Daniel Rodenstein. Suis-je un danger pour mes frères humains ?

Il s’agit d’une question très simple. J’ai été contaminé par le SARS-CoV-2. Quoique la chaîne de contamination me soit inconnue, et indépendamment du fait que je suive aussi bien que possible les règles édictées par la ministre de l’Intérieur, le fait incontestable est que j’ai eu le Covid19 en 2020. Plus précisément le 4 novembre. Je m’en souviens, car on votait ce jour-là aux USA.

J’ai été assez malade deux semaines, mais n’ai pas eu besoin d’encombrer les lits de l’un ou l’autre hôpital, car mon oxymètre a montré à tous moments des chiffres au-dessus de 94%. Le prélèvement PCR fait par mon médecin traitant dans mon pharynx a relevé la présence du Coronavirus SARS-Cov-2. Le prélèvement sanguin fait par le même médecin traitant au mois de février 2021 a montré la présence d’un taux élevé d’anticorps contre le Coronavirus. De plus, ce jeudi 11 mars j’ai eu une première dose de vaccin Pfizer-BioNtech.

Jusqu’au 3 novembre 2020, je représentais un danger pour quiconque s’approchait de moi à moins de 150 cm et/ou ne portait pas de masque et/ou que je ne portasse pas de masque non plus. Car je pouvais être, sans le savoir, à mon insu, malade asymptomatique et dès lors transmettre, toujours à mon insu et de plein gré, le dangereux virus à l’autre personne. De plus, quiconque j’approchasse moi-même dans les mêmes circonstances pouvait représenter un danger pour moi-même pour les mêmes raisons.

Cependant, depuis cette date et a fortiori depuis la démonstration de la présence d’anticorps et d’autant plus que j’ai été vacciné, je ne crains plus d’être atteint, surtout que les réinfections sont rarissimes.

Et voici la très simple question : alors que j’ai été un danger pour mes frères humains en 2020, est-ce que je reste actuellement un tel danger en 2021?

Pour répondre à la très simple question, il suffit de regarder ce que l’on sait au sujet de la transmission du Covid19 parmi les survivants à une infection ou parmi les personnes vaccinées (il y en a plus de 30.000.000). Curieusement, après 15 mois de pandémie, 120 millions de personnes testées positives, et 2.500.000 de morts, il n’y a pas, dans la littérature médicale, de réponse à cette question. Il n’y a simplement pas de données. On ne sait rien et on ignore tout.

Est-ce que je dois dès lors sortir de chez moi le moins possible, garder mon masque en toute circonstance, m’exposer sans compter au gel hydro-alcoolique et éviter d’approcher quiconque à moins de 150 cm ? Ou bien puis-je sortir allègrement de chez moi chaque fois que l’envie me prend, laisser tomber enfin le masque qui masque aux autres mon visage, m’approcher et prendre dans mes bras mes amis, donner la main à mes connaissances ?

Il semble que d’après le Conseil supérieur de la santé, le ministre ayant la santé publique dans ses attributions, Sciensano, Madame Vlieghe, Messieurs André, Van Ranst et consorts et surtout d’après ma ministre de l’intérieur, le fait d’avoir été malade de Covid, d’avoir des anticorps et d’avoir déjà reçu une première dose de vaccin ne change rien à ma dangerosité. Cependant, comme j’ai constaté qu’on ne sait rien de cette affaire, ni si je reste dangereux ni si je ne le suis plus, alors je me dois de tirer la conclusion que ces avis et cette injonction ministérielle assortie de sanctions ne reposent sur rien. Il n’y a aucune donnée qui permette à la ministre ni à quiconque d’ailleurs d’affirmer cela ou tout son contraire.

En peu de mots, une décision ministérielle assortie de sanctions prise sans aucune justification matérielle, ne se basant sur aucune donnée scientifique ou empirique, s’appelle de l’arbitraire même si elle est camouflée de principe de précaution. Je suis donc contraint de suivre des règles arbitraires édictées par un gouvernement arbitraire suivant le bon vouloir de la ministre de l’Intérieur. Qui aurait pu tout aussi bien me forcer à m’habiller en jaune fluo, teindre mes cheveux en jaune fluo, ou porter des lunettes jaune fluo. Chacune de ces mesures serait basée sur le bon vouloir de la ministre sans aucune base empirique ou scientifique, sans aucune justification. Suis-je obligé d’obéir à une loi arbitraire sans justification ? Je ne le pense pas. Et crier aux circonstances exceptionnelles et à l’urgence pour adopter des mesures arbitraires, non proportionnées, non calibrées, aspécifiques est devenu non seulement absurde, mais même ridicule.

