Le Billet de Charles Meyer. Cette fétichisation de la religion est l’exacte déconsidération de notre socle républicain

A force de jouer dangereusement avec la judéité d’un adversaire politique pour tenter de le diaboliser, le camp autoproclamé du bien vient une nouvelle fois de démontrer avec fracas toute l’ineptie de son discours et de sa démarche.

A s’évertuer depuis des jours, pour convoquer salement l’origine et la religion d’un homme, plutôt que de répondre à ses idées, on s’abîme beaucoup. Tout ce que ces gens ont réussi au bout du compte, aura été de faire sortir de sa boîte Mélenchon, dont la corbynisation arrivait déjà à sa phase finale.

Voilà ce qui se passe quand on joue avec le feu de l’antisémitisme. Quand on se croit suffisamment malin et bon pour dire devant les hommes Qui est un Juif digne de l’être et Qui ne l’est pas. Mais qu’attendre de gens qui, il y a deux ans à peine, se précipitaient dans les Palais de Paris pour se pavaner aux côtés du bourreau de Raif Badawi et n’avaient pas d’attentions assez marquées pour une organisation dont les satellites ont financé l’un des pires mouvements antisémites, c’est à dire Al Qaida ? Est-on alors réellement qualifié pour juger quiconque, en ce compris Eric Zemmour, pour évaluer dans le même temps sa judéité et son antisémitisme ?

De l’un on n’attendait plus rien à vrai dire. De l’autre, on pouvait tout de même espérer qu’il ne tombe pas si bas. Les propos de Mélenchon sont infects et révoltants. Mais ceux de Korsia aussi. Et c’est avec cette double lecture qu’il va falloir considérer à quel point la tartufferie de notre société fait des ravages.

Français, nous sommes un peuple, une Nation politique et peinons peut-être à traduire un malaise profond, mais ce que nous voyons ne nous plaît pas. Nous n’avons pas à accepter de quiconque que la religion fasse irruption dans le débat public. Nous n’avons pas à accepter que des religieux puissent ainsi intervenir dans un débat politique et le teinter de leurs préceptes, de leurs manies et de leur parti pris. Pour penser et voter, nous n’avons pas à évaluer ce qu’est ou n’est pas un bon chrétien, un bon juif ou un bon musulman et encore moins, à subir l’ostracisme d’un homme dont un religieux ferait symboliquement son sujet.

Pas plus qu’il n’est acceptable d’entendre un laïc convoquer l’essentialisme ou ne pas le voir, au gré de ses petites compromissions politiques et qui plus est, pour, une fois de plus, parler des Juifs comme jamais il n’oserait avec des musulmans ou des chrétiens.

Cette fétichisation de la religion sous couvert de lutte contre les discriminations et le racisme, d’où qu’elle vienne, que l’on s’appelle Jean-Luc Melenchon ou Haim Korsia, est l’exacte déconsidération de notre socle républicain.

Tout cela est indigne et proprement désolant.

La laïcité dont se pavanent les tartuffes et les opportunistes de salon, dont certains font une image de marque, cela commence justement par éviter de laisser le débat et la démocratie se faire prendre de manière aussi calamiteuse en otage.

Quelle tristesse.

 © Charles Meyer

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5 Comments

  1. Bonsoir à tous. On ne peut pas mettre sur un même plan Haimm Korsia malgré ses propos désolants et Jean-Luc Mélenchon qui est un fasciste pur et dur comme presque tous les membres de son parti. Haim Korsia est maladroit et manque peut-être de courage mais c’est sans doute un honnête homme à l’opposé du néocollabo haineux qu’est JLM.

  2. J ai le souvenir des saillies de Haim Korsia a l encontre du sionisme losqu il pourfendait ceux , parmi nous qui designent Israel comme notre but commun , ce grand rabbin est decidement clairement a ” coté de la plaque ” et il rate trop souvent une belle occasion de se taire .

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