Quand Albert Cohen fustigeait Les Nations Unies. Qui a fait mieux?

« Désireux de briller devant le boss silencieux, ces messieurs s’en donnaient à cœur joie et improvisèrent avec feu, évoquant dans l’étrange langage du Secrétariat « les situations à explorer », « l’agrément général à rechercher sur la partition des responsabilités tant organisationnelles qu’opérationnelles », « les divers modes d’approche du problème », « les achèvements des institutions spécialisées », « les facilités à obtenir des gouvernements en faisant appel à leur esprit coopératif », « les expériences passées supportant largement l’urgente nécessité d’une action concrète », « les évidences à fournir sur l’utilité du programme envisagé », « les difficultés pratiquement inexistantes », « les encourageants discours récemment délivrés au Conseil ». Et ainsi de suite, le tout entrelardé de propositions confuses et contradictoires, consciencieusement notées par la sténographe qui n’y comprenait rien car elle était intelligente.

Soudain, il y eut un silence. On avait remué tant de vase qu’on ne savait plus où on en était et ce qui avait été décidé. Maxwell sauva la situation en proposant l’habituelle solution de paresse, à savoir « la constitution d’un groupe de travail qui explorerait la situation et présenterait, à une commission ad hoc, à constituer ultérieurement et composée de délégués des gouvernements, un avant-projet spécifique de propositions concrètes constituant les grandes lignes d’un programme à long terme d’action systématique et coordonnée en faveur des buts et idéaux de la Société des Nations ».

Albert COHEN, Belle du Seigneur (1968), Folio 3039, 1998, p. 329-330

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