Suis-je donc un danger ? Personne n’a de réponse. Il me revient donc de décider, et d’agir selon ma meilleure réflexion. Il me revient de décider que porter un masque dans une rue peu fréquentée par un jour venteux est tout simplement stupide. Il me revient de décider de porter un masque en face d’une personne qui a peur du Covid et qui souhaite être protégée, comme de ne pas en porter dans toute autre circonstance, vu que personne ne peut m’accuser sciemment d’être un danger ambulant. Il me revient de ne pas protéger mes amis qui me savent non contagieux et qui ne demandent pas à être protégés.

Ma réflexion peut être étendue à beaucoup d’autres décisions imposées arbitrairement à tous les Belges sans justification scientifique ni empirique. Comme d’empêcher plus de 15 personnes de se tenir ensemble dans un bâtiment pouvant accueillir 100, 300, 400 ou 1000 personnes (je pense au Palais des Beaux-Arts, à la cathédrale Saint Michel et Gudule, à Forest National…).

Si mon épouse (tout aussi non contagieuse que moi) et moi nous pouvons nous asseoir, masqués, en face de deux inconnus à risque pendant une heure dans un tram ou un métro, pourquoi ne pouvons-nous pas nous asseoir l’un en face de l’autre, aussi non masqués qu’à la maison, à la terrasse d’un restaurant ?

On peut multiplier les absurdités sous-jacentes à presque toutes les décisions arbitraires auxquelles nous sommes censés obéir depuis plus d’un an. On peut pointer le manque de justifications scientifiques ou empiriques pour chacune d’entre elles. Dans quel cerveau, digne du régime de Ceausescu, a germé l’idée d’obliger les adultes prenant le train vers la côte (sauf les jours d’école) de s’asseoir côté fenêtre même s’il est seul dans un wagon? Personne dans le Comité de concertation n’a ressenti de la honte à mettre sa signature en bas d’une décision aussi farfelue et stupidement dictatoriale?

Le fait que nous ayons voté et que de ce vote ait surgi un gouvernement démocratique n’empêche pas de reconnaître la dérive arbitraire et menaçante qu’a pris ce même gouvernement. Qu’en même temps un obscur organisme échappant à toute tutelle démocratique se propose (si ce n’est déjà fait) de réunir dans une seule main toutes les informations dont chaque administration publique ou semi-publique dispose sur chaque sujet du royaume, donnant lieu à un petit Big Brother de province, ne peuvent pas, dans l’ambiance actuelle, nous laisser indifférents.

Nous devons récupérer notre libre arbitre, notre respect à des lois justifiées, proportionnelles et raisonnables, et notre refus de lois injustifiées, arbitraires, ridicules ou stupides.

©  Daniel Rodenstein – Médecin retraité

Source: Le Vif

https://www.levif.be/actualite/belgique/suis-je-un-danger-pour-mes-freres-humains-carte-blanche/article-opinion-1406569.html?fbclid=IwAR047QTWpno6a9SDyp7twpaQC2VYvCE9q1wdAdL8vdY9WXtk_cPkVHvgl5c&cookie_check=1616522631

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1 Comment

  1. J’ignore si ce Daniel Rodenstein, médecin retraité, est un « danger pour ses frères humains ».
    Je mourrai dans l’ignorance car j’ai mille autres choses à faire que de lire ce texte interminable.

    Aucun doute que l’essentiel aurait pu être dit avec le quart des mots ; mais en Belgique (c’est le cas de cet article) le bavardage semble être moins sévèrement puni qu’en France (à en juger d’après la logorrhée caractéristique de tout ce qui vient de là-bas dans ces colonnes).

    MAIS j’ai quand même lu le premier paragraphe. Conclusion : les élections US c’est le 3 novembre, pas le 4.

    Après, j’ai arrêté de lire.

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