Et c’est spontanément que je pense à Kessel et à un de ces essais portant le titre ci-dessus, en lisant et en vous conseillant ce dernier grand texte de Bernard-Henri Lévy : « Sur la route des hommes sans nom ».
Quel beau titre d’abord, sur cette « route des hommes sans nom » qui comme Kessel, il trace depuis 50 ans depuis les zones de guerre du Bangladesh en 1971, à ceux du Kurdistan, du Nigéria, de l’Ukraine, de la Somalie, de la Lybie, de l’Afghanistan mais aussi du camp insalubre aux portes de l’Europe de Lesbos en pleine pandémie en 2020.
Mais comme Kessel, il ne s’agit pas uniquement de reportages, froids, calculés, éloignés, il s’agit de prendre parti, d’épauler, d’accompagner, de donner à voir ces guerres oubliées, peu explorées, ces peuples opprimés et héroïques.
Kessel nous a fait découvrir les guerres contre les bolchéviques, le conflit Irlandais, l’aventure pionnière des sionistes, les marchés d’esclaves, le début de la guerre civile espagnole, les premiers camps nazis…
BHL a choisi dans sa vie, au même mépris des risques et de la mort de nous rapporter ce qui l’indigne dans ce monde, ce qui comme il dit si bien : « est dégueulasse ».
Dans cet essai qui reprend, ses bouleversants reportages dans Paris Match de ces conflits oubliés, il nous parle aussi de lui, d’où il vient et pourquoi depuis 50 ans il refuse le confort douillet du germanopratisme de tant de commentateurs pour aller près de tous « ces hommes et femmes sans noms ».
Il y a cette première partie où il se dévoile avec « Ce que je crois ». Il y a l’évocation sensible de son père André, son modèle, ancien brigadiste en Espagne puis combattant héroïque de la 1ère DFL décoré à la meurtrière bataille de Monte Cassino. On ne vient pas de nulle part, et cette filiation du héros, l’oblige.
Il invoque tous ceux qui l’ont inspiré et notamment un de ces héros de la France Libre, le si touchant Roger Stéphane, né Worms, et notamment son livre « Portrait de l’aventurier ». Il y a le portrait fort et fraternel de son compagnon de tous ses combats et voyages, Gilles Hertzog.
Il y a enfin la réhabilitation de ce grand héros que fut Don Quichotte. Et BHL n’a pas peur de s’identifier à celui qui jusqu’au bout n’abandonne pas son idéal.
Plongez-vous dans ce livre, et pendant que nous étions tous confinés, terrés, parfois malades, BHL parcourait lui ces zones de combat oubliées au mépris de tout risques.
Lisez ou relisez ces pages de « Ce que j’ai vu » où il nous fait découvrir l’horreur et l’ampleur des crimes des Fulanis proches Boko Haram contre les chrétiens du Nigéria. Puis il nous mène chez ses vaillants combattants de la Liberté, ses frères Kurdes. Et entre Syrie et Irak, il nous rapporte ses portraits de combattants de la Liberté encerclés entre les Turcs, DAESH et Bashar.
En Ukraine, dans le Dombass, dans cet avant-poste de l’Europe contre l’impérialisme russe renaissant, BHL nous rappelle que cette guerre qui a fait 13.000 morts dans l’indifférence est une guerre pour l’Europe, que ce front est le nôtre comme celui des Kurdes contre les dictateurs Erdogan et Bashar comme les tueurs de DAESH.
Nous nous retrouvons ensuite dans un pays de non-droit, de chaos absolu, la Somalie aux mains des Chebabs et face à eux quelques internationaux dont il nous trace le portrait de personnages sortis tout droit de Conrad, Monfreid ou Kessel, notamment un Richard Rouget.
Il y a aussi des retours. Celui en Lybie dans un pays déchiré, où le Premier ministre à la solde des turcs fuite les itinéraires. BHL et son équipe échappent alors de peu à une embuscade organisée pour éliminer : « le criminel sioniste ».
Il y a ce retour dans ce si pauvre Bangladesh qui a si peu changé depuis 50 ans.
Il y a le retour près de 20 ans après le dernier salut au Commandant Massoud, en Afghanistan, pour y retrouver le fils du héros qui marche dans ses pas.
Il y a enfin ce chapitre qui m’a arraché des larmes de honte, sur cette égoïste Europe, ces pages sur le camp de réfugiés de Lesbos à l’entrée de l’Europe. Ces 20.000 qui ont fui leurs pays en guerre et qui dans la crasse, la malnutrition, la violence attendent sans fin que les 500 millions d’Européens repus leurs tendent la main et leur disent enfin, entrez, asseyez-vous à nôtre table.
Ce livre, de témoignage parmi les hommes, nous sort de notre confort quotidien, nous confronte avec ce monde en souffrance au côté du notre, si loin et si près.
Il nous rappelle avec force que l’aventurier est aussi un Homme qui doit tendre la main à d’autres Hommes et Femmes de par le monde.
Il nous rappelle surtout, éclairé par son « Esprit du judaïsme » que chaque Homme doit tendre lors de son si bref passage terrestre vers le « Tikkoun olam », « la réparation du monde ».
Et comme Kessel avec ces reportages publiés dans un magazine grand public, c’est au plus grand nombre, qu’il veut s’adresser pour leur crier : Tendez la main aux autres.
Mais il leur dit aussi, soyez lucides sur ceux qui sont aujourd’hui sont les vrais ennemis de l’Humanité, les dictateurs Erdogan, Assad et Poutine, les terroristes de DAESH, des Fulanis, des Talibans et de tant d’autres conflits.
Merci à Bernard-Henri Lévy d’être ce « témoin parmi les Hommes » qui sans cesse nous rappelle ces « guerres oubliées » et ces hommes et femmes admirables qui existent parmi TOUS les peuples.
Alain Chouffan
BHL a raison mais peu de gens l ecoutent,surtout pas les jeunes qui le prennent pour un vieux,alors qu il a beaucoup plus bourlingue qu eux et leur annonce l avenir vers lequel ils marchent inconscients:l islamisme ou le neo fascisme,en clair,le terrorisme permanent ou la super nulle.