Ypsilantis. Le carnet bleu, été 2015 (Île d’Yeu, Belle-Île, Ouessant) – 3/7

Olivier Ypsilantis

4 juillet. Il y a peu, j’ai appris que l’un de mes photographes préférés, un frère en quelque sorte, avait séjourné dans l’une des régions où j’ai passé les plus belles années de ma vie, la province d’Almería. Il l’a quittée l’année où je suis arrivé, 1993. J’aurais eu plaisir à l’y rencontrer et, peut-être, à travailler avec lui. Bernard Plossu, l’homme des espaces, des signes inscrits dans l’espace où la présence humaine reste discrète. Ci-joint, un lien rend compte de son séjour à Níjar, dans cette province du Sud-Est (Levante almeriense) de l’Espagne qui semble plus appartenir à l’Afrique du Nord qu’à l’Europe  :

https://etudesromanes.revues.org/3947

Boris Cyrulnik distingue la culture créative (ou active, en action) de la culture passive (ou de consommation, de passe-temps). Il écrit par ailleurs : « L’art n’est pas un loisir, c’est une contrainte à lutter contre l’angoisse du vide suscitée par notre accès à la liberté qui nous donne le plaisir de créer ». Cette considération des plus pertinentes ne m’apprend rien ; elle m’aide pourtant puisqu’elle exprime sans ambiguïté ce que j’éprouve depuis longtemps. A la lire, je me sens moins seul, tout simplement.

En compagnie du colonel Benjamin Kagan, avec son témoignage passionnant sur les débuts de l’État d’Israël, sur les débuts de son armée, son armée de l’air plus particulièrement. Je découvre ces noms : Leo Gardner et Sam Lewis, deux amis d’enfance qui eurent l’idée (comme nombre de pilotes et techniciens juifs de l’USAF) de développer le transport aérien (et pas exclusivement maritime) afin de favoriser l’immigration juive en Palestine. A leur projet s’associèrent Al Schwimmer aidé de deux anciens compagnons de vol, Ray Salk et William Sovnov qui achetèrent et remirent en état des avions de transport. Bref, on pourrait écrire en quatrième de couverture : « Ce témoignage se lit comme un roman d’aventure ». Mais, supériorité sur le roman, ce livre n’est pas un roman…

Un Messerschmitt Bf-109 intégré à l’Israel Air Force, été 1948

6 juillet. Averses matinales et marche sous la pluie le long de la côte. Afflux de souvenirs, afflux que favorisent la pluie et les nuages. Je pense à l’amie blonde, l’amie de l’enfance et de l’adolescence, à cette nouvelle de Tourgueniev, « Premier amour » (Первая любовь), dont la lecture m’émut tant puisque j’étais lui et qu’elle était elle, tout simplement. Je passe devant les lieux de l’amie : ce bois de pins, cette lande, cette maison blanche, là-bas. Blandine la blonde.

La puanteur qui sort des dessous de l’« initiative de paix » telle que la promeuvent François Hollande et plus encore Laurent Fabius, cet homme qui a vendu son ombre au diable. La France a peur et la peur n’est pas une bonne conseillère. La France espère préserver un peu de sa tranquillité pour quelque temps ; et à cet effet elle propose à Israël un accord de paix unilatéral, ni plus ni moins. La France bavarde trop au sujet d’Israël. Qu’elle se taise enfin, à moins qu’elle ne se décide à faire enfin preuve de plus d’intelligence, de finesse et de modestie ! Car elle n’est pas modeste la France, surtout lorsqu’il est question d’Israël. Son bavardage au sujet d’Israël me fait honte et j’écris en partie pour me laver de cette honte qui m’englue comme la marée noire englue le goéland.

Des ignorants pour certains et des malhonnêtes pour d’autres s’imaginent qu’en vendant Israël (car cette « initiative de paix » revient dans l’état actuel des choses à vendre Israël) ils s’attireront les bonnes grâces des Arabo-musulmans de France et des États arabes, presque tous en voie d’effondrement. Il convient d’éduquer les ignorants et de fesser les malhonnêtes !

