Les députés unanimes votent la restitution d’œuvres d’art aux ayants droit de familles juives spoliées par les nazis

La spoliation était «la négation de l’humanité (de ces familles juives), de leur mémoire, de leurs souvenirs», a souligné la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. (Photo, AFP)

L’Assemblée nationale unanime a voté hier mardi 25 janvier un projet de loi en vue de la restitution de 15 œuvres d’art, dont “Rosiers sous les arbres” de Gustav Klimt et “Le Père” de Marc Chagall, aux ayants droit de familles juives spoliées par les nazis. Face à ces ayants droit, présents en tribune, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a salué un texte “historique”, validé sous les applaudissements par 97 voix : La spoliation était “la négation de l’humanité -de ces familles juives-, de leur mémoire, de leurs souvenirs, a souligné la ministre, à l’unisson des orateurs de tous les parlementaires, lesquels, de à droite, se sont félicités d’une “action juste” avec ces restitutions qu’il faudrait “accélérer”. La ministre s’est d’ailleurs déclarée favorable à une prochaine “loi cadre” pour le permettre malgré “la complexité des dossiers”.

«Rosiers sous les arbres» de Klimt a été acquis par le musée d’Orsay en 1980. Nora Stiasny avait dû le vendre à un prix dérisoire lors d’une vente forcée à Vienne en 1938, avant de mourir en déportation. (Gustav Klimt)

Le texte doit être adopté définitivement par le Sénat le 15 février.

L’œuvre « Bateaux sur une mer agitée près d’une côte rocheuse » va être rendue aux héritiers d’un couple de Juifs spoliés pendant l’Occupation de la France par les nazis, a rapporté le journal Les informations dieppoises.

Emotion et Gravité régnaient hier au sein de l’Assemblée nationale.

Parmi les 15 œuvres se trouve de Gustav Klimt, conservé au musée d’Orsay, et seule œuvre du peintre autrichien appartenant aux collections nationales françaises, qui fut acquis en 1980 par l’État chez un marchand. Des recherches ont permis d’établir qu’il appartenait à l’Autrichienne Eleonore Stiasny, qui le céda lors de l’Anschluss et d’une vente forcée à Vienne en 1938, lors, avant d’être déportée et assassinée.

Onze dessins et une cire conservée au musée du Louvre, au musée d’Orsay et au musée du Château de Compiègne, ainsi que “Carrefour à Sannois”, tableau d’Utrillo conservé au musée Utrillo-Valadon, font également partie des restitutions prévues.

Enfin, “Le Père”, de Chagall, conservé au Centre Pompidou et entré dans les collections nationales en 1988, a été reconnu propriété de David Cender, musicien et luthier polonais juif, immigré en France en 1958.

Pour info : pour 13 des 15 œuvres, les ayants droit ont été identifiés par la CIVS ou Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations, créée en 1999.

C’est la première fois depuis l’après-guerre que le gouvernement engage un texte permettant la restitution d’œuvres des collections publiques qui ont été «spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale ou acquises dans des conditions troubles pendant l’Occupation (nazie) en raison des persécutions antisémites.

Quelque 100 000 œuvres d’art auraient été saisies en France durant la guerre 1939-1945, selon le ministère de la Culture. Quelque 60 000 biens ont été retrouvés en Allemagne à la Libération et renvoyés en France. Parmi eux, 45 000 ont été restitués à leurs propriétaires entre 1945 et 1950.

Environ 2 200 biens ont été sélectionnés et confiés à la garde des musées nationaux au titre d’œuvres MNR et pourront être restituées par simple décision administrative. Le reste, soit 13 000 œuvres, a été vendu par l’administration des Domaines au début des années 1950, faisant que de nombreuses œuvres spoliées circulent … sur le marché de l’art.

Avec AFP

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