Delphine Horvilleur, ‘hakham חכם parmi les sages

Albert Bensoussan

En pieuse mémoire de Charley Chalom Zerdoun (z’l) décédé du Covid ce Pessah.

Delphine Horvilleur, femme rabbin autant qu’un homme, fut aux côtés de Haïm Korsia, grand-rabbin de France, aux obsèques de Simone Veil et y récita, selon la volonté de la défunte, le kaddish. Un kaddish à deux voix. La rabbine Horvilleur est coutumière des cimetières où elle assiste régulièrement les morts, et les vivants qui les accompagnent. Vie et mort sont étroitement liées, nous dit-elle dans son dernier livre, un essai des plus lumineux, Vivre avec nos morts (Grasset, 2021, 226 p., 19,50€). Un livre de réconfort, une méditation essentielle et une grande leçon de judaïsme.

Rabbin depuis 2008 au MJLF (Mouvement Juif libéral de France), Delphine Horvilleur s’est fait connaître par son parler clair, son engagement progressiste, un apostolat enflammé qui la conduit partout à parler de judaïsme, de sa conception libérale et des divers problèmes de la condition juive d’aujourd’hui, d’où sont issus de nombreux ouvrages, tous de grand intérêt comme  ses deux derniers essais Comprendre le monde (Bayard, 2020)ou Le Rabbin et le Psychanalyste (Hermann, 2020).

La mort reste le grand sujet de toute sa réflexion sur la vie, et elle nous rappelle utilement, face à l’alternative, la parole sacrée : « Tu choisiras la vie » (Devarim, 30 : 19)

ובכרת־בחיים־למען־תחיה Choisis la vie et tu vivras

Littéralement : tu choisiras dans la vie et dans cette intention tu vivras.

C’est à la science philologique qu’on reconnaît le rabbin averti et Delphine Horvilleur est une excellente philologue, décortiquant les termes hébraïques jusqu’à la racine pour mieux faire apparaître leur sens profond. Ainsi du mot kadosh קדוש qui, pour signifier « saint », désigne dans l’essence ce qui est à part,  à l’écart de l’humain, de telle sorte que le kaddish qui est l’exaltation (en araméen) de la sainteté du Créateur, « fait entrer ceux qui survivent dans un temps à part », et elle déclare très justement que « la disparition d’un être cher… interrompt la linéarité ». La ligne de vie – telle que tracée sur le Grand Livre au soir de Kippour quand s’ouvre la porte de la Grâce, שערי־רצון Cha’aré Ratsone  −, est une ligne discontinue, qui peut se briser à tout moment et qui, de toute façon, s’interrompra. Et certes, toute mort marque une rupture, et c’est bien cela, tout comme la douleur consécutive, que cet ouvrage entend traiter. Et puis, justement, il y a ce terme dor דור, utilisé notamment dans l’expression ledor vador, « de génération en génération », qu’elle rattache au sens premier, désignant le tissage d’un panier ─ ailleurs elle fera le lien entre texte et textile, qu’elle appelle en yiddish Shmat שמאַתע, unissant étroitement le tailleur et l’étude, l’action de coudre et celle d’en découdre avec les mots :

Chaque nouvelle rangée s’accroche à celle qui lui a donné naissance, s’ancre en elle, pour constituer à son tour le support solide de la rangée suivante.

 Vient ensuite, tout naturellement, la symbolique du caillou que l’on dépose sur la tombe et qui, s’il se dit en hébreu ebben אבןs’entend comme père (ab) et fils (ben) liés et impose, dans le lien étroit unissant les vivants et les morts, la pieuse filiation :

Poser un caillou sur une tombe, c’est déclarer à celui ou celle qui y repose que l’on s’inscrit dans un héritage, que l’on se place dans l’enchaînement des générations qui prolongent son histoire.

