Avec la nouvelle Palme d’Or, attribuée à Cannes, au suédois Ruben Östlund, nos regards se portent ce matin, avec le soleil qui se lève, vers le Nord-Est.
A Paris, c’est déjà la peinture finlandaise qui est à l’honneur.
La Finlande est un pays de lacs, de forêts et de neige.
Elle a appartenu à l’Empire russe et au Royaume de Suède, mais les dieux qui hantent les forêts de bouleaux parlent finnois.
C’est pourquoi, en 1894, le peintre Akseli Gallen-Kallela va construire sa maison de rondins, à l’écart de la civilisation, sur les rives du lac Vanajavesi.
Il veut quitter la ville et revenir aux sources des mythes et légendes finnoises.
« Je veux tout faire moi-même, depuis les plans de la maison jusqu’aux serrures des portes, aux pinces à linge et aux cendriers…Et par là, il y aura un rideau que j’ai dessiné et que ma femme va tisser… »
Akseli Gallen-Kallela a beaucoup voyagé en Europe, en particulier à Paris, Berlin, Florence et Londres. Il a été particulièrement influencé par le fauvisme et Gauguin. Une peinture par aplats, aux motifs cernés et aux couleurs brutes, à laquelle Gallen-Kallela va rajouter la lumière froide nordique.
Comme beaucoup d’autres peintres, les estampes japonaises le fascinent. Il va en adopter certaines perspectives comme cet horizon haut placé sur la toile.
Par contre, il se méfie de l’abstraction et se détache de Kandinsky quand celui-ci commence à géométriser ses paysages. Mais sa représentation du lac Keitele, où lignes horizontales et verticales s’entrecroisent, doit beaucoup à Mondrian.
Chaque matin, il parcourt 30 km à ski, avant de se mettre au travail, gravures sur bois, eaux-fortes et vitraux…Un artiste peut être également un grand sportif…
En sortant de cette magnifique exposition au Musée Jacquemart-André, je n’ai pas osé prendre le bus.
Je suis rentré chez moi à pieds pour regarder le palmarès de ce 75ème Festival de Cannes. Cette année les dieux et les esprits des forêts scandinaves ont du inspirer les membres du jury.
© Daniel Sarfati
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