Sarah Cattan. “Libérons l’islam de l’islamisme”, de Hassen Chalghoumi

Je lis de ci de là que cette veille de ramadan était le moment idéal pour lire le dernier ouvrage d’Hassen Chalghoumi, Libérons l’islam de l’islamisme, l’auteur, outre qu’il est l’imam de Drancy, étant “un homme de paix, un partisan acharné par le dialogue inter-religieux”.

J’ai pu lire aussi, le concernant, qu’il était … l’Imam préféré … des français.

N’en jetez plus. Ne venez pas rajouter qu’il est l’ami de Marek Halter et des Juifs dans leur grande majorité : Vous risqueriez d’accroître la menace concrète qui pèse sur lui, en faisant l’homme le plus protégé de France.

Lisez, mais Demandez-vous encore pourquoi cet homme admirable de courage n’est pas un interlocuteur privilégié du Palais, lequel préfère frayer avec des “officiels” aux fréquentations plus que discutables.

Cet Imam comme on aimerait en compter tant, ce Républicain, ce fervent défenseur de la laïcité dresse ici, en 8 chapitres, l’état des lieux, parcourant à raison l’histoire de l’Islam sans le regard islamiste et se proposant de nous prouver que le Prophète, invoqué malhonnêtement par les islamistes, n’a pas à endosser la responsabilité de tout ce qui a pu se passer après lui : Ce n’est que bien après que des lois ont été mises en place par des pouvoirs se réclamant du Coran afin d’instaurer des punitions qui interdisent toute liberté de pensée.  

Et de revenir à la fermeture des portes de l’ijtihad proclamant que l’interprétation du Coran était close et figeant de facto toute possibilité d’analyse nouvelle. La légende de la fermeture des portes de l’ijtihad, qui ne profite qu’aux islamistes les plus virulents, est, nous dit l’auteur, en contradiction avec le Coran qui appelle à méditer, réfléchir, se remettre en question, pour adorer Dieu en restant éclairés par la science, à confronter nos opinions, à tirer parti de nos divergences et différences, à exploiter la richesse de la pluralité.

Constatant que ce qui concerne la philosophie de Lumières est méconnu de beaucoup de musulmans, il appelle à poursuivre le travail de ces nobles devanciers qui avaient commencé à critiquer le culte pour laver la religion de tous les ajouts infondés de l’histoire et des hommes.

Enseigner le sacré tout en autorisant la critique

La langue arabe et l’islam n’appartiennent pas aux islamistes, écrit-il en disant son amour pour celle qui fut la langue de la culture et de l’art chez tous les peuples arabes, quelle que soit leur religion, et appelant à enseigner le sacré tout en autorisant la critique.  

Des pistes pour dégager l’islam de ses carcans

Après avoir loué la laïcité, “cette chance pour les musulmans de France, libres de croire et ne pas croire”, moqué “la victimisation cool d’un Belattar” qu’il qualifie de “militant avide de faire disparaitre ses opposants”, et dénoncé “ce Zemmour pour qui un islamiste n’est qu’un musulman pressé”, mais encore le collectif d’extrême droite Cheikh Yassine et l’antisémitisme obsessionnel d’un Sefroui qui lui reproche d’être devenu “l’instrument du CRIF”, après avoir loué la tolérance maçonnique, cet homme qui paye cash et fort cher ses convictions dresse un certain nombre de pistes pour dégager l’islam de ses carcans, et notamment de l’amalgame nauséabond avec l’islamisme, à commencer par la fermeté éducative,  la lutte contre l’identité virile et contre la ségrégation spatiale des femmes, dénonce les faux dires attribués au prophète pour opprimer les femmes, en appelle au  rôle fondamental des femmes, “cœur du combat contre l’islamisme”, “Espoir de transformation des musulmans”, et affirme avec force qu’il faut condamner sans réserve le port du voile pour les filles mineures au nom même de la liberté de choix, – Un passage intime nous parle de ces femmes sans qui l’auteur ne serait rien : sa mère, sa femme, ses trois filles et son fils, qu’il a tous installés à l’étranger par sécurité-, et en appelle à la culture pour “sortir du ghetto mental”, passage important où il s’en prend au rap des cités qui véhicule les pires pensées et peut recouvrir une idéologie extrémiste.

L’autocritique doit devenir musulmane et remplacer la critique des autres

Comment ne pas saluer encore ce chapitre qui demande que l’autocritique devienne musulmane en remplaçant … la critique des autres.

Voilà venu le temps où notre imam recense ces signes qu’il qualifie de “lueurs d’espoir dans le monde musulman”, et où figurent en bonne place ses amis du Moyen-Orient et les Accords d’Abraham, avant de répéter fortement la nécessité de créer “un islam de France sans influence étrangère” et que pourrait gérer, en partenariat avec la faculté de Strasbourg,  l’Institut de formation de l’islam de France qu’il créa et d’opposer définitivement les Frères musulmans, les Salafistes et … les imams républicains.

Des tacles, et des exhortations

“Le bilan du CFCM : Rien. Eric Zemmour, ce danger pour la république. Le danger des extrêmes” font partie des tacles assénés, et “l’amour de la France,  l’Appel à une prière en faveur de la France dans les mosquées, l’invite à un islam amoureux de la patrie française” font partie de ces exhortations, avant qu’une annexe consacrée à une “Chronologie de l’islam” ne vienne clore l’ouvrage salutaire autant que courageux de cet Homme de paix qui nous dit avoir été séduit par l’esprit de Gandhi et les lumières d’un Averroès et demande aujourd’hui aux musulmans de libérer l’islam de l’islamisme.

Libérons l’islam de l’islamisme. Quand la laïcité protège les religions de l’extrémisme. Hassen Chalghoumi. Hugo Doc Editions

Hassen Chalghoumi,  Imam de la mosquée de Drancy, est le Président de la Conférence des imams de France. Il est connu pour être un adversaire de l’antisémitisme et de l’islamisme : plusieurs fatwas ont été portées contre lui.

Sarah Cattan

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