Mohammed Guerroumi. Le séparatisme jusque dans la tombe

Considérant que les cimetières sont “en proie à une forme de séparatisme religieux”, un ex-élu de Savoie a saisi la justice. La balle est désormais dans le camp du Conseil d’État, qui tranchera bientôt sur la possible interdiction des carrés musulmans.

En effet, les revendications des familles musulmanes, pour être enterrées dans des espaces spécifiques, se multiplient en France, provoquant ainsi des polémiques dans de nombreuses municipalités.

Alors qu’aucune prescription coranique ne permet d’établir la moindre distinction religieuse entre les défunts lors de leurs inhumations, on assiste pourtant en France, depuis quelques années, à une forme d’insistance, pour ne pas dire pression, de la part de plusieurs conglomérats d’imams et de responsables islamiques auto-proclamés, appuyés par des pasticheurs prétendument représentants des musulmans français, envers les maires de nombreuses communes, afin de bénéficier d’un privilège extensif des surfaces allouées aux carrés confessionnels musulmans dans les cimetières.

À quelque chose, malheur est bon…, semblent prétendre ces zélés de la fumisterie religieuse.

En plus de son caractère ségrégationniste post-mortem en l’espèce, le carré confessionnel est un espace regroupant des sépultures de défunts de même confession. On trouvera ainsi en France, dans de nombreux cimetières, des carrés musulmans ou des carrés juifs. On les reconnaît facilement puisqu’ils sont composés uniquement de tombes à l’aspect similaire, ou à l’orientation bien particulière.

Mais à ce propos, que dit la loi ?

Le principe de neutralité des cimetières a été consacré par la loi du 14 novembre 1881 qui interdit, dans les cimetières communaux, d’établir une séparation à raison de la différence des cultes. Elle proscrit les divisions confessionnelles et déclare tous les cimetières “interconfessionnels”. Cette disposition prévoit expressément que tout regroupement par confession sous la forme d’une séparation matérielle du reste du cimetière est interdit.

Cependant, cette spécification est souvent contournée car, de fait, il n’est pas rare de constater que des haies moyennement hautes, voire des rangées d’arbustes,  matérialisent la séparation des carrés confessionnels du reste du cimetière.

Aussi, l’article L2213-7 du Code général des collectivités territoriales précise ceci :

« Le maire ou, à défaut, le représentant de l’Etat dans le département pourvoit d’urgence à ce que toute personne décédée soit ensevelie et inhumée décemment sans distinction de culte ni de croyance »

Bien qu’il soit interdit donc de créer des espaces nettement isolés du reste du cimetière et destinés à accueillir des défunts de même confession, les maires ont toutefois une certaine latitude quant au regroupement de sépultures et quant à l’aménagement de l’espace des cimetières.

Dans la pratique, ces carrés confessionnels dits musulmans servent à accomplir un ensemble de rites funéraires, que je qualifierais de païens car ils ne sont nullement inspirés par le Coran, mis à part l’enterrement par ensevelissement du corps des défunts.

Mais le rituel consacré par les tenants d’une orthodoxie islamique traditionaliste, en plus du culte des morts, exige d’inhumer le défunt musulman en positionnant le corps, dans la tombe, sur son côté droit, le visage tourné en direction de la Mecque.
Or, se faisant, cela correspond à vénérer par idolâtrie, même après la mort, le bétyle représenté par le monument cubique de la Mecque contenant la fameuse pierre noire.

Au-delà de ce rituel irrationnel, en insistant sur la nécessité de séparer les tombes musulmanes ou juives des autres tombes, dans un même cimetière, cela constitue clairement une volonté d’institutionaliser une ségrégation post-mortem sous couvert de la religion. Pourtant, le culte de Dieu ne saurait admettre une telle disposition, à moins de se prétendre en possession d’un droit Divin sur terre.

Il s’agit là, bien évidemment, d’une vision religieuse ségrégationniste et discriminatoire, tout comme je l’avais souligné au Grand Rabbin de France – M. Haïm Korsia, lors de sa conférence à la synagogue de Nantes en septembre 2019.

© Mohammed Guerroumi

Musulman rationaliste, engagé et laïc, nommé en 2016 Délégué régional à l’instance nationale de dialogue avec l’islam, Mohammed Guerroumi est très impliqué dans le dialogue interreligieux. Auteur à Causeur, il est un des Signataires du “Manifeste contre le nouvel antisémitisme“.

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