La Chronique de Maxime Tandonnet. Trop de gaullisme tue le gaullien

Il est particulièrement impressionnant d’observer la ferveur gaulliste des politiques en ce moment. Tous multiplient les signes de reconnaissance envers le Général, en cette veille d’élection nationale: pèlerinage de Colombey ou de Bayeux, avalanche d’hommages, etc.

Tout le monde a été, est ou sera gaulliste comme Malraux fait dire au Général. D’Hidalgo à le Pen en passant par la gauche, le centre et la droite.

Cette nostalgie est-elle forcément de très bon goût? C’est toujours pareil, qu’en penserait le Général?

Jamais la France n’a été aussi éloignée du mythe gaullien: déclin économique et financier, intellectuel, impuissance face aux crises migratoire et sécuritaire, désindustrialisation, saccage de l’Etat et des services publics, perte de l’indépendance nationale et de la souveraineté à travers la dette publique et l’emprise croissante des juridictions européennes sur la vie publique, etc.

Alors, par compensation avec une situation qui ne manquerait probablement pas d’horrifier le Général, la classe politique verse dans une sorte d’exaltation gaulliste bien plus artificielle que sincère.

Le message gaullien voudrait que le pays se retrousse les manches, se rassemble et se mette au travail pour sortir de l’impasse en réinventant ses institutions et sa conscience politique.

De fait, l’air du temps général est bien davantage au renoncement pétainiste qu’au goût de l’audace et de l’effort gaullien. C’est sans doute pourquoi, par contraste, tout le monde se bouscule à Colombey.

© Maxime Tandonnet

Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019).

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1 Comment

  1. Effectivement mettre le Général à toutes les sauces galvaude sa mémoire et faire parler les morts est un truc de charlatans auquel TOUTE la classe politique se livre gaillardement.

    Toute ou presque ; car je n’ai pas souvenir d’une quelconque récupération par Macron de cette commémoration du 9 novembre. Était-il seulement à Colombey? On ne l’a pas trop entendu sur la question. L’allocution présidentielle le soir concernait tout sauf De Gaulle.

    Ce n’est pas un oubli : Macron nous dit, en creux, « étant moi je n’ai pas besoin de lui ».
    Modeste il n’est pas. Mais peut-on, doit-on l’être lorsqu’on est président de la République ?

    Sachant que « trop de gaullisme tue le gaullien » comme dit le titre de ce billet, ne pas se frotter à la foule des prétendants est peut-être à porter au crédit de Macron. N’est-ce pas?

    Sachant, surtout, que CDG a acquis ses lettres de noblesse historiques en déviant la France d’une trajectoire suicidaire DEUX fois.
    Oserais-je dire en la sauvant d’elle-même DEUX fois ?

    MAIS c’était la guerre chaque fois. Notons que finalement la paix ne lui a pas réussi, à CDG. (Ni à Churchill…).

    Vu que heureusement nous ne sommes pas en guerre (enfin…pour l’instant), personne ne peut donc se réclamer de lui. Sauf les charlatans.

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