Cimetière de Safed (photo Déborah Ben Soussan)

Cet ouvrage envisage, en onze chapitres, les différentes attitudes de la ‘hakham face à la mort : si la cérémonie funèbre de Simone Veil, dans la cour des Invalides, redonne vie à la complicité souriante avec Marceline Loridan-Ivens, les deux jeunes déportées Marceline Rozenberg et Simone Jacob composant ce duo émouvant appelé par la première, goguenarde, « les filles de Birkenau », il est d’autres obsèques bien éprouvantes, dont celle du grand frère décédé dont le cadet demande avec insistance : « mais où est –il », en terre ou au ciel ?

 Je ne comprends pas : est-ce qu’il va être dans la terre ou bien au ciel ? Moi, j’ai besoin de savoir où je dois regarder pour le chercher.

 Car il veut le suivre du regard. Mais oui, il est en bas et en haut, tout à la fois, et c’est le sens que donne Delphine Horvilleur au Kaddish, récité devant la tombe :

Les juifs au cimetière disent dans une seule et même prière : les morts sont sous terre et ils sont au ciel, ils sont ici et ailleurs, leur âme immortelle s’unit au divin, mais les disparus n’existent plus que dans nos souvenirs.

Et puis viennent les obsèques de cette amie, si chère, qu’une tumeur au cerveau a emportée, arrachant un sanglot à celle que sa fonction voudrait impassible :

Je devais tenir l’émotion à distance, car son effet sur les endeuillés serait potentiellement dévastateur. Le rabbin ou l’officiant ne peut, ni ne doit, être dans la parfaite empathie avec ceux qu’il épaule. Précisément, il se doit de ne pas faire sienne la douleur de ceux qu’il accompagne, et d’être le pilier d’une verticalité qui les a abandonnés.

Mais au moment où l’amie tant aimée est portée en terre, « dans le chaos d’un monde qui s’effondre », à cet instant, écrit Delphine, la voix étranglée, « il m’a semblé que nous nous tenions tous au pied d’un grand escalier de pierre. Marche après marche, nous l’avons regardée monter ».

L’image est belle et parlante. Non, la mort absolue n’existe pas et l’on évoque toujours dans nos prières l’élévation de l’âme, ce pourquoi on allume près du mort, avant son ensevelissement, une bougie dont la flamme aérienne prend tout son sens. (Même si Lewis Carroll s’interroge : « À quoi ressemble la flamme d’une bougie après qu’on l’a soufflée ? »)

Nous sommes émus aussi de ce fils qui est seul à accompagner sa mère, rescapée des camps et sans aucune famille, car tous sont partis sans laisser de trace, ni de visage. Et cela me rappelle l’épouse ashkénaze de mon neveu Claudy tirant de sous son lit une pleine valise de photos : « Voilà ce qui reste de ma famille disparue à Auschwitz », disait-elle, mais, ignorant qui est qui, ajoutait-elle, « je suis incapable de mettre un nom sous ces visages ». Delphine Horvilleur rappelle là son action, tous les gestes liturgiques, toutes les paroles apaisantes, car elle sait que « l’organisation de la mort raconte d’abord, et avant tout, son refus de l’accepter ».

Peut-on dire que la mort a le dernier mot ? Il n’empêche qu’on s’interroge inlassablement, avec cette inévitable question : Et après ? Après, quoi ? Pour les croyants, la réponse se trouve dans les écritures saintes et la rabbine nous aide à la trouver :

Où vont les morts ? Le seul lieu auquel la Thora fait explicitement référence est un endroit nommé shéol où descendraient les disparus [Genèse, 37 : 35]. S’agit-il d’un territoire ou d’un monde souterrain ? Le texte n’en dit rien. Mais l’étymologie du terme est éloquente. Shéol vient d’une racine qui signifie littéralement « la question ». On pourrait donc l’énoncer ainsi : après notre mort, chacun de nous tombe dans la question, et laisse les autres sont réponse.

שאול

Mais Delphine Horvilleur réservera de s’ouvrir à sa propre émotion en visitant le cimetière de Westhoffen ─ qui fut naguère un haut lieu du judaïsme ─- après sa profanation en 2019 ; et là ressurgit tout son passé familial de petite Alsacienne, née à Nancy, dont une part importante de la famille disparut en « nuit et brouillard », et elle découvre, soulagée, la tombe intacte de son oncle, au milieu du délabrement « gammé ». Elle a alors cette phrase :

La haine antisémite en veut aux Juifs lorsqu’ils sont vivants et leur en veut encore quand ils sont morts.

