Hommage : Elie Buzyn, grand témoins français d’Auschwitz, est mort

Elie Buzyn, survivant de la Shoah, est mort lundi 23 mai à l’âge de 93 ans. Il était entouré de sa famille,  a annoncé sa fille l’ancienne ministre de la Santé à l’AFP : Il a fait un malaise hier soir juste après une conférence de témoignages, où il était avec des jeunes pour “passer le relais”, une conférence, qui a été très émouvante, très bouleversante, qui l’a beaucoup touché, a-t-elle ajouté.

Les hommages se succèdent  concernant cet immense témoin de la Shoah et infatigable combattant de la mémoire.

Comme beaucoup de rescapés des camps, Elie Buzyn s’est longtemps tu et n’a pas voulu retourner à Auschwitz. Il s’estensuite employé à transmettre la mémoire de la Shoah, appelant les jeunes à être des témoins des témoins.

Avec ses compagnons survivants de l’horreur, épaves humaines dont on disait qu’elles allaient mettre vingt ans à mourir, le médecin s’était fait la promesse de tenir tant qu’il pourrait.

Elie Buzyn a survcu à la mort de son frère Avram, fusillé en mars 1940 par les nazis pour dissuader toute tentative de fuite du ghetto juif de Lodz où la famille Buzyn avait été parquée : En 1944, on savait vaguement que l’Armée soviétique arrivait par l’Est. Il y avait un petit espoir que ça se termine, déclarait-il en 2015.

S’en était suivi un voyage en wagons à bestiaux dans la chaleur de l’été 1944, suivie de l’arrivée sur les quais de tri du camp d’extermination de Birkenau : Quelques déportés nous recevaient. Je leur dois la survie. J’avais 15 ans. Ils m’ont lancé: “Dis que tu as 17-18 ans !”. Le SS m’a regardé, visiblement il ne m’a pas cru. Il m’a donné un coup de poing dans la poitrine pour éprouver ma résistance, je ne suis pas tombé. J’ai été jugé apte au travail forcé.

Il racontera que plus tard, en 30 secondes, il apprendra ce qui s’était passé pour ses parents, assassinés dans les chambres à gaz.

Le 18 janvier 1945, devant la progression de l’Armée rouge, alors que lui est intimé l’ordre d’évacuer Auschwitz par une de ces marches de la mort où tout signe de défaillance était punie d’une balle dans la nuque, le voilà, après trois jours et deux nuits, au milieu des déplacés entassés dans un train vers Buchenwald. Elie y demeurera jusqu’en avril 1945 parmi 900 orphelins : Nous qui venions d’Europe de l’Est ne voulions pas retourner chez nous. Nous savions que nous n’y avions plus rien. Pour mon oncle, chirurgien à l’hôpital Rothschild à Paris, je pouvais entrer dans une vie normale. Je n’étais pas de cet avis. L’Europe était souillée pour moi.

Voilà ensuite Elie confié parmi des centaines d’autres adolescents à L’OSE, Œuvre de secours aux enfants, importante organisation juive dont il sera plus tard un pilier.

Il passera ensuite près de sept ans dans une Palestine encore sous mandat britannique avant d’être érigée en État d’Israël puis deux ans dans un collège d’Oran avant de revenir s’installer à Paris.

Nous sommes en 1956. Le voilà en France, où il deviendra chirurgien orthopédique et épousera Etty Buzyn, psychanalyste de renom, .

Elie Buzyn finira par faire enlever chirurgicalement son tatouage de déporté,voulant effacer de sa mémoire ce traumatisme : Vous ne pouvez pas vivre si vous vivez avec ça tous les jours, dira-t-il.

Lorsque son fils âgé d’une vingtaine d’années lui dira sa volonté d’aller avec un groupe à Auschwitz voir où ses grands-parents paternels avaient disparu, Elie Buzyn se souvient avoir répondu à son fils : Si quelqu’un doit t’accompagner, c’est moi.

Dès lors, il considèrera comme un devoir de témoigner dans les écoles et à Auschwitz, où il emmènera ses enfants puis ses petits-enfants, une fois passé l’âge de quinze ans.

Il nous a quittés, convaincu à raison que tous ceux qu’il avait aidés à approcher l’horreur des camps allaient devenir à leur tour des témoins. Des témoins des témoins.

Sarah Cattan avec AFP

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*