Solidarité arabe et réfugiés, par Michèle Mazel

Tandis qu’en Europe on se préparait à réveillonner, une petite embarcation sombrait en mer Egée avec ses passagers, des Syriens partis de Turquie dans l’espoir d’atteindre la côte italienne.   

Une tragédie devenue si quotidienne – cinq personnes par jour selon les statistiques de ces dernières années – qu’elle ne suscite guère de réaction à part celle des états se barricadant derrière leurs frontières pour leur barrer la route. Des réfugiés, le monde hélas en a tant connu en cent ans ! Il ne s’agit pas seulement de la vieille Europe, et des ravages créés par deux guerres mondiales . 

Il y a eu le choc de la partition en Inde en 1948 avec des transferts de population touchant des centaines de millions d’hommes. Au même moment les conflits du Proche Orient jetaient 800 000 Juifs sur le chemin de l’exil, dépouillés de tout même de leur droit à la nationalité des pays où ils vivaient depuis des siècles. Ils ont connu des jours difficiles avant de refaire leurs vies grâce au soutien sans faille des organisations juives un peu partout dans le monde et en Israël.   

Les réfugiés arabes de ce même conflit, estimés à moins de 800 000, n’ont pas eu la même chance. La solidarité n’a pas joué. Leurs frères des pays voisins, Musulmans comme eux et parlant la même langue, loin de les accueillir à bras ouverts, leur ont tourné le dos et les ont parqués dans des camps où ils se trouvent toujours après plus de trois-quarts de siècle, dépendant des subsides de l’UNWRA, cette organisation créée par l’ONU en 1949 pour les aider à se réinsérer .

Il y en a au Liban, en Syrie, en Jordanie et bien entendu dans les territoires de l’Autorité palestinienne. Il ne viendrait pas l’idée aux potentats du Golfe dans leurs fastueux palais des mille et une nuit, de consacrer une minuscule, une infime partie de leurs immenses richesses à secourir leur détresse.   

 Mais ce ne sont pas ces réfugiés qui tentent la traversée de tous les périls à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Ce sont d’autres arabes, des Syriens, des Afghans, des Irakiens, ou encore des Africains venus de pays de l’Islam. 

Les uns fuient la violence, la guerre avec son cortège de bombardements et de massacres ; les autres la misère, la faim et le manque d’espoir. Ils sont prêts à tout tenter – à donner le peu d’argent dont ils disposent à des trafiquants arabes comme eux qui leur demandent des sommes exorbitantes mais tiennent rarement leurs promesses  ; au terme de longs et dangereux périples, ils en sont réduits à faire confiance  à des passeurs douteux qui les entassent dans des embarcations de fortune, vieux rafiots,  ou même  bateaux gonflables, souvent sans gilets de sauvetage ou provisions.

Ils doivent alors risquer leur vie à travers une mer souvent démontée, dans l’espoir d’arriver à ce pays de cocagne qu’est l’Europe à leurs yeux.   

Ils ne savent pourtant que trop bien que leurs coreligionnaires  déjà installés sur le vieux continent où ils seraient dit-on déjà des dizaines de millions ne leur viendront pas en aide. 

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Michèle Mazel pour Dreuz.info.

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