Justifiant alors l’attitude de Ruth Halimi qui, après le massacre d’Ilan, son fils, par des barbares, fit déterrer son corps pour l’inhumer en Israël car « elle ne supporterait pas que la sépulture de son fils soit profanée». Ce combat-là fait partie des préoccupations de Delphine Horvilleur qui publia aussi, en 2020, ses Réflexions sur la question antisémite.

Un dernier mot, enfin, sur cette femme d’exception, dont le premier livre s’intitulait En tenue d’Ève – Féminin, pudeur et judaïsme (Grasset, 2013), et qui anime, depuis, un atelier et une revue de réflexion sur le « Judaïsme en Mouvement », le bien nommé Tenou’a. Son œuvre unit étroitement féminisme et judaïsme, deux concepts qui, dans le dénigrement et le racisme que l’on sait, se caractérisent par « le manque, le ‘’trou’’, la béance qui menace l’intégrité de la communauté ». Tout ce qui fait tache, comme on sait, est stigmatisé. Dénonçant inlassablement l’intégrisme et la croyance en l’uniformité et la finitude, qu’elle appelle le « Un », elle insiste sur le manque, la faille, l’imperfection qui sont inséparables de la condition humaine, ce qui l’amène à prêcher la tolérance et le plus grand humanisme, pour revendiquer, comme valeur supérieure, l’altérité, le « Deux », le respect de l’autre et le dialogue. Bien qu’elle soit si jeune, Delphine est une mamma juive exemplaire, une yiddishe mame  יידישע־מאמע , dont tout homme ─ moi le premier, presque aussi vieux qu’Abraham qui m’a donné son nom ─ rêve d’être bercé par la voix.

Et en hommage, pour elle qui aime tant les histoires, contes et légendes dont elle nourrit si agréablement son discours, je rapporte ce récit accordé à ce mois de mars qui célèbre la femme. En titre : « L’homme dans la mehitsa », et c’est une pierre blanche rapportée d’Israël.

La racine hébraïque hetsi חצי (moitié) signifie coupure en deux et séparation. Il s’agit de partager en deux la chair initiale, qui fut Adam, l’homme de glaise créé mâle et femelle, avant que le Créateur ne n’avisât qu’il n’était pas bon pour lui d’être seul (levad) ; alors Il préleva un bout de sa chair, une côte (tsel’a),  et en modela Ève, définie par le premier homme comme « chair de ma chair » (bassar mi bassari). Autrement dit hetsi-hetsi, chacun étant, en somme, la moitié de l’autre, et c’est la définition du couple. Mais par la suite, l’Histoire, sous toute latitude, n’a cessé de séparer ces deux corps jumeaux et de les opposer. Depuis ces temps anciens où les prêtres, codificateurs des Lois et régisseurs de la Cité juive, ont jugé bon de séparer radicalement l’homme de la femme dans l’exercice du culte. Au nom d’une prétendue impureté féminine et cette archaïque erreur qui a fait croire que la matrice féminine, dont le nom hébraïque − rahem רחם − signifie au pluriel « miséricorde » − rahamim −,  pouvait être  réceptacle de souillure, alors qu’elle est nid de toute vie. En hébreu, la divinité est une matrice bienveillante. Cette séparation porte un nom : mehitsa מחיצה, mot qui signifie « cloison ». Et en effet, à défaut de tribune supérieure qui met la femme loin de l’homme, un rideau-frontière sépare hommes et femmes.

il semble bien qu’il s’agisse là d’une coutume médiévale, qui n’est pas recensée par Joseph Caro qui, dans son Choul’han Aroukh, codifia au XVIe siècle l’organisation du culte. Mais la mehitsa, non mentionnée dans la Torah, fait partie de la halakha, ou code des usages (du verbe yalakh ילך, marcher, être en chemin). L’assemblée des fidèles doit être dans le droit chemin, les hommes ne seront pas distraits des prières au contact des femmes, perçues comme séductrices.

