Arnaud Pagès. Portrait de Charles Rojzman, Fondateur de la Thérapie sociale et de l’Institut Charles Rojzman

Portrait de Charles Rojzman

L’ADN Le Shift est le collectif de L’ADN, son prolongement humain. Il est né d’une volonté de faire naître d’authentiques conversations, de créer des relations durables et de nous donner les moyens d’agir ensemble. Ses membres veulent penser, encourager et écrire collectivement le grand récit de la transition écologique. Avec ces portraits, nous leur donnons la parole.

Pour transformer la société, il apparaît aujourd’hui nécessaire de prendre en compte les dysfonctionnements qui empêchent, à un niveau personnel comme collectif,  la réduction de la violence. Fort de ce constat, Charles Rojzman donne la possibilité à chacun de mieux vivre avec les autres grâce à une méthode thérapeutique originale et transdisciplinaire.


Il a la sagesse et la force tranquille de ceux qui ont vécu. Après des études et des recherches en littérature, psychothérapie, psychologie, sociologie et anthropologie, Charles Rojzman a inventé, au début des années 80, la « thérapie sociale » , pour favoriser la coopération entre les êtres humains et les pratiques démocratiques. À 79 ans, il développe depuis plus d’une décennie cet outil curatif hors norme au sein de l’institut qui porte son nom et qu’il a cofondé avec Nicole et Igor Rothenbühler, afin d’œuvrer à la réconciliation des individus entre eux.

Comment fonctionne la thérapie sociale que vous avez mise au point ?

Charles Rojzman : C’est une méthode originale et transdisciplinaire qui vise à prévenir la violence. C’est une sorte de psychologie politique. Je l’ai expérimentée d’abord dans les banlieues françaises, puis ensuite à l’étranger dans différents pays qui traversaient des épisodes de conflits sociaux. C’est un processus qui amène les gens à mettre en place une relation de confiance afin qu’ils puissent aborder ce qui les divise en sortant des fantasmes réciproques , que ce soit la victimisation ou la persécution. L’objectif est qu’ils arrivent à parler de leur réalité, de ce qu’ils vivent, de ce qu’ils savent, afin de créer une intelligence collective qui leur permettra de résoudre leurs problèmes communs. Nous avons créé plusieurs écoles et nous formons des intervenants en France, en Suisse, en Allemagne, en Italie, aux États-Unis et au Rwanda.

Votre méthode a pour base le dialogue et la discussion, comme en psychothérapie et en psychanalyse ?

C. R. : En effet. C’est une forme de psychothérapie collective qui tient compte à la fois de l’histoire des individus et de leur environnement social et politique, mais aussi de l’époque dans laquelle ils vivent. La nôtre est sujette aux crises, ce qui crée beaucoup de peurs, de violences, de rejets et de divisions.  C’est ce qu’on observe actuellement en France. Notre pays est profondément fracturé. Il y a de réelles difficultés à faire société. C’est le cas à peu près partout ailleurs.

Quels résultats obtenez-vous ?

C. R. : Le résultat est que les gens arrivent à parler sincèrement de leur réalité et de leurs problèmes. Cela leur donne le pouvoir de changer leur existence. En fait, c’est une formation à la vie démocratique. Ceux et celles qui la suivent apprennent à regarder ce qu’ils sont et ce qu’ils font, et à prendre leurs responsabilités pour arriver à se confronter aux autres et à les écouter afin de pouvoir, ensemble, échanger de véritables informations sur le réel. Ce n’est pas simplement une mise en présence ou un dialogue. Il y a un processus progressif que j’ai inventé, qui est thérapeutique et qui, petit à petit, amène les gens à se montrer tels qu’ils sont et à dire la vérité sur ce qu’ils vivent, tout en étant capables de ne pas être d’accord avec les autres sans violence. Ce sont des gens qui sont parfois des ennemis, ou qui appartiennent simplement à des milieux différents.

Comment expliquez-vous que la société française soit aujourd’hui aussi divisée ?

C. R. : Nous vivons une Nous vivons une époque caractérisée par plusieurs crises… Il y a une crise du travail et de la position dans la société avec une crainte de précarisation et de chute sociale. Il y a une crise du sens qui crée du nihilisme ou du fanatisme. Il y a une crise du lien qui génère de la xénophobie et du racisme. Il y a une crise de l’autorité qui engendre des formes de rébellion ou des épisodes d’autoritarisme. C’est observable partout, dans les familles, dans les écoles, dans les entreprises, dans toutes les organisations.

Le dialogue social a pour objectif de trouver les raisons qui engendrent ces dysfonctionnements et d’essayer de les guérir, comme on peut le faire avec un individu en thérapie, c’est-à-dire par une prise de conscience et une incitation au changement.

Il faut également prendre en compte la crise environnementale ?

C. R. : Certes. Elle est le produit des désordres actuels et la conséquence des différentes pathologies sociales que sont la dépression, qui est l’absence de projets et d’initiatives, la sociopathie, caractérisée par un égoïsme généralisé, et la victimisation où chacun rejette la faute sur les autres… Tout ceci a pour résultat l’état dans lequel se trouve le monde actuellement.

Face à des sociétés qui dysfonctionnent à ce point, il apparaît donc nécessaire de les soigner ?

C. R. : Exactement. Et comme chez les individus, il y a des degrés et des différences dans la maladie. L’Occident est plutôt dépressif et sociopathique  alors que le Moyen-Orient et l’Afrique sont plutôt dans la victimisation et la paranoïa. Évidemment, ce sont des généralités… Dans la plupart des sociétés actuelles, il existe des pathologies sociales qui se traduisent par des relations interpersonnelles et collectives marquées par la violence.

Il y a néanmoins de l’espoir. Je travaille avec des groupes et je vois comment, très vite, les gens reprennent courage, apprennent à écouter les autres et à se remettre en question. Je vois le potentiel de progrès qui existe chez les êtres humains, de même que dans les sociétés.

Votre grand projet pour 2022 ?

C. R. : Il concerne surtout la France. Il consiste à essayer de rassembler les citoyens de ce pays. Les gens ne se connaissent plus, ne se rencontrent plus, ne se parlent plus. Mon rêve pour 2022 serait de réconcilier la majorité des Français autour d’un projet collectif.

À consulter :  

https://www.institut-charlesrojzman.com/fr


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