Shraga Blum. « Les nouveaux copains »

Beaucoup a déjà été dit et écrit sur les causes du séisme qui s’est produit dans le paysage politique israélien avec le changement de cap radical opéré par le tandem Benett-Shaked, suivi par les membres de Yamina, à de rares nobles exceptions près : réalisme politique face au blocage de la situation politique, ambitions personnelles démesurées, opportunisme, évolution idéologique similaire à celle déjà observée chez d’autres personnalités de droite (Tsipi Livni, Dan Meridor etc…). Les hypothèses ne manquent pas et il y a du vrai dans chacune d’elles.

Mais il convient aussi de se pencher sur un autre aspect, touchant à la psychologie humaine : qu’est ce qui a pu se passer dans la tête et dans l’inconscient de ces étoiles montantes de la droite israélienne pour aller jusqu’à tourner le dos avec tant de désinvolture et de mépris à leurs engagements fermes et si démonstratifs, à leur électorat, à leur idéologie et aux valeurs qu’ils affirmaient avec tant de conviction et d’assurance il y a encore peu de temps ? On découvrira alors que l’on peut dresser un parallèle historico-psychologique entre cette attitude et celle de Juifs durant l’Histoire, qui, subissant les coups de boutoirs des antisémites et relégués parmi les « mal aimés » permanents choisirent de franchir la ligne en tournant le dos à leur identité, allant jusqu’à se convertir et devenir parfois même de virulents détracteurs des leurs, ceci dans un seul but : être acceptés et aimés par la société ambiante. Personne n’aime être dans le clan des rejetés et des « mal aimés ».

Les signes ne manquent pas depuis un mois pour attester de la pertinence de ce parallèle : de « fascistes », « extrémistes », « messianistes », « fous» et « dangereux pour le pays », Naftali Benett, Ayelet Shaked et consorts ont soudain obtenu leur billet d’entrée dans le « camp du Bien ». Il suffit de voir pour cela la complaisance et l’indulgence dont ils jouissent soudain de la part des grands médias nationaux et internationaux qui hier encore les vouaient aux gémonies, les compliments et les tapes amicales sur l’épaule de la part de leurs collègues de gauche qui il y a peu de temps salivaient encore de haine à leur égard, ainsi que les messages d’encouragement venant des chancelleries étrangères qui voient en eux l’espoir de faire avancer la solution qu’ils souhaitent au conflit du Proche-Orient. Qu’il est bon et agréable d’être soudain aimé, de faire partie du bon camp, même au prix de terribles compromissions, plutôt que d’être sans cesse vilipendé, insulté et sali de manière irrationnelle. Qu’il est agréable d’être soudainement choyé par les Démocrates américains, le roi de Jordanie, le ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne, le Quai d’Orsay ou sur le plan local, par les élites médiatiques, académiques et judiciaires. C’est humain, tristement et lamentablement humain. Cela n’excuse pas l’une des plus grandes forfaitures de l’histoire politique d’Israël mais cela fournit une explication supplémentaire à cette volte-face radicale.

En contraste, on peut citer l’attitude courageuse et éthique du député Amihaï Shikli qui a connu un parcours inverse : encensé par les médias et les dirigeants de Yamina avant les élections il est aujourd’hui décrié par ces mêmes faiseurs d’opinion et ses « collègues de parti » pour être tout simplement resté fidèle à ses engagements et à ceux qui lui ont accordé leur confiance.

Mais la démarche entreprise par les dirigeants de Yamina comporte aussi le risque du retour de flamme : ceux qui ont rejeté leur identité et leur maison politique pour un plat de lentilles gouvernemental et une popularité éphémère ne devraient pas oublier que les Juifs qui empruntèrent cette voie servile envers leur environnement hostile ne sortirent jamais gagnants. Ils furent finalement méprisés et rejetés tant par les leurs que par ceux vers lesquels ils avaient placé leurs espoirs et leurs illusions.

Photo Olivier Fitoussi /Flash 90

Source : LPH INFO

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

1 Comment

  1. Le point positif de cette situation inédite : cela permet de constater qu’Israël est une grande démocratie avec ses députés Arabes en capacité de défaire le gouvernement et que l’accusation de racisme et d’apartheid est un mensonge de plus!

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*