Joël Kotek et Nicolas Zomersztajn. Carte blanche: Israël, bouc émissaire des Nations?

Réplique à la carte blanche des universitaires francophones appelant à diverses sanctions contre l’Etat hébreu.

Dans une Carte blanche intitulée « Etre neutre dans une situation d’injustice, c’est être du côté de l’oppresseur » publiée le 13 juin 2021, un Collectif d’Universitaires belges demande aux autorités belges et européennes de prendre des sanctions contre Israël tenu pour criminel de guerre et en appelle au boycott des produits et des universités israéliennes.

Personnellement, nous ne sommes pas de ceux qui estiment que toute manifestation d’hostilité à l’égard d’Israël est antisémite. Tant s’en faut. Nous ne tenons pour antisémite que l’antisionisme radical, celui qui entend faire de l’État juif une exception planétaire, une sorte d’État paria porteur de tous les péchés de la terre. Bref, qui pose Israël en Juif des nations. C’est hélas l’impression que donnent, certainement bien malgré eux, les signataires de cette énième pétition anti-israélienne. Les mots à l’égard de l’État des Juifs sont d’une dureté inouïe : Israël serait coupable d’apartheid, d’épuration ethnique, de violations des droits humains, et ce, non pas depuis 1967, mais depuis sa création en 1948. A les suivre, on en viendrait naturellement à souhaiter sa disparition, et ce, bien sûr au nom du Bien universel.

Aucune circonstance atténuante, et pourtant…

Pas la moindre circonstance atténuante à l’égard de cet État qui pourtant, accepta, lui, en 1947, le plan de partage des Nations unies qui prévoyait un État arabe aux côtés de l’État juif et ce, au contraire des Palestiniens et des Nations arabes qui l’envahirent le jour même de sa création. Pas la moindre considération envers cet État qui dut accueillir, bon gré mal gré, non seulement les rescapés de la Shoah, mais aussi des politiques antisémites soviétiques et arabo-musulmanes. Savent-ils seulement que 99 % des Juifs du monde arabe furent condamnés à l’exil du fait du nationalisme racialo-religieux arabe ? La presque totalité des Juifs égyptiens, irakiens, libanais, libyens, marocains, syriens, tunisiens, yéménites, soudanais sont désormais des « fils de Sion », n’en déplaise à certains de nos élus. Le sionisme est une création des antisémites : qu’on se le dise !

Pas la moindre circonstance atténuante, encore, envers un conflit qui ne fut ni du fait d’Israël (c’est le Hamas qui choisit de déclencher les hostilités en tirant près de 4.300 missiles et roquettes sur la population civile israélienne, juifs, chrétiens et musulmans confondus), ni particulièrement létal comparé à tous les autres conflits régionaux, aux 500.000 morts de Syrie, aux 250.000 morts du Yémen, aux milliers de victimes de Boko Haram, etc.

Toujours la même stigmatisation

Que nos intellectuels, pour des raisons qui nous échappent, en viennent à stigmatiser encore et toujours Israël passe encore, mais qu’ils en viennent à s’interdire toute critique envers un mouvement islamo-fasciste est à tout le moins incompréhensible. Dans cette Bande de Gaza qui n’est plus occupée depuis 2005 (!), certes sous blocus… militaire, le Hamas fait régner un régime de terreur où il ne fait bon n’être ni femme, ni chrétien, ni gay ou encore moins membre du Fatah. Une preuve du « progressisme » du Hamas, sa charte constitutive qui n’a été amendée qu’en… 2017, joyeux syncrétisme d’antisémitisme islamique, chrétien et nazi :

« L’Heure ne viendra pas avant que (…) les pierres et les arbres eussent dit : “Musulman, serviteur de Dieu ! Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le.” (Article 7) ; “… tu trouves [les ennemis] sans cesse sur la brèche dans le domaine des médias et des films (…) [Ils agissent] par l’intermédiaire de leurs créatures membres de ces organisations sionistes aux noms et formes multiples, comme la franc-maçonnerie, les clubs Rotary, les sections d’espionnage, etc., qui toutes sont des nids de subversion et de sabotage.” (Article 17) ; “Grâce à l’argent, ils règnent sur les médias mondiaux, les agences d’informations, la presse, les maisons d’édition, les radios, etc.”  » (Article 22).

Comment se refuser à voir que ce mouvement s’inscrit pleinement dans la mouvance de ces élites palestiniennes, mais aussi égyptiennes et irakiennes qui, dès les années trente, en vinrent à souhaiter, par haine des Juifs, la victoire de l’Allemagne nazie. Mohammed Amin al-Husseini, le Grand mufti de Jérusalem est le frère jumeau des Doriot, Degrelle, Mussert et autres Staf Declercq !

Curieux raccourci

On ne s’étonnera donc pas que ce mouvement choisit de lancer son offensive meurtrière le jour précédent la possible (et finalement aboutie) formation d’une coalition anti-Netanyahou, incluant un parti arabe (israélien). De tout cela, nos distingués signataires ne parlent, posant le seul État de Droit de la région en État… d’apartheid. Curieux raccourci, si l’on songe qu’Israël est le seul État laïque de la région qui, comme la proclame sa déclaration d’indépendance, « accorde la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants sans distinction de religion, de race ou de sexe. » En Israël, « la souveraineté appartient au peuple et non à la Torah, repose sur le suffrage universel et fonctionne en vertu du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs » (E. Barnavi). Le sort dramatique des 13 familles en menace d’expulsion de Sheikh-Jarrah est aux mains de la Cour suprême israélienne. Qui dit mieux, certainement aucun autre État de la région, tous racialistes (arabes), religieux (musulmans), dictatoriaux et coutumiers du nettoyage ethnique (cf. 3,5 millions de réfugiés sunnites syriens).

En finir avec « l’exception juive »

Qu’Israël soit condamné à abandonner la majeure partie des Territoires occupés depuis 1967 est une évidence, qu’il soit le seul État à même de mobiliser des universitaires chevronnés en est une autre. Jusqu’à paraître suspect ! Si leur souhait profond est de pousser notre gouvernement à boycotter les produits et universitaires israéliens, pourquoi pas, mais à la seule condition qu’ils en viennent aussi à exiger le boycott des produits et universitaires azéris, marocains, russes, turcs et bien sûr chinois, etc. Le sort des Arméniens, des Ouïghours, des Kurdes, des Arméniens, des Sahraouis, des Ukrainiens leur est-il à ce point inintéressant ? Il en va de leur crédibilité. Il faut en terminer avec cette terrible et nauséeuse exception juive.

Joël Kotek et Nicolas Zomersztajn, universitaires et journalistes, sont partisans d’une solution à deux Etats.

Source: lesoir.be

https://plus.lesoir.be/378589/article/2021-06-16/carte-blanche-israel-bouc-emissaire-des-nations

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