Raphaël Nisand. Par-delà les idéologies le droit à la sécurité

Après avoir été un thème consensuel, le droit à la sécurité est redevenu un marqueur fort du clivage droite-gauche.

Cette thématique sera au cœur de la campagne présidentielle. Dans les années 1990 la France avait l’air unanime sur l’existence du droit à la sécurité.

Le parti socialiste lui même, alors qu’il était la force dominante de la gauche, en avait fait un thème central lors des assises de Villepinte.
Au fil des ans et des alternances, la faille idéologique s’est à nouveau creusée.

Au sein même du gouvernement, le garde des sceaux Dupont -Moretti affirme que « la France n’est pas un coupe gorge » et parle volontiers d’un « sentiment d’insécurité » alors que le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a des accents beaucoup plus martiaux.

Côté gauche de l’échiquier politique on insiste volontiers sur le rôle primordial de l’éducation, de la prévention, de la culture et du renouvellement urbain alors qu’à droite on parle d’obligation de quitter le territoire français, de prison, de vidéosurveillance et d’immigration.
Qui a raison, qui a tort ?

Il est certain que comme tous les grands problèmes le droit à la sécurité nécessite qu’on le prenne par les deux bouts de façon équilibrée.

Il faut tout d’abord réaffirmer qu’il ne peut exister de liberté sans sécurité.
Les derniers événements qui se sont déroulés récemment à Lyon la Guillotière, quartier empoisonné par la délinquance ou encore aux jardins d’Eole à Paris puis porte de la Villette, ne sont pas que des faits divers.
La loi de la jungle c’est pas de loi du tout, ou plutôt la loi du plus fort, du plus violent, du plus hargneux.

Admettre la loi du plus fort c’est dire adieu à la civilisation.
A quoi peut servir l’Etat dans sa fonction la plus essentielle quand il abandonne le combat devant des bandes prêtes à tout pour maintenir leur suprématie ?

C’est le rôle même de l’Etat qui est questionné. Un Etat qui abandonnerait sans coup férir les riverains, les passants, les commerçants, les femmes livrées au harcèlement de rue.

Bien sûr il y a des explications à tout cela, la difficulté de s’en prendre à des bandes entières alors que la règle pénale c’est l’individualisation de l’interpellation et de la sanction, l’impossibilité de faire décrocher les toxicomanes, la quasi-impossibilité d’expulser des étrangers fussent-ils criminels, le fait aussi que les trafics en tous genres rapportent énormément.

Souvent de jeunes enfants se moquent des adultes qui travaillent pour un smic alors qu’eux gagnent beaucoup plus tout en étant au bas de l’échelle de la délinquance.

L’économie de la drogue pourrit des quartiers entiers et nuit à l’existence même de la valeur travail.

Dès lors, bien des citoyens mais aussi même des membres des forces de l’ordre pensent qu’il est déjà trop tard, à l’instar de ce qu’a dit Gérard Collomb le jour où il a quitté le ministère de l’intérieur. Gérard Collomb parlait d’un côte à côte qui risquait de finir en face à face.

L’un des enjeux politiques des prochaines années sera de faire en sorte que la peur change de camp et que les territoires perdus de la République soient reconquis pour que toute la population française puisse vivre en paix sans check points ni zones de non droit.

Raphaël Nisand

Chroniqueur sur Radio Judaïca

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