La mort de Benjamin Orenstein, survivant d’Auschwitz et Passeur de Mémoire, nous plonge dans la peine

Benjamin Orenstein, militant de la mémoire et l’un des derniers rescapés d’Auschwitz, est décédé la nuit dernière.

Né le 4 août 1926 dans une famille juive de Pologne, Benjamin Orenstein était âgé de 94 ans. Il n’a pas encore 15 ans quand, à l’été 1941, il prend la place de son père interné dans un camp de travail à Ieniszow, à quelques kilomètres du village où il a vu le jour, en 1926. Il sera déporté à Auschwitz le 4 août 1944, jour de ses 18 ans.

Au début de l’année 1945, il quitte Fürstengrube, l’un des plus grands camps externes dépendant d’Auschwitz, pour participer à ce que les historiens ont appelé la marche de la mort. Lorsqu’il rejoint le camp de concentration de Dora, il ne pèse plus que 32 kilos: il a retrouvé la liberté. Nous sommes en avril 1945.

Celui qui aura connu pas moins de sept camps de concentration entre ses 14 et 20 ans, âge de sa libération, ne cessera, sa vie durant,  de rappeler … la chance qu’il a eue, seul survivant d’une famille qui comptait Nahum et Tova, ses parents, Haim, Jacob, Léon et Hinda, ses frères et sœurs, mais encore sa tante, sa nièce, âgée seulement de 8 mois.

Evacué en Suisse, Benjamin Orenstein assistera à la naissance de l’Etat hébreu : Il a en effet rejoint un kibboutz à Haïfa et participera au premier conflit israélo-arabe.

On le retrouvera en 1951 à Lyon, où il sera commerçant puis tailleur et fondera une famille.

Celui qui s’était promis de ne plus jamais mettre les pieds en Pologne deviendra, révulsé par la montée du négationnisme et après le procès de Klaus Barbie, un important témoin de la mémoire auprès de groupes scolaires qu’il accompagnera à Auschwitz. A savoir : lui-même ne se rendra qu’une seule fois sur le charnier polonais où ses frères furent exécutés. Dans son village natal, les maisons ayant appartenu à des Juifs étaient occupées par des descendants des anciens voisins polonais : ils ne savaient rien du passé.

Dans un portrait que lui consacra Le Monde l’an dernier, à l’occasion des 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, il déclara que Lyon, capitale de la Résistance, était devenue la capitale des négationnistes : Il n’y a pas eu de génocide ni de chambre à gaz, disent-ils. Alors, où sont les miens ?

Se confiant sur sa vie, il expliqua vivre au quotidien avec la Shoah et tenta d’expliquer ce qu’était la peur: Un bruit, un chant, un cri me rappelle quelque chose. On a souffert de la faim, n’essayez même pas d’imaginer, de la soif, c’est encore pire. Mais la souffrance la plus dure, qui laisse des traces à tout jamais, c’est la peur. Elle m’a marqué pour la vie. Aujourd’hui encore, je sursaute quand on crie derrière moi, quand on me touche.

Aujourd’hui, ils sont nombreux à lui rendre un hommage appuyé :

Benjamin Orenstein attendra 48 ans pour mettre en 2006 des mots sur cette horreur à travers un ouvrage intitulé “Ces mots pour sépulture” : J’étais entré Benjamin Orenstein, je sortais matricule B 4416, y écrira-t-il.  Une pièce de théâtre sera mise en scène par la Compagnie Intrusion.

Une Pluie d’hommages le salue

De nombreux internautes lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. Nous n’entendrons plus son merveilleux accent yiddish. Le matricule B4416 ne répondra plus. Désormais la mémoire va être encore plus difficile, déclare celui-là de ses amis, cet autre évoquant le courage exceptionnel qui l’avait toujours animé auquel s’ajoutait une générosité toujours en éveil : C’est une grande, une merveilleuse figure qui disparaît. Un autre ajoute : Charge à nous tous que cette mémoire ne s’efface pas…

Il était entier, drôle, courageux. Benjamin a été pour moi un modèle d’engagement. Il laisse un vide immense. Que la terre lui soit légère et son souvenir source de bénédiction, écrit Sacha Ghozlan, tandis que l’UEJF salue  un militant de la mémoire. Un militant de l’UEJF même. Il était drôle, taquin, courageux, engagé. Nous l’aimions.

Il racontait souvent, comment, depuis la JudenRampe, il demandait : « Où est D.? » Peine infinie, a tweeté Patrick desbois.

En ce 10 Février 2021, j’ai comme l’impression d’avoir perdu une seconde fois un père.

Benjamin Orenstein, sois en sûr, notre famille continuera à préserver le combat, ton combat que tu avais transmis à notre cher et regretté père de préserver à tout jamais « La mémoire ». Repose en paix, écrit Ilan Partouche,

L’inhumation aura lieu demain jeudi 11 février à 11H au cimetière de la Mouche, 69007 Lyon

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