Gérard Kleczewski. “On l’appelait Artem… Il s’appelle Amir”

Au théâtre comme au cinéma, il est des personnages hors normes dont on comprend instantanément pourquoi on a écrit sur eux, pourquoi on a réalisé un film sur leur vie ou mis en scène une pièce les concernant.

Alfred Nakache est de ceux-là. On a beau le connaitre et connaitre son histoire à la fois magnifique et terrible – c’était mon cas, notamment après avoir vu un soir à la télévision le magnifique documentaire à son sujet de Christian Meunier, avec un texte lu par Pierre Arditi – la pièce “Sélectionné” (quel titre à double sens !) à laquelle j’ai assisté récemment au Théâtre Edouard VII fût un moment intense d’émotion brute et continue. Une parenthèse hors du temps qui doit sa puissance au texte de Marc Elya, à la mise en scène brillante de Steve Suissa, à la mise en lumière de l’incroyable et ingénieux Jacques Rouveyrollis…

Mais aussi, et on serait tenté de dire surtout, à la performance d’un débutant au théâtre, même si on du mal à le croire : Amir Haddad, plus connu sous son nom de chanteur Amir.

A la clé, un long monologue à l’interprétation puissante et fiévreuse, pour un moment saisissant et poignant de transmission. Un moment qui dit tout, sans pathos excessif, sur cette douleur qui reste à vif, sur ce « passé qui ne passe pas » de la Shoah. Cette Shoah dont Alfred Nakache est revenu presque par accident, tandis que sa femme Paule et leur fille étaient éliminées à Auschwitz.

Un moment qui nous dit tout, sans artifices, de ce juif français de Constantine passé en quelques jours de la gloire dans son sport (la natation) au néant des camps de Drancy puis d’Auschwitz avant son retour en France et sa résurrection dans les bassins.

Sur scène Amir est un « Artem » (petit poisson en russe) saisissant, et pas seulement parce qu’il y aurait une ressemblance physique avec Alfred Nakache. Avec lui, nous y sommes : des JO de Berlin en 1936 sous les yeux d’Adolphe Hitler aux JO de Londres quelques mois seulement après son retour de Buchenwald qui a suivi la « marche de la mort », en passant par l’horreur concentrationnaire et la cruauté des hommes transformant d’autres hommes en bêtes…

Si je vous en parle aujourd’hui c’est pour vous inciter à réserver sans attendre votre place au Théâtre Edouard VII, d’autant plus que la pièce qui aurait dû s’arrêter début juin a été prolongée d’un mois !

Si je vous en parle aussi c’est qu’Alfred Nakache mériterait d’être plus connu, quand bien même des piscines ou des centres nautiques, comme celui de Belleville, portent son nom. Quand bien même il a été nommé en mai 2019 à l’ISHOF, l’International Swimming Hall of Fame, de Fort Lauderdale (Floride), comme Alex Jany et Jean Boiteux qui furent les amis et collègues de bassin d’Alfred à Toulouse. Et comme Mark Spitz, l’un des plus grands nageurs de tous les temps avec ses 7 médailles aux JO de Munich 72, à l’heure où les terroristes de septembre noir prenaient en otage puis massacraient onze athlètes israéliens…

Si je vous en parle enfin c’est pour vous conseiller de découvrir Amir Haddad sur scène. Car on a beau l’aimer infiniment en tant que chanteur, on l’aime tout autant en tant que comédien !

Gérard Kleczewski

Gérard Kleczewski est Citoyen et Journaliste

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