Le moment est venu pour une lune de miel israélo-marocaine, même si elle pourrait ne pas durer éternellement

Professeur Efraim Inbar

Président de l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité.

Si Israël ne parvient pas à stopper les progrès nucléaires de l’Iran, la tendance pro-israélienne dans la région disparaîtra.

14.12.2021 המאמר בעברית Partager sur TwitterPartager sur Facebook

Peu de temps après l’annonce des accords d’Abraham en 2020, le président américain de l’époque, Donald Trump, a annoncé qu’un quatrième pays arabe – le Maroc – établirait bientôt également des relations diplomatiques complètes avec Israël.

En retour, Washington reconnaîtrait la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, prenant son parti dans un conflit de longue haleine avec l’Algérie.

Bien que le Maroc ait envoyé des forces pour lutter contre Israël lors de la guerre des Six jours de 1967 et de la guerre de Yom Kippour en 1973, il est devenu ces dernières années un État arabe modéré en ce qui concerne l’État juif.

Les deux nations coopèrent depuis des années dans divers domaines, notamment en matière de sécurité et de renseignement. Et contrairement à de nombreux autres pays arabes, le Maroc a traité sa communauté juive avec tolérance. De plus, il reconnaît officiellement le patrimoine juif au Maroc comme faisant partie de sa mosaïque culturelle.

L’accord de normalisation a été signé en décembre 2020, qui comprenait une coopération économique et diplomatique et des vols directs entre Rabat et Tel-Aviv.

Les deux pays entretenaient des relations diplomatiques déjà en 1995, mais elles ont été rompues lors de la deuxième Intifada qui a commencé en 2000. Néanmoins, le Maroc a autorisé les touristes israéliens et les relations bilatérales se sont poursuivies loin des yeux du public.

Après la normalisation, de nombreux domaines de coopération se sont ouverts. Israël est une denrée prisée dans le monde en raison de ses réalisations impressionnantes dans les domaines de l’agriculture, de la médecine, de l’ingénierie hydraulique, des communications et de la cybersécurité, qui peuvent toutes profiter au Maroc.

Le mois dernier, le ministre de la Défense Benny  Gantz s’est rendu au Maroc  et a signé un accord de coopération en matière de sécurité pour favoriser le dialogue militaire continu, les achats de défense et l’échange de renseignements entre les deux pays. Cette visite, largement médiatisée au Maroc et à l’étranger, démontre que les liens entre Jérusalem et Rabat se renforcent.

Le Maroc joue un rôle vital au Moyen-Orient et en Afrique en particulier. La prétention de sa famille royale à être descendante du prophète musulman Mahomet lui confère une influence particulière parmi les pays arabes. Les liens croissants avec Jérusalem permettront à d’autres nations arabes de faire de même.

Le Maroc soutient du bout des lèvres le paradigme des deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Pourtant, son comportement signale que la question palestinienne n’est pas un obstacle à ses relations avec Israël. De plus, le Maroc, membre respecté de l’Union africaine, influence les États musulmans d’Afrique subsaharienne, ce qui pourrait être utile à Israël.

Le Maroc se considère comme jouant un rôle dans la défense des lieux saints musulmans de Jérusalem. La relation naissante avec Israël confère une légitimité au statu quo à Jérusalem qui préserve le contrôle d’Israël sur la partie orientale de la ville et le mont du Temple. Comme d’autres capitales arabes, Rabat ne voit pas d’un bon œil les aspirations palestiniennes à s’emparer des lieux saints de Jérusalem.

La dynastie sunnite au Maroc a fait face à la subversion d’agents iraniens. Par conséquent, il s’associe à Israël pour limiter l’influence iranienne au Moyen-Orient et en Afrique. Il s’oppose également aux ambitions iraniennes d’établir une présence navale en Méditerranée et dans l’océan Atlantique.

Il semble que le moment soit venu pour les relations israélo-marocaines de s’épanouir. Mais il faut garder à l’esprit que ces relations font l’objet de vives critiques de la part des milieux islamistes et nationalistes au Maroc, et que des changements politiques internes pourraient mettre un terme à la lune de miel.

Nous ne devons pas oublier que l’instabilité est une caractéristique de toute relation de ce type. Si Israël ne parvient pas à stopper les progrès nucléaires de l’Iran, la tendance pro-israélienne dans la région disparaîtra.

La menace iranienne a poussé ces pays arabes à normaliser ouvertement leurs relations avec Israël. L’absence d’action israélienne réduirait la réalisation des accords d’Abraham, y compris dans les relations avec le Maroc.


Les JISS Policy Papers sont publiés grâce à la générosité de la famille Greg Rosshandler.

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1 Comment

  1. Il semble que le rapprochement Israël-Maroc a pour chaque pays un avantage. Israël entame un dialogue sérieux avec un pays arabe influent. Le Maroc en conflit avec l Algérie, a besoin, en plus de ses armes françaises et américaines, d un complément que peut lui assurer Israël, connu pour sa maîtrise de la haute technologie.
    Le problème, pour ce qui est du Maroc, ce sont les islamistes. Je ne pense pas que le problème iranien soit si prégnant.

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