Le mythe du “génocide du peuple palestinien”, Pierre Lurçat

En marge de “l’affaire Abu Aqleh”, que les Palestiniens tentent de transformer en affaire Al-Dura bis, comme l’observe Sarah cattan, je publie ici un extrait de mon livre Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain, consacré au mythe du “génocide du peuple palestinien”. A travers les accusations récurrentes de meurtres de “jeunes Palestiniens” proférées par les médias français, c’est en effet le discours mythique de l’antisémitisme séculaire qui se perpétue. P.L.

La présentation constante d’Israël et de son armée comme “tuant des Palestiniens” n’est pas une simple accusation polémique. Derrière l’accusation de meurtre délibéré, de “crimes de guerre” et de “génocide”, il y a un véritable discours mythique. Lisons à ce propos les remarques éclairantes de Pierre-André Taguieff, au sujet de l’affaire Al-Dura :

Dans la construction du sionisme comme une entreprise génocidaire, les propagandistes font feu de tout bois : après avoir transformé les Palestiniens en symboles des pauvres, des humiliés et des offensés, puis en victimes de “l’impérialisme d’Israël”, ou plus largement d’un “complot américano-sioniste”, ils leur donnent le visage de prétendus “enfants-martyrs”. C’est en effet par assimilation avec la légende du crime rituel juif “que s’est opérée l’exploitation internationale, par toutes les propagandes antisionistes, du prétendu “assassinat par l’armée israélienne du jeune Palestinien Mohammed Al-Dura“.

Cette analyse relie de manière très significative l’affaire du petit Mohammed Al-Dura à l’accusation séculaire du “crime rituel”, qui est une des thématiques les plus anciennes de l’antisémitisme. La propagande contemporaine n’a en l’occurrence rien inventé : elle ne fait que recycler constamment des thèmes anciens, qu’elle puise dans l’imaginaire collectif et dans l’arsenal de la propagande antisémite, développé au cours des siècles.

Manifestation contre France 2, photo Irène Elster

Ajoutons qu’on ne saurait comprendre l’acharnement avec lequel les médias français et occidentaux présentent chaque Palestinien tué dans un “affrontement” (le plus souvent alors qu’il était lui-même l’assaillant) comme une “victime innocente”, si on ne tient pas compte de ce ‘subtexte’, ou fondement sous-jacent – conscient ou non – du mythe du crime rituel, à travers le prisme duquel le conflit israélo-arabe est constamment présenté. Ce mythe ancien est apparemment resté présent dans l’inconscient collectif occidental. C’est en faisant cette hypothèse et en gardant à l’esprit ces remarques préliminaires, que nous allons analyser le mythe du “génocide du peuple palestinien”. (…)

La filiation historique entre l’antisionisme et l’antijudaïsme

En réalité, ce mécanisme d’inversion permanent consistant à vouloir détruire l’adversaire tout en l’accusant de ses propres intentions n’a rien de nouveau. L’historien Georges Bensoussan écrit à ce propos que “tout discours meurtrier impute en effet à sa victime le dessein qu’il nourrit à son endroit“. Pierre André Taguieff analyse également ce mécanisme, auquel il a donné le nom, que nous lui empruntons, d’inversion victimaire, dans ses “trois grands moments historiques” : celui de l’antijudaïsme antique et médiéval, celui de l’antisémitisme moderne, et enfin celui de l’antisionisme contemporain. Cette perspective historique plus large nous permet de comprendre comment le mythe du “génocide du peuple palestinien” s’inscrit dans le droit fil de l’accusation de crime rituel, qu’il reprend à son compte et auquel il donne des formes nouvelles.