Aujourd’hui de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette séparation, cette exclusion, et l’imputer au machisme. Dont celles du judaïsme libéral. Aux Amériques, depuis belle lurette, la mehitsa a été presque partout mise à bas. Au demeurant, qui ne se souvient de Rachi, notre plus grand ’hakham ? On dit que, comme il n’avait pas de fils, ces trois filles étudièrent avec lui; et l’une d’elles, dit-on, pouvait même lire la Torah en synagogue, en revêtant talit et tephillines. Yentl, ce beau film de et avec Barbra Streisand, sur un conte d’Isaac Bashevis Singer, brosse le portrait de cette femme juive exemplaire, grimée en garçon pour pouvoir étudier en yechiva et qui récite le kaddish sur la tombe de son père. Et maintenant l’anecdote :

 Un soir, à Netanya, ma sœur, qui avait fait son alya, me dit : je dois aller suivre un Dvar Torah, à la synagogue séfarade de… (je ne sais plus quel en était le rabbin, car, justement, je fus exclu de la réunion). Alors nous nous rendons au Kikar, je monte avec elle l’étroit escalier qui mène à l’oratoire, et nous pénétrons dans une salle coupée en deux : côté hommes, on était encore en pleine prière d’arvit, ce qui fait que je me suis joint aux hommes et que ma sœur a gagné, sur le côté gauche, la mehitsa, une assez belle clôture en bois ajouré, permettant de voir sans être vu.

Et donc, dans cette synagogue de Netanya, à la fin de la prière du soir, les hommes s’en vont et le rabbin reste. Alors je m’approche et lui demande s’il y a bien un cours d’instruction religieuse ce soir et si je peux le suivre : « Oui et non », me répond-il avec un sourire spécifiquement talmudique. Qui peut douter qu’à toute question le sage versé dans les écritures puisse répondre autrement ? Car en toute chose qui peut dire oui et qui peut dire non ? « Oui », m’éclaire-t-il, je fais un cours religieux. « Non », ajoute-t-il, vous ne pouvez pas y assister car il est réservé aux femmes. Déjà ma sœur s’est approchée et de nombreuses femmes montent l’escalier, envahissant l’oratoire. Il se produit alors cette chose étonnante : toutes les femmes s’installent à la place des hommes du bon côté de la synagogue, et moi je suis sommé par le rabbin, puisque j’insiste pour rester, d’aller rejoindre le coin des femmes, autrement dit la mehitsa. C’est donc derrière la cloison ajourée, et de façon un peu lointaine, que j’ai suivi ce cours qui portait sur la cacherout, le salage de la viande, les usages alimentaires, la diététique selon Maïmonide − un médecin des plus éclairés qui prescrivait, comme les diététiciens de nos jours, de manger les fruits en entrée plutôt qu’au dessert et de s’abstenir de boire au cours du repas −, en somme, tout ce qui doit préoccuper la femme juive dans une société qui, pourtant, partage ou échange de plus en plus les rôles au sein du foyer.

Et moi, qui suis si souvent aux fourneaux et connais tous les rites de la cacherout, je dois, depuis mon réduit, tendre l’oreille pour ne pas perdre une miette de cet enseignement à usage féminin. Le rabbin, peu soucieux de savoir, d’ailleurs, s’il m’arrive de faire bouillir la marmite et de tenir ma maison, m’expédie dans la mehitsa : « Prenez un Tehilim en attendant et lisez les Psaumes ». Par bonheur, j’ai tout suivi de son cours et retenu que le pain reste l’aliment sacré et suffisant des Juifs, que le banquet dont Jethro régala Moïse, son gendre, au chapitre 2 de Chemot n’était composé que de pain: veyokhal lahem « qu’il mange du pain ». J’apprends aussi que la manne était une sorte de pain tombé du ciel, et que le mot man, en hébreu, signifie tout bonnement « qu’est-ce ? », car les Hébreux au désert, qui découvrent au matin cette drôle de condensation de la rosée, s’interrogent : Man hou ? = « Qu’est-ce que c’est que ça ? », et Moïse répond : « C’est le pain que Dieu vous a donné en nourriture ». Quelque chose comme du pain, donc, un substitut avantageux parce qu’il se dépose sur les champs sans qu’on n’ait rien à faire sinon le cuire : « C’était comme une graine de coriandre blanche et elle avait le goût d’une galette au miel », précise Moshé Rabbénou. La conclusion c’est qu’à l’inverse d’une certaine diététique qui fait aujourd’hui la chasse au gluten, le pain est bon pour nous. Le rabbin averti ajoute, néanmoins : du pain complet ! On voit que cet homme s’y connaît en cuisine et qu’il est, même, peut-être, comme tant d’Israéliens, adepte du bio.

