Axel Kahn. “Vivez, amies et amis, êtres qui me sont chers”

Lecteurs, Vous savez à présent qu’Axel Kahn a décidéde nous écrire chaque jour. Une forme de “cadeau”. En guise d’un “au revoir” insupportable à ceux qui l’aiment et qui, chaque jour, en sont à attendre, espérer, redouter, le “mot du jour”. Voici, reproduits pour vous, Lecteurs, la fin du “mot” d’hier, et le verbatim du “mot de ce jour”. Axel, Qui va jusqu’à nous … consoler ce soir

12 juin. Je vous vois, amies et amis, perplexes : que cela veut-il dire, Axel le loup est-il près de desserrer les mâchoires qu’il se croit obligé de préparer sa malle avant de se rendre sur l’île déserte où il n’y a rien ?

Pour être franc – et comment pourrais-je ne pas l’être ? il s’est posé la question, cruellement mordu par la douleur et tenu de demander à ses  médecins d’augmenter beaucoup les doses de morphine et autres produits similaires. Le temps du sommeil n’était-il pas venu ? Ne serait-il pas de toute façon si amoindri intellectuellement par les produits que la notion de moments heureux deviendrait incertaine. Bon, venant-en au fait. La douleur est tenu en respect, l’esprit fonctionne, je compte encore avec gourmandise sur de bons moments à vivre. À bientôt.

Axel, le loup qui se souvient


Les autres et soi à l’approche du terme : les chemins qui divergent (13 juin)

“Chacun de nous ne peut-être institué en lui-même qu’au contact des autres. La carence d’une telle relation, son échec aboutissent à de graves troubles de la personnalité qui ne peut jamais se développer de manière strictement autonome. De tels troubles culminent dans les exemples des “enfants sauvages”, thème de mon ouvrage “Être humain, pleinement“. On ne saurait sans les autres, paradoxe apparent, être autonome puisque, de même qu’il n’existerait pas de Bien sans la liberté de faire le Mal, l’autonomie n’est perçue et ne s’affirme qu’à partir du moment où la relation à l’autre nous a permis d’en ressentir le besoin et de la craindre menacée.

Une fois pleinement humanisé grâce à la relation aux autres au sein de la cellule familiale puis de la Cité, chacun de nous selon son expérience de vie, ses particularités psychologiques, peut-être génétiques, assurément l’influence réciproque des unes sur les autres, sera extraverti, introverti, solitaire, craindra la solitude. Veuve ou veuf, il vivra son veuvage comme une nouvelle expérience ou bien s’efforcera de convoler le plus vite possible. Ce sera un anachorète ou bien il se révèlera totalement dépendant du groupe. Dans tous les cas, il peut manifester cette diversité de comportements parce que les autres l’ont construit et qu’il leur a rendu la pareille.

Marcheur, j’ai longuement cheminé en groupe, en couple ou seul. Mon édification sociale m’avait préparé aux trois attitudes.

Je rends compte de la route que je suis en train de parcourir comme s’il s’agissait d’un itinéraire de plus, c’en est un.

Pourtant, je l’achèverai seul, heureusement, il est essentiel qu’il en soit ainsi. Ma chronique n’a de sens que parce qu’elle s’adresse en majorité à des personnes à qui il reste plus de chemin à parcourir qu’à moi, qui porteront après que je serai passé dans l’ile déserte évoquée un peu de ce qu’ils auront retenu de mes propos, de mes émotions, qui prolongeront mes joies et mes bonheurs sauvés, parfois dans la bagarre, du totalitarisme de la mort. Je fais allusion ici à la possible conquête impérialiste par la mort de ces bribes de vie heureuse qui ne lui appartiennent en rien.

J’ai plaisir à échanger de bons moments, à faire la fête quand même, comme cela me reste accessible, avec tous ceux qui m’importent, ma famille dont j’ai parlé avec un certain détail, mes amis qui ont été par le seul fait qu’ils existent et que leur existence a rencontré la mienne, des pièces maîtresses de la Beauté de ma vie.

Lorsque je marchais seul sur les chemins, leur rôle dans ma joie d’être n’en était en rien amoindrie, leur présence en mon esprit gardait toute sa place. J’ai conté dans mes livres l’omniprésence de mes enfants les jours de fête des pères durant lesquels chaque fois j’étais en chemin. En fait, j’emmenais avec moi toujours en pensées toutes celles, tous ceux qui comptent pour moi.

Je ne pourrais le faire après ma mort, raison de plus pour qu’eux soient alors ardemment vivants.

C’est pourquoi ce trajet-là est par essence solitaire puisqu’il faut que les chemins divergent pour que la mémoire de celui qui s’arrête éclaire ceux qu’il reste à parcourir. Vivez, amies et amis, êtres qui me sont chers, je vous accompagne encore un peu et cela me réjouit.

Nous avons emprunté ensemble ce chemin, derrière nous, ce fut prodigieux.

Je pars maintenant seul à gauche. Ne me suivez pas, il n’y a rien. Allez d’un bon pas sur la droite, forts de ce que vous êtes, et aussi de ce que vous êtes devenus avec moi.

Ainsi, un peu de moi continuera à vous accompagner comme j’ai moi-même toujours été un être composite. Merci de vous, je me suis efforcé que vous ayez matière à me remercier de moi.

Axel, le loup solitaire amoureux de vous

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