Maxime Tandonnet. Déconstruire notre propre histoire

M. le président a déclaré à une chaîne de télévision américaine: “We have in a certain way to deconstruct our own history.” 

Comment analyser cette importante déclaration?

Elle semble se rattacher à l’idéologie de la repentance: il faut passer notre histoire au peigne fin pour se repentir de tout le mal que nous avons causé. Elle est dans la lignée d’interventions passées du chef de l’Etat en Algérie sur la colonisation “crime contre l’humanité“.

Elle s’inspire aussi de l’idéologie dominante sur les campus, les médias et voire le gouvernement américains dite du “cancel culture“.

La société occidentale doit s’excuser en s’agenouillant des maux du passé, esclavagisme, racisme, colonialisme.

Cette idéologie se traduit dans les faits par l’appel au déboulonnage des statues de Washington, Colbert ou Churchill et de toute personnalité suspectée de connivence avec un passé maudit.

Elle se traduit aussi par la réécriture des œuvres littéraires à l’image du roman d’Agatha Christie “Les dix petits nègres rebaptiséIls étaient dix“.

Plus profondément, ce courant se rattache aux idéologies de la table rase : déconstruire l’histoire pour produire un homme neuf, déraciné, débarrassé de sa culture et de la conscience de son identité, ainsi aisément manipulable, un principe qui fut à la source des systèmes totalitaires.

Appliqué à la France actuelle, ce retour à la table rase qui s’exprime dans l’idée de déconstruire l’histoire est dans la continuité d’une logique de désintégration des fondements de la société: suspension de fait de la démocratie parlementaire, affaiblissement des collectivités locales par des coupes sombres, abattement des institutions (l’ENA pour la plus récente) puis déconstruction de l’histoire et aussi de la langue française, comme piliers de la communauté nationale.

Et sur le champ de ruine, engendrer l’amour et la sublimation de l’image du chef.

Mais ce schéma comporte une faille: il suffit d’un rien pour que l’amour-allégeance d’un peuple recherché se transforme en rejet viscéral.

© Maxime TANDONNET

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3 Comments

  1. Macron est un dangereux populiste et extrémiste prêt à tout pour se faire élire. Shame shame shame. Je n’avais pas voté en 2017. Je ne voterai pas en 2022. Ce pays n’est plus la France donc ce n’est plus le mien et le macronisme m’aura aidé à en prendre définitivement conscience.

  2. Macron a certes prononcé la phrase citée.
    MAIS le reste n’est, en l’occurrence, qu’instrumentalisation à des fins politiciennes, sortie du contexte et biaisée.

    Il se trouve que des médias américains importants (que certains qualifieraient sans doute de « gauchistes ») pratiquent du « french bashing » sur fond d’évènements qu’ils s’empressent à considérer, vus de chez eux, comme « raciaux » (Adama Traoré et d’autres).

    Macron avait pour but de faire contrepoids à ça. Il parle aux américains et il fait ce qu’il peut. Sachant que la plupart des américains ignorent (presque…) l’existence d’un monde à l’extérieur de leurs frontières ; ils ne savent pas forcément localiser la France sur le globe, ils s’en foutent et il est difficile de les atteindre.

    Souffrons qu’une interview à la presse américaine n’est pas, et ne peut ni devrait être, une allocution présidentielle destinée aux compatriotes.

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