Kamel Abderrahmani. Le père ou le deuxième artiste après Dieu

Notre ami et contributeur Kamel Abderrahmani est rentré au pays pour quelques jours. Il nous confie ces retrouvailles post Covid et nous donne le désir de rencontrer cette famille … attachante, et illustration de l’Espérance que parfois nous perdrions. Lisez plutôt.

Chaque recoin de la maison me fait penser à mon père, son parfum est encore présent dans cette demeure qu’il avait construite malgré le peu de moyens qui avait. Que c’est dur de vivre son absence, son manque, l’absurdité de la vie et de la mort ! Pardi ! il est de ces moments où je me sens mitigé, partagé entre le sentiment de bonheur de retrouver les miens et la douleur de ne pas pouvoir revoir celui qui fut un pilier de ma vie, de mon éducation, celui qui m’a enseigné de tenir à mes propres principes, les miens, ceux que j’ai choisis et non ceux que l’on me choisit.

Mon père était comme les Pères que Balzac décrivait dans l’un de ses chefs-d’œuvre, Le Père Goriot. Il disait que les pères doivent toujours donner pour être heureux. Donner toujours, c’est ce qui fait qu’on est père.  

Le mien ne m’avait pas tout donné parce qu’il était pauvre, mais il avait généreusement mis à ma disposition ce qui était à sa disposition. Ce qui était important, et je m’en rends compte davantage aujourd’hui, c’est qu’il m’avait comblé de l’essentiel, d’amour paternel et de tendresse, d’attention,  et gâté de ses précieux conseils qui me sont utiles très souvent.

Être père ce n’est pas donné, il ne suffit pas juste d’enfanter et de subvenir aux besoins matériels de l’enfant pour se considérer ‘’père’’. Être père c’est surtout donner de l’affection, de la tendresse et beaucoup d’amour et de considération à son propre enfant. Être un père ou une mère n’est pas un métier, mais quelque chose de plus singulier, de plus noble, c’est professer la première passion de Dieu : l’Art.

Autrement dit, être papa/maman, c’est être un artiste ! Être artiste, c’est savoir subjuguer, savoir créer, savoir apaiser, savoir transformer…

Addendum :

Ce fut un plaisir de rencontrer ma grand-mère aujourd’hui. Et comme disait mon ami A. B., l’islam de nos aïeux est particulier, il n’est ni violent ni prosélyte.

Par exemple, j’ai discuté avec elle pendant 4h, elle ne m’a parlé ni de sa foi, ni de sa religion, ni tenté de me parler de ses convictions confessionnelles.

Quand l’heure de la prière est venue, elle s’est excusée et est partie dans sa chambre pour l’accomplir intimement !

C’est ce contraste qui se creuse davantage entre les Anciens et les nouvelles générations…

© Kamel Abderrahmani

Kamel Abderrahmani, Diplômé en Sciences du langage, a quitté Béjaïa en 2015. Il enseigne la Littérature française en Île de France depuis 2017.

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