René Seror. La discrétion de Bennett versus l’esbroufe de Macron

Visite surprise de Bennett.

Bennett est le premier dirigeant étranger à être reçu à Moscou depuis le début de la guerre.

Qu’est-ce qui est le plus inattendu?  Que Naftali Bennett aille au Kremlin ou qu’il y aille le samedi,  jour du Shabbat!

Je commencerai donc par le blâme.

Certes, il a eu Poutine au téléphone vendredi.

Il serait parti dimanche, je ne suis pas sûr que ça aurait changé quelque chose.

Passons au satisfecit.

Le premier ministre Israélien est un juif observant,  mais comme il s’agit de sauver des vies, Pikouah Nefech, il s’est autorisé à prendre l’avion ce jour-là. Il y a même vu une obligation morale.

Israël a de bonnes relations avec la Russie d’où proviennent 20 % des Israéliens et encore meilleure avec l’Ukraine où subsiste une importante communauté.

Israël a condamné l’invasion à l’ONU mais refuse de se joindre aux sanctions.

Bennett se garde de dénoncer l’offensive et laisse son ministre des affaires étrangères, Benny Gantz, s’indigner à sa place.

C’est une position d’équilibriste!

Totalement avec l’Amérique,  mais pas contre la Russie.

Une position souveraine,  dicté par l’intérêt national.

Israël fait la guerre à l’Iran en Syrie! Israël a besoin de l’accord tacite des Russes qui y sont déployés en force pour frapper le Hezbollah.

Naftali Bennett vient de passer trois heures avec Poutine.

Il a ensuite eu trois fois Volodymyr Zelensky au bout du fil.

Bien malin celui qui peut révéler un mot de ces entretiens.

C’est prudent!

C’est même encourageant!

C’est un sans-faute!

Le PM a reçu les félicitations et même la bénédiction de ses pairs.

Nul doute qu’il va continuer la médiation en restant modeste.

C’est normal!

La guerre et la paix, c’est le quotidien pour les Israéliens.

Il est le premier dans cette affaire à prendre au sérieux la tragédie sans encourager l’émotion qui bouleverse les opinions publiques.

L’émotion en l’occurrence,  c’est la sympathie que suscite la résistance ukrainienne et l’angoisse que fait naître la guerre.

Mais la guerre réclame du sang-froid.  

On compare Zelensky à Churchill.

Churchill a passé sa vie à écrire des discours, avec lesquels il enflammait les Britanniques en leur promettant de la sueur et des larmes.

Le président ukrainien prépare des vidéos improvisées qui font battre le cœur de l’Ukraine.

Il y a une grande différence entre les deux hommes.

Churchill a essuyé défaite sur défaite, en Afghanistan, aux Dardanelles,  avant de tenir tête à Hitler. 

Lui, savait ce qu’était capable de faire un canon.

Il savait la différence entre Vouloir et Pouvoir!

Alors que Zelensky fait du stand up en réclamant l’impossible.

Il a voulu d’abord adhérer à l’OTAN,  ce qui aurait entraîné la troisième guerre mondiale.

Il demande à intégrer l’union européenne tout de suite et c’est pareil.

Il veut l’interdiction du survol de son espace aérien.

Qui pourrait faire respecter ces exigences,  sinon les occidentaux?

En ont-ils envie?

En ont-ils le pouvoir?

Il réclame des avions de chasse!

L’UE se dit prête à livrer des Mig. Des avions de chasse qui sont en service dans les armées polonaises,  Bulgares ou Slovaques. Aucun de ces pays n’a envie de donner le prétexte à la Russie pour lui déclarer la guerre. 

On comprend l’amertume, l’angoisse et la solitude de Zelensky. Il reproche à ses voisins de l’abandonner et c’est injuste, étant donné l’accueil des réfugiés, l’aide militaire,  la dureté des sanctions.

On en vient à se demander si quelqu’un parle un langage de vérité au président ukrainien, en dehors de Naftali Bennett, le prudent,   qui connaît la guerre, et surtout les sacrifices qu’elle impose…

Est-ce qu’il y a un adulte pour arracher aux russes et aux ukrainiens un compromis,  une trêve tant qu’il est encore temps.

Aussi, saluons la discrétion des discussions menées par Naftali Bennett avec Moscou.

Opposons-les à l’absence de discrétion, aux mises en scène et à l’esbroufe des conversations d’Emmanuel Macron, toutes destinées à se valoriser pour l’élection présidentielle.

Citation:

Le bon intermédiaire est celui qui sert avec Précision et se sert avec Discrétion.

© René Seror

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