Le port de signes distinctifs principal facteur de risque associé à une agression antisémite

En 2016, après l’agression à Marseille d’un enseignant juif portant une kippa, le président du consistoire israélite de la ville appela ses coreligionnaires à ne plus porter ce couvre-chef, « jusqu’à des jours meilleurs ». En l’espèce, les données recueillies dans le cadre de cette enquête montrent que le port de signes distinctifs apparaît comme étant le principal « facteur de risque » associé aux agressions : 70% des personnes interrogées portant des signes distinctifs ont déjà été insultées (systématiquement ou souvent4), contre 39% de ceux qui en portent rarement ou jamais. L’écart est plus marqué encore en ce qui concerne l’exposition à des menaces d’agression physique (39% contre 13%).

Les signes religieux portés par les femmes sont souvent plus discrets que ceux portés par les hommes, et ils sont surtout moins distinctifs. Autrement dit, le port de la kippa s’accompagne d’une identification presque automatique dans l’espace public, ce qui n’est pas toujours le cas des signes distinctifs portés par les femmes. Nous avons ainsi analysé les résultats plus spécifiquement sur la base des hommes portant des signes distinctifs, sachant que ces signes ne se limitent pas à la kippa, le plus visible, mais incluent aussi d’autres signes beaucoup plus discrets comme le port d’un pendentif avec l’étoile de David. Les données montrent que ces derniers sont encore plus largement concernés par les agressions : 38% indiquent ainsi avoir déjà été agressés physiquement. On comprend donc que les personnes portant des signes exprimant l’appartenance à la religion ou à la culture juive sont surexposées aux actes antisémites et, de fait, beaucoup plus concernées par les agressions les plus graves. De plus, l’analyse des données montre que le modus operandi n’est pas le même dans le cas d’une agression visant un Juif portant des signes distinctifs. Il ressort de notre enquête que ces agressions antisémites se déroulent le plus souvent dans la rue (68%) et dans les transports en commun (57%), alors qu’à l’inverse les violences perpétrées contre des personnes de confession ou de culture juive ne portant pas de signes d’appartenance religieuse se déroulent surtout au sein des établissements scolaires (57%).

Dans notre précédente étude de novembre 2019, nous avions mis en lumière le fait que les jeunes Français juifs sont les plus exposés à l’antisémitisme. Les 18-24 ans sont ainsi 63% à déclarer avoir été victimes d’une agression verbale (contre 53%), 46% à déclarer avoir été victimes de menaces ou insultes sur les réseaux sociaux (contre 28%) et 26% à faire état d’une agression physique (contre 20%).

Plus globalement, 60% des victimes indiquent avoir été agressées à l’école (dont 42% à plusieurs reprises), un résultat en hausse par rapport à 2019 (54%), faisant de l’école le premier lieu d’exposition à des violences antisémites, devant les agressions dans la rue (50%), un chiffre en recul par rapport à 2019 (55%) – une baisse qu’il faut sans doute attribuer à un effet Covid-19 et aux différents confinements –, devant les réseaux sociaux (42%), l’environnement professionnel (41%) ou encore les halls d’immeuble (35%).

Les faits se déroulant au domicile des personnes concernées surviennent la plupart du temps au moment du shabbat. Ils concernent notamment les Juifs pratiquants (44%) qui s’interdisent d’utiliser les digicodes. La survenue d’agressions dans le cadre scolaire explique probablement pourquoi les jeunes sont davantage concernés que les plus âgés par les violences (26% des moins de 25 ans indiquent avoir été agressés physiquement, contre 11% des plus de 65 ans). Remarquons que les moins de 25 ans ont été scolarisés au début des années 2000, période qui correspond à la résurgence des actes antisémites en France.

Si les insultes, moqueries et menaces se déroulent avant tout à l’école et dans les espaces publics (pour les Juifs portant des signes religieux), les réseaux sociaux apparaissent aussi comme un espace d’exposition aux expressions de la haine antisémite. Ainsi, les faits antisémites rapportés par les personnes interrogées ont été observés en premier lieu sur les réseaux sociaux (48%). Par ailleurs, 28% des Français juifs indiquent avoir déjà été menacés sur les réseaux sociaux, une proportion qui atteint même 46% pour ceux âgés de moins de 25 ans. Notons, enfin, que si le lieu de travail n’est encore que peu pris en compte par les programmes de prévention de l’antisémitisme, il n’est pourtant pas épargné par l’expression de l’antisémitisme, comme le rapportent 41% des Français juifs interrogés.

Notre enquête met en lumière un phénomène majeur concernant la manière dont les Français juifs réagissent à l’antisémitisme lorsqu’ils en sont victimes, à savoir l’absence quasi totale de dépôt de plainte : quelque 80% des Français juifs déclarent ne pas avoir porté plainte à la suite d’une agression antisémite. Il est important de connaître ce chiffre car il constitue le principal biais dans la mesure du niveau réel de l’antisémitisme en France, puisque les données sur les actes antisémites relevés annuellement par le ministère de l’Intérieur, en concertation avec les statistiques recueillies par le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), ne prennent en compte que les dépôts de plainte.

Source : fondapol

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1 Comment

  1. Voyons voir…
    La plupart du temps ceux qui nous agressent, nous haïssant, éructent à ce moment des “Sales Juifs”… N’est-il point?
    Leur haine, à ce moment, est viscérale. Elle puise dans le “conte” pompé sur la Torah, aménagé par un scribe qui aurait recopié les insanités belliqueuses du fondateur de cette religion décapiteuse autant qu’amputatrice.
    Que nous sachions, c’est toujours, sous toutes ses formes, du Juif qu’il s’agit, et non point d’un sémite, descendant du fils de Noé, Sem. Ce dernier n’était même pas Juif, puisque le géniteur nominatif naitrait bien plus tard, Yehoudah, ce dernier donnant une tribu/lignée qui, elle, avec celle de Benjamin, établirait le royaume Juif, tandis que les “autres”, celui d’Ysraël, lors du schisme, après le règne de Salomon.
    Alors pourquoi s’enliser dans cette sémantique à 2 balles, délivrée par un auteur facétieux métaphorique du siècle dernier, ou même avant?
    Il s’agit d’antijuifs notoirs.
    y a-t-il un “semitisme”? Non !
    Judaïsme ? Oui !
    Mal nommer les choses, avait dit Albert…

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