Et une qui est toute fière d’être là, c’est son épouse, assise au premier rang, et qu’il n’a pas manqué de présenter à toute l’assemblée féminine. Sur la fin, en bon Juif, je me suis posé une question : pourquoi était-elle là, elle qui, dans le privé, avait déjà tout appris de son rabbin de mari ? En amateur de pilpoul − ce terme hébraïque, unissant pil, l’éléphant, et poul, la fève, signifie tout bonnement faire prendre un éléphant pour une fève, et vice versa, autrement dit des vessies pour des lanternes ; encore qu’une interprétation probablement plus juste fasse dériver pilpoul du mot hébraïque pilpel, qui signifie poivre (felfel, dans l’arabe que parlait ma mère), et cela tombe à merveille pour notre petite cuisine aussi talmudique que pimentée −, en adepte du pilpoul, donc, et fier de mon initiation talmudique, je sais qu’il y a forcément trois raisons à la présence de l’épouse dans cette assemblée : primo, elle est là pour garantir que son mari − son « homme » − ne présente aucun danger pour les autres femmes, qui sont seules et à sa merci : interprétation possible du yi’houd  ייעוד qui interdit à toute femme de se trouver en présence d’un homme étranger dans un lieu clos ; secundo, elle est là pour surveiller ces femmes qui s’intéressent tellement à son mari qu’elles ne le quittent pas des yeux et multiplient les questions : et si on n’a pas d’eau pour laver la viande, comment fait-on ? Réponse : on peut la laver avec du jus de fruit, à condition que ce ne soit pas de raisin ou d’agrume, parce que l’acidité ferait déjà cuire la viande avant qu’elle n’ait dégorgé de son sang, enfin ce genre de questions tordues et de réponses dans le coin. Oui, l’épouse attentive veille au grain et ne tient pas à ce qu’une de ces mousmés te le vampent, ce rabbin jeune et bien fait de sa personne ; tertio, si le rabbin a envie de zyeuter l’une d’elles ou s’il a tapé dans l’œil de celle-ci, la présence de l’épouse légitime ne changera rien à l’affaire. De toute façon, ce qui est écrit est écrit :

מה־שכתוב־הוא־מה־שכתוב

Alors moi, clôturé dans cette mehitsa, connaissant pour la première fois de ma vie une expérience féminine dans un lieu de culte, je me sens bien seul. Nourri, cependant, de tout ce discours biblique, qui me fascine, me séduit et m’enchante, la Torah promettant toujours monts et merveilles, je range l’alibi des Psaumes, croise les doigts et m’écrie en me rappelant cette phrase culte de Berechit qui a décidé du destin de l’humanité : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » Lo tov heyot ha-adam levado  (Berechit, 2:18) … soit seul dans la mehitsa. Mais voilà que toutes les femmes se lèvent et s’en vont en commentant bruyamment ce cours de cuisine talmudique − et ma sœur vient me tirer de là en me tendant une main secourable à l’entrée de la « cloison » : sans y pénétrer pourtant, car, n’est-ce pas ? dit-elle, « c’est bien assez de devoir endurer la clôture tous les Chabbat que D.ieu fait ! »

Avroum Bar Shoshan (Albert Bensoussan)

Merci à Albert Bensoussan, Delphine Horvilleur et Marc Brzustowski de permettre à TJ de s’associer à cet hommage

Publié par brzustowski dans Terre-des-Juifs.com

Ce site traite de l’actualité et des évolutions géopolitiques au Moyen-Orient, de la société israélienne et de la diaspora juive

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