleh hadash aux bonnes manières de France, j’ai interpellé mes postes: “mais pourquoi vous l’avez vexé? Que vous a-t-il fait? Ce n’est pas de sa faute s’il n’est pas combattant comme nous, s’il accomplit son service militaire à Tel Aviv. Peut-être qu’il a des problèmes médicaux qui l’empêchent d’être combattant?”.

Mes copains m’ont répondu: “Meir, tu es un naif de France. Tu ne comprends rien à la vie ici. Ce gars là est un pistonné. C’est le fils de Tommy Lapid”
A cette époque dans les unités combattantes de Tsahal, il y avait une hostilité féroce contre les pistonnés.
Je leur ai répondu : “Qui c’est Tommy Lapid?”.
Ils me disent “Tu n’y connais vraiment rien Meir. C’est le directeur de la télé et la radio d’Israël”.
C’est vrai que j’avais vécu très peu en Israel avant d’entrer à l’armée et que je n’y connaissais sur la société pas plus qu’un touriste à peine débarqué.

N’y comprenant encore moins, je leur demande “Et alors son père est directeur de la télé et de la radio publiques?”
Ils me disent: “Meir réveille-toi! C’est son père qui lui a arrangé d’être jobnik (en français, ça signifie “planqué”)
Je ne comprenais vraiment pas de quoi ils me parlaient, comment le directeur de la télévision et de la radio publiques pouvait arranger une planque à son fils dans Tsahal. Où est le rapport entre Tsahal et la télé et radio publiques? A cette époque, c’était au dessus de mon entendement.

C’est bien des années plus tard plus tard quand exposé à la vie publique et politique en Israel que j’ai appris qui était Tommy Lapid effectivement nommé par le gouvernement Begin en 1981 à la tête de la radio et la télévision publique en Israel et que son fils Yair est apparu sur la scène publique à la télé que j’ai fait le rapport. Dix ou quinze ans plus tard.

Aujourd’hui ce fils à papa pistonné à qui les combattants de Golani se sont adressés au féminin pendant la Guerre au Liban, eh bien il est Premier ministre et nous cuisine à la vitesse grand V de ressuciter les accords d’Oslo.

Si on avait dit alors à mes copains que ce correspondant de bamahané allait être premier ministre 40 ans plus tard, ils auraient réagi comme si c’était la chose la plus absurde et la plus ridicule au monde.

Que Dieu nous sauve de cet irresponsable.

Shabbat shalom

© מאיר בן חיון Meir Ben Hayoun depuis Jérusalem

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2 Comments

  1. D’abord jobnik grâce à Papa puis premier ministre, quel chanceux ! On comprend que certains, qui eux ont vu la mort de près, en conçoivent du ressentiment.

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