Affaire Sarah Halimi: “J’ai rendu ma robe de juge”

Jack Broda, juge du Pôle Social du Tribunal de Grande Instance de Nancy, a démissionné de ses fonctions pour protester contre la décision de justice rendant Halimi pénalement irresponsable le meurtrier de Sarah Halimi.

Pharmacien de formation, Jack Broda est devenu Juge au Tribunal de Commerce de Nancy, puis Juge assesseur du Pôle Social du Tribunal de Grande Instance de Nancy. Via une lettre de quelque 15 lignes envoyée au Président du Tribunal du Pôle social du TGI de Nancy mercredi dernier, il vient de démissionner pour protester contre l’Arrêt rendu par la Cour de Cassation dans l’Affaire Sarah Halimi.
Il s’en est expliqué auprès de nos confrères de L’Est Républicain, évoquant le “dysfonctionnement catastrophique de l’instruction” dans cette affaire: “Je ne me sentais pas à l’aise à l’idée de me remettre au travail en tant que Juge en responsabilité et donner la loi au nom du peuple français après une telle décision. Quelque chose clochait. Ce n’est pas moi, ce n’est pas ma façon de rendre la justice”, a déclaré celui qu’on surnomma TGV au vu de sa maîtrise des dossiers qu’il savait rendre rapidement.

S’il concède avoir eu la “chance de travailler avec des magistrats remarquables, Jack Broda, contacté ensuite par Le Figaro, a évoqué sa réaction première lorsque fut rendu le jugement: “Ma première réaction en tant que juge a été de me dire Je rêve !. Pour protester, j’ai décidé de démissionner de mes fonctions. Ma démission a été acceptée et… regrettée.” ( Le Figaro )

Le juge Broda explique la différence entre la loi et l’esprit de la loi et fustige les “réponses automatiques sur un problème judiciaire par le biais d’expertises”: à son sens, l’avis de l’expert doit être corroboré par toutes les pièces du dossier.

Evoquant son expérience en qualité de pharmacien, il s’interroge sur l’utilité d’instituer un nouveau diplôme universitaire d’éthique judiciaire comparable à celui de la médecine.

A son sens, on “n’opine pas du chef face à un rapport d’expertise: Il est nécessaire d’écouter, d’analyser tous les avis à charge et à décharge et ceci ne peut se faire que dans le cadre d’un procès et in fine le tribunal rendra son verdict en son âme et conscience.”

En un mot comme en mille, le juge Broda insiste: la Justice ne doit pas être rendue par les experts.

Enfin, il insiste et répète qu’il s’exprime aussi en tant que Juif face à un assassinat antisémite.

Il conclut en précisant vouloir continuer à croire en l’institution qu’il a “servie pendant plus de 25 ans.”

A son sens, à l’article 122-1 du code pénal qui dit: “N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ces actes“, il suffit d’ajouter: Sauf si ce trouble résulte de la consommation de produit stupéfiantde drogue ou d’alcool.

Pour lui, Nemo auditur propriam turpitudinem allegans: Nul n’est recevable à invoquer sa propre turpitude.

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