Joe Biden et les promesses non-engageants qui devront être confirmées par des actes

Hier le département d’État américain a annoncé que l’administration Biden adoptait et défendait la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, International Holocaust Remembrance Alliance, définition devenue sujet de discorde entre les organisations juives traditionnelles et progressistes en Amérique.

L’annonce faite par la voix de Kara McDonald, sous-secrétaire d’État adjointe à la démocratie, aux droits de l’homme et au travail, saluait le nombre croissant de pays et d’organismes internationaux qui l’appliquaient et exhortait tous ceux qui ne l’avaient pas fait à faire de même : Nous devons nous instruire, ainsi que nos communautés, afin de reconnaître l’antisémitisme sous ses nombreuses formes, afin que nous puissions appeler la haine par son nom et prendre des mesures efficaces. C’est pourquoi la définition de l’antisémitisme de l’IHRA est un outil si précieux, a-t-elle déclaré lors d’une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

Pour rappel, l’IHRA, organisation intergouvernemental, fondée en 1998,  regroupant gouvernements et experts dans le but de renforcer et promouvoir l’enseignement de la Shoah, la recherche et la mémoire et comptant quelque 31 membres, majoritairement Etats membres de l’UE dont la France mais aussi les Etats-Unis, Israël et le Canada, écrivit ladite définition dans un document de 500 mots suivi de 11 exemples concrets où est stipulé que L’antisémitisme était une certaine perception des juifs, pouvant s’exprimer par de la haine à leur égard et que Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme étaient dirigées contre des individus juifs ou non-juifs et/ou leurs biens, contre les institutions de la communauté juive et contre les institutions religieuses juives, Définition de l’antisémitisme non contraignante et dite de travail qui, chacun le sait, si elle fut  adoptée dès le 26 mai 2016 par des dizaines de pays[1] et une liste croissante d’organisations et d’universités pour aider à surveiller, enseigner et combattre l’antisémitisme, n’en reste pas moins objet de discorde concernant ses dispositions concernant Israël, même si le document de l’IHRA se veut un guide destiné à mieux identifier les incidents antisémites, dont il rappelle qu’il peut être exprimé par le biais de discours, d’écrits, de formes visuelles et d’actions, et, faisant appel à des stéréotypes sinistres et des traits de caractère négatifs, prendre la forme de théories conspirationnistes, mais précise encore que l’Etat d’Israël, perçu comme une collectivité juive, peut aussi être la cible de ces attaques.

Ladite définition étant complétée par une série d’exemples, destinés à l’illustrer  – et donc à permettre de mieux identifier les actes antisémites. Parmi ces exemples, sont notamment cités : les mythes sur une conspiration mondiale juive, le négationnisme, sous toutes ses formes (y compris l’accusation faite contre les Juifs et/ou Israël d’exagérer l’holocauste. Pour rappel, si parmi ces exemples, plusieurs sont en rapport avec l’Etat d’Israël, les termes de sionisme et d’antisionisme ne figurent guère dans la déclaration, le but recherché étant, nous dit-on, de ne pas empiéter sur la liberté d’expression. Ainsi, le document précise bien que « les critiques à l’égard d’Israël comparables à celles exprimées à l’encontre d’autres pays ne sauraient être qualifiée d’antisémites, mais que seont dénoncés la négation du droit à Israël d’exister, toute comparaison avec le nazisme, l’usage de stéréotypes antisémites pour caractériser Israël, ou encore le fait de tenir les juifs de manière collective pour responsables des actions de l’Etat d’Israël.

A noter : Cette définition n’est pas juridiquement contraignante , la loi réprimant déjà les crimes et délits commis à raison de l’origine ou de la religion.

Loi qui, ne mentionnant aucune origine ni religion nommément, ne crée de facto pas de nouveau délit, et ne vise donc absolument pas à réprimer l’antisionisme.

Rappelons que le Parlement européen a adopté le 1er juin 2017 une résolution sans effet contraignant appelant les Etats membres de l’UE à adopter et appliquer la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, et que la Roumanie, l’Autriche, la Bulgarie, l’Allemagne et le Royaume-Uni furent les premiers à émarger avec l’Etat hébreu.

La France a endossé officiellement la définition de l’IHRA via le discours du PR lors du dîner du CRIF de février 2019, entérinant le discours prononcé le 16 juillet 2017 lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv.

Rappelons enfin que le 26 novembre 2020, la FIDH, Fédération internationale pour les Droits humains, s’était interrogée sur ” cet amalgame dangereux visant à confondre … boycott et antisémitisme”


[1] L’Argentine en juin 2020, l’Espagne en juillet 2020.

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