Ce n’est un secret pour personne, cette initiative française vise à faire de la France un acteur et à n’importe quel prix. Lorsque la France se mêle de questions touchant à Israël, elle allie superbement pédantisme et ignorance. Lorsqu’il est question d’Israël en France, il est préférable de se boucher les oreilles. C’est une maison de fous, avec logique viciée qui élève le grotesque aux nues. Cette chute dans le grotesque est en grande partie dictée par la peur. L’idée que l’on peut apaiser les islamistes en vendant les Juifs et Israël est extraordinairement répandue même si elle ne s’avoue pas toujours. La France préparerait-elle son entrée en esclavage ? Mais il me semble qu’elle y est déjà entrée, car vouloir plaire c’est déjà entrer en esclavage.

Le Qatar & Cie sont avec leurs pétrodollars les principaux soutiens du terrorisme islamiste. Ils constituent à mon sens un danger autrement plus grand que le nucléaire iranien. Nous devons nous détacher au plus vite de ces pays en commençant par cesser de patauger dans le pétrole. Il y a urgence. Le Qatar, suppôt des Frères musulmans, doit être économiquement éradiqué. Le Qatar a financé et soutenu (notamment par la voix de ses médias) les « Printemps arabes », ces printemps que j’ai aussitôt dénoncés. Des foules en extase humaient le jasmin. Je fis des efforts, dilatant pareillement les narines. Vint une odeur de poubelles et rien qu’une odeur de poubelles.

Ce matin, j’ai poussé la porte d’une église et j’ai écouté. La lecture des Évangiles avait trait à ce passage où Jésus enseigne dans une synagogue et surprend les autorités religieuses — des hommes beaucoup plus âgés que lui, insistait-on — par sa sagesse et son savoir. Cette lecture est d’une terrible ambiguïté. Les Chrétiens reconnaissent que Jésus est juif, qu’il est chez lui dans une synagogue, mais… qu’il est supérieur aux Juifs par son savoir et sa sagesse (!?). C’est un procédé habituel que nous ont légué les Évangélistes. La théologie de la substitution est décidément une formidable machine. Il y a parmi les Chrétiens de toutes obédiences quelques individus qui ne sont pas dupes ; mais la masse suit, aveugle, aveuglée. Jésus présenté comme le meilleur des Juifs ; mieux, comme meilleur que les Juifs, de fait plus vraiment juif mais… chrétien… C’est tout à fait décourageant.

Je ne nie pas les tentatives sincères de quelques Chrétiens qui remettent en question ce procédé. Mais c’est le Nouveau Testament — socle du christianisme — qui doit être basculé en gardant ce qu’il a de bon et qui est juif pour l’essentiel…

Les Chrétiens et les Musulmans sont des Juifs égarés. Ils le savent mais très confusément, d’où leur animosité, leur agressivité, leurs fausses manœuvres, leurs crampes, leurs difficultés respiratoires et digestives, leur haine face au judaïsme, face aux Juifs. Ils sont empêtrés dans des faux-fuyants, ils s’entassent dans des cul-de-sacs ; quel spectacle ! J’ai poussé la porte d’églises à l’heure de la messe. Les mots « Israël », « Hébreux », « Juifs » ne cessaient de résonner sous les voûtes. Entendaient-ils ? Écoutaient-ils ? Comprendront-ils enfin ?

Je vais me répéter, mais qu’importe, il est bon de se répéter. On ne comprend rien à l’antisionisme aussi longtemps qu’on ne le relie pas d’une manière ou d’une autre à l’antisémitisme (il existe des cas d’antisionisme pur, dénués de tout antisémitisme, mais ils sont rares). On ne comprend rien à l’antisémitisme aussi longtemps qu’on ne le relie pas d’une manière ou d’une autre à l’antijudaïsme, strate assez profondément enfouie mais bien présente sous nos pieds.

Le nazisme est anti-chrétien, certes, mais il est né et s’est fortifié dans l’aire chrétienne par excellence, l’Europe. L’aire de la Shoah est l’Europe. A ce propos, on m’a fait savoir que je remuais de vieilles histoires ; car pour certains (qui ne sont ni révisionnistes ni négationnistes, reconnaissons-leur ce mérite) la Shoah est une vieille histoire, Auschwitz est un musée parmi tant d’autres musées… des horreurs. Mais à quoi bon insister ? Comment ne pas comprendre que cette « vielle histoire » loin de s’éloigner se rapproche de nous et interroge toujours plus les fondations et les superstructures de nos sociétés européennes ?