Un élément essentiel à la compréhension du mythe du génocide et des autres mythes de l’antisionisme contemporain est en effet celui de la filiation historique qui relie ce dernier à l’antisémitisme moderne et à l’antijudaïsme de l’Antiquité et du Moyen-Âge. Ce n’est pas par hasard que les analyses les plus éclairantes de l’antisionisme contemporain ont été faites par des historiens, comme Pierre-André Taguieff, souvent cité dans le cadre de notre ouvrage, et l’historien de l’antisémitisme Léon Poliakov, dont il poursuit les travaux. Un exemple récent nous est donné par le discours de Mahmoud Abbas en décembre 2019, dans lequel il a accusé Israël d’être “responsable de la diffusion de drogues au sein de la société palestinienne”. En juin 2016, Abbas avait déjà accusé Israël “d’empoisonner les puits et l’eau potable bue par les Palestiniens.”

Cette accusation était de toute évidence la remise au goût du jour d’un thème antisémite ancien, largement répandu au Moyen-Age. La légende des “Juifs empoisonneurs” réapparaît ensuite au 16e siècle, sous la plume de Martin Luther, qui affirmait que “si les Juifs pouvaient nous tuer tous, ils le feraient volontiers, certes, spécialement ceux qui exercent la médecine“. Plus tard, cette accusation revient sur le devant de la scène à l’époque contemporaine, lors de la tristement célèbre affaire du “complot des Blouses blanches”, orchestré par Staline en janvier 1953. Plus récemment encore, l’accusation d’empoisonnement est formulée à l’encontre d’Israël, lors du décès de Yasser Arafat en novembre 2004, dans un hôpital français.

Cet exemple – parmi beaucoup d’autres – permet de comprendre comment fonctionne le discours antisioniste, et plus précisément comment il s’alimente à la source de l’antijudaïsme antique et de l’antisémitisme moderne. Il le fait en puisant dans l’éventail de stéréotypes négatifs concernant les Juifs, qui s’est constitué depuis des siècles. Le discours antisioniste radical, comme le discours antisémite “classique”, fait feu de tout bois : il puise indistinctement dans les accusations antijuives d’origine religieuse, chrétienne notamment. Citons encore Taguieff : “La sécularisation des accusations contre les Juifsà l’exception de celle de déicide, n’a nullement interrompu, à partir du 18e siècle, le processus de transmission de leurs formes religieuses“.

De même, pourrait-on dire en extrapolant cette remarque, la sécularisation des accusations contre Israël dans l’antisionisme contemporain n’a pas interrompu le processus de transmission de thèmes antijuifs anciens, comme on le voit dans le discours d’un Mahmoud Abbas accusant Israël (et les rabbins) d’empoisonner les puits des Palestiniens.

Extrait de P. Lurçat, Les Mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain. Editions L’2léphant. 2021.En vente sur Amazon.


Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain. Pierre Lurçat. Éditions L’éléphant. 2021

Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain – Éditions L’éléphant

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6 Comments

  1. Israël ce pays à la pointe de toutes les avancées sociales humaines scientifiques technologiques est nul car depuis 1948 et même bien avant cette date, il essaye désespérément et par tout les moyens d’éliminer le peuple palestinien. Peuple palestinien qui a vu sa population multipliée par 10 en un demi siècle, ils sont vraiment nuls ces israéliens !!!!!

    • Vous devez mal comprendre les faits, mal comprendre les israéliens et mal connaître les palestiniens pour écrire un commentaire aussi antisémite. Informez vous avant d’écrire.

  2. Pour reussir un genocide les mechants juifs pourraient obtenir une aide precieuse aupres des gentils terroristes arabes de l olp ou du hamas qui semblent avoir certaines idées dans ce domaine 😜
    Heureusement que les vrais genocideurs restent des arriérés , heureusement aussi qu Israel qui dispose de la puissance et de l intelligence choisisse d utiliser ses atouts pour promouvoir la paix .
    Merci au ciel pour cette belle repartition des competences

  3. C’est le même phénomène que BLM : une inversion des rôles. C’est le discours dans lequel l’Europe baigne depuis au moins 40 ans. En soutenant les Palestiniens, l’Europe défend ses propos ennemis : tant pis pour elle.

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