Islam et Liberté d’expression, est-ce (encore) le problème ?

“Je dis aux islamistes que je ne me tairai pas”, martèle sur RTL Amine Elbahi

Gilles FALAVIGNA

Le documentaire zone interdite de M6 sur la radicalité musulmane à Roubaix est-il un révélateur de notre société ? Les protagonistes de l’émission, la journaliste Ophélie Meunier et le militant Amine Elbahi sont sous protection policière.

Être sous protection policière n’est pas anodin. Cela signifie que les menaces explicites sont prises au sérieux par les autorités et il est question de décapitation. Que les menaces soient prises au sérieux signifie que les personnes qui les profèrent sont en mesure de passer à l’acte.

Un des principes de sûreté veut que le risque zéro n’existe pas. En conséquence, nous devons vivre avec ce risque et, quelques soient les mesures prises pour l’empêcher, il peut survenir. Cela signifie qu’il est inutile de protéger plus que nécessaire.

Être sous protection policière signifie que sans elle, l’attaque et en l’occurrence le meurtre, est probable.

Le Service de Protection (SDLP) évalue la menace par rapport au risque. Il n’est pas besoin de le demander pour être sous protection. Environ 150 personnes sont sous protection policière pour risque terroriste. (1) Le risque est devenu danger et cela ne concerne pas les « hautes personnalités ». Ce sont des gens ordinaires, tels Mila ou Tanguy David.

Ces personnes doivent vivre sous protection pour avoir critiqué l’Islam.

Peut-on ou non critiquer l’Islam ?

C’est un sujet de société. L’Islamophobie est-elle de la « haine », sentiment interdit, ou une liberté d’expression ?

L’Islamophobie est définie, par la Commission Nationale des Droits de l’Homme, (CNCDH) comme une attitude d’hostilité systématique, définition validée par l’Union Européenne. Mais l’Islamophobie a ceci de particulier que le sens et sa charge étymologique pourraient être retenus. Islamophobie signifie peur de l’Islam et cette peur justifierait l’hostilité à son égard.

Critiquer l’Islam doit se faire en connaissance de cause et surtout de conséquences ! Se faire l’avocat du diable permet de mesurer le problème pour cerner l’objet particulier.

Pour revenir au documentaire de Zone interdite, le juriste Amine Elbahi dans des propos au Figaro (2), rappelle qu’il est question de séparatisme et que la situation ne peut pas surprendre tant elle est connue.

Pour les « intellectuels » défenseurs zélés de l’Islam, l’Islamophobie serait du racisme car le trait racial prédominerait la réalité musulmane de l’individu incriminé. La logique serait raciale et non théologique.

A ce titre, il sera intéressant de retenir cette position de Nasar Meer, professeur à l’université d’Edimbourg (3), pour qui le terme d’Islamophobie ne concerne pas l’Islam mais les Musulmans. C’est en cela que l’Islamophobie serait du racisme.

La question de liberté d’opinion, pour s’opposer à l’Islam, n’aurait alors pas de légitimité puisque qu’il est connu que la racisme n’est pas une opinion mais un délit.

Pour autant, lors des débats sur les attentats islamistes, les mêmes viennent systématiquement rappeler que des « Européens et Français de souche » font partie des Jihadistes. L’argument de l’Islamophobie raciste est donc à géométrie variable.

Pour ce qui est de l’Islam, l’argument de la Gauche bien-pensante qui s’est emparée de la défense de la minorité musulmane, organise son discours en mettant en avant l’ignorance des gens envers la religion de paix et d’amour. Cette ignorance justifie du qualificatif de préjugé envers l’Islam.

La mécanique est toujours la même : après la condescendance vient l’agressivité et le refus de discuter. Il y a culpabilisation et la violence du discours veut signifier le conformisme sociétal, forme de Léviathan puisé chez Hobbes.

Pour autant, les gens en face se réfèrent à leur vécu d’insécurité de frustration et de peur en témoignage d’ignorance. Pour autant, l’Islam ne se caractérise pas par sa non-violence.

Une minorité ne signifie ni être opprimée ni même ne pas être dominante.

C’est la réalité fondamentale de la Takiyya, désormais très connue, attitude de dissimulation en situation de faiblesse mais qui libère sa vraie nature quand elle ne l’est plus.

Les réactions suite au documentaire sur Roubaix sont différentes des menaces précédentes. Charlie Hebdo, Samuel Paty et tant d’autres ont été exécutés pour avoir critiqué l’Islam ou simplement osé un point de vue qui pourrait être interprété pour une critique.

Le documentaire de M6 ne critiquait ni l’Islam, ni les Musulmans. Il faisait état d’une situation. On en appelle encore à la liberté d’expression. Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit. Il n’est pas question d’une opinion.

L’émission Zone Interdite n’aura jamais aussi bien porté son nom. Le sujet était le séparatisme et le territoire en question est sous la terreur. La liberté d’expression n’est plus le problème. Le problème est celui d’un rapport entre dominant et dominé et de savoir qui est le dominé. La réponse est simple : celui qui a besoin de protection est le dominé.

(1) https://www.police-nationale.net/sdlp/

(2) https://www.lefigaro.fr/vox/societe/amine-elbahi-roubaix-est-devenu-le-symbole-de-la-faiblesse-de-l-etat-face-a-l-islamisme-20220131

(3) « L’islamophobie, un racisme à l’égard des Musulmans européens », Hommes & migrations, 1324 | 2019, 11-16

Par Gilles FALAVIGNA

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