Café du Centre, Port-Joinville. Lecture de l’article « Volonté de nuire et antisémitisme ! » que je mets en lien :

Je ne changerai pas un iota à cette mise au point. Tous les Vatican II ne changeront rien. On ne peut leur demander d’attaquer les Évangiles qui ne font référence aux Juifs que pour mieux s’y substituer. On ne peut leur demander de scier la branche sur laquelle ils se sont tenus, se tiennent et se tiendront. A ce que je sache, nous ne sommes pas dans un film de Tex Avery, bien que…

Le plus beau port naturel de l’île d’Yeu, le port de La Meule

Poursuivi la lecture des souvenirs du colonel Benjamin Kagan. Al Schwimmer et son projet (exposé à l’Agence juive) d’organiser un réseau d’immigration clandestine par les airs. Ces membres de la Hagana, anciens pilotes des forces alliées, qui insistent pour qu’une force aérienne soit organisée sans tarder. L’approbation de David Ben Gourion. L’extraordinaire figure de Yehuda Arazi (sujet pour un article sur ce blog). La Schwimmer Aviation Company. L’aide apportée par Eleanor Rudnick, fille d’un très riche éleveur de Californie. Les mille astuces destinées à tromper la vigilance des Américains et des Britanniques. La longue liste des violences perpétrées par les Arabes contre les Palestiniens — les Juifs de Palestine. L’isolement des communautés juives et l’aide qui ne peut leur être apportée que par les airs. L’achat des « Auster », avions légers de liaison. Le manque de véritables avions de combat. Ces Arabes prêts à collaborer avec les Juifs mais qui finissent par se retourner contre eux sous la pression du groupe — on en revient à l’ochlocratie. Notables exceptions : quelque vingt-et-un mille Druzes et une tribu bédouine. Les Druzes « avaient choisi de bâtir leur avenir avec nous, comptant à juste titre que, dans l’État d’Israël, ils seraient de libres citoyens, qu’ils y jouiraient des droits dont la domination musulmane les avait frustrés ». L’embargo sur toutes les armes à destination de la Palestine décidé par les États-Unis, une attitude en partie dictée par l’influence des diplomates et des agents spéciaux anglais sur leurs collèges américains. Ces hauts fonctionnaires anglais étaient en effet habités par le rêve d’un empire arabe sous domination britannique. Ils avaient laissé entendre à leurs collègues américains que les Juifs de Palestine allaient être balayés, que les aider était non seulement inutile mais risquait de faire perdre à l’Occident son précieux approvisionnement en pétrole. Trouver l’étude la plus exhaustive sur les relations entre la Tchécoslovaquie et les Juifs de Palestine. Les opérations de sabotage destinées à empêcher les envois d’armes à destination de la Syrie. Le « Constellation » piloté par Sam Lewis et son arrivée à Panama sur l’aéroport de Tacumen. « Après quatre mois de combats contre les Arabes, nous n’avions pas perdu une seule de nos colonies agricoles ni aucun de nos villages. Les Arabes changèrent alors de tactique, portant désormais l’essentiel de leurs efforts sur nos voies de communication », d’où le titre du chapitre VII : « La bataille des routes ». L’embuscade du 16 janvier 1948 au cours de laquelle périrent trente-cinq membres de la Hagana : « Ils furent tués jusqu’au dernier et leurs corps si atrocement mutilés qu’il fut impossible de les identifier. Les photographies de ce massacre se vendaient dans les rues des villes arabes, au profit de la guerre de libération ». L’opération « Nachshon » déclenchée le 6 avril 1948 et destinée à ouvrir la route de Jérusalem. Le 13 avril, un convoi de cent soixante-dix-huit camions pénétrait dans la Ville Sainte avec le soutien de quelques petits avions. L’achat de dix chasseurs Me 109 à la Tchécoslovaquie. Le pilote George (Buzz) Beurling, ce héros canadien non-juif mort pour la défense d’Israël au cours de la guerre de 1948. Ci-joint, un hommage de la Israeli Air Force (IAF) :

http://www.iaf.org.il/5642-36106-en/IAF.aspx

© Olivier Ypsilantis

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