Pierre Saba – Tunisie archaïque

L’article du 18 janvier 2021 d’un ressortissant tunisien paru sur un site tunisien évoqué par André-Simon Mamou est particulièrement édifiant sur les plans des mensonges – ignorance, du mythe, de la culpabilité-punition, de l’erreur et de la mansuétude.

1- Mensonges-ignorances

L’auteur affirme, que l’humoriste français d’origine tunisienne Michel Boujenah a dit ne pas connaître les raisons du départ des Juifs tunisiens de Tunisie.

Il ment ou ne maîtrise pas le sujet qu’il évoque et qui constitue le socle de son texte !

Non seulement Michel Boujenah n’a jamais rien dit de tel, mais il a expliqué en une émission télévisée française devant l’ambassadeur de Tunisie en France en poste à l’époque, les tourments, les agressions, les pogroms subis par les Juifs de Tunisie et qui les ont conduits à l’exode.

Comme si la vacuité de ce fantaisiste ne suffisait pas, Boujenah a joué dans un film qui relate notamment ces violences antisémites de 1967 (Le nombril du monde 1993)

Les Juifs de Tunisie, et parmi eux les Tunisiens juifs, n’ont pas échappé à la vindicte politique des régimes arabes qui poussaient leurs peuples à canaliser les mécontentements populaires en adoptant les thèses génocidaires qui niaient le droit d’exister à Israël. Ils procédaient ainsi à une solidarité de haine qui se vengeait des victoires militaires israéliennes sur les civils juifs. Ni les protestations de pure forme ni les réserves publiques du président Bourguiba envers la politique arabe hostile à Israël, ni les mesures de police et de protection des Juifs n’ont empêché ces « farhud » (pogroms)

Chacun sait cela, et surtout en Tunisie.

Si ce Tunisien ne le sait pas, s’il ne connaît pas l’Histoire de son pays, s’il invente ou s’il rédige par ignorance, il devrait vérifier ses sources avant d’appuyer sa « thèse » sur des mensonges ou des ignorances.

2- Le mythe

Le texte repose sur le mythe sous-jacent et apparent du départ des Juifs heureux en Tunisie pour un devenir piteux en Israël entendu comme Etat exclusivement occidental.

L’ auteur révèle ainsi sa méconnaissance sociale, historique, politique de la démocratie israélienne dont les difficultés sont de loin inférieures à celles qui règnent en Tunisie!

3- La culpabilité-punition

Comme toujours dans le discours de haine antisémite et anti-israélien, le texte illustre la culpabilité des Juifs (fuite de Tunisie contraire au patriotisme…) et la culpabilité (installation dans un Etat immoral : Israël, misère des rescapés de la Shoah…)

L’ironie de l’auteur n’est pas au niveau des dossiers qu’il évoque. Aussi difficiles que soient les situations sociales de certains israéliens, elles n’atteindront jamais l’affre social que constitue la misère effroyable qui règne en Tunisie dans la majorité de son peuple.

Il désigne en sarcasme Djerba comme lieu d’accueil pour des Juifs miséreux. Qu’il commence par condamner la profanation du cimetière juif de Tunis-centre, excavé et transformé en jardin public.

Le moment est particulièrement mal choisi par l’auteur, puisque les injustices sociales sont dénoncées et réprimées en ce moment dans son propre pays.

4- L’erreur

L’auteur adopte le dogme anti-israélien du régime en place en Tunisie. Il condamne les accord diplomatiques israélo-arabes. Il invoque les intérêts palestiniens que ces accords laisseraient de côté en les oubliant.

Il omet les agressions palestiniennes lancées et perdues contre Israël, les refus successifs palestiniens des offres territoriales israéliennes (Jerusalem, Judée-Samarie, etc), la responsabilité des dirigeants palestiniens dans le maintien de la situation de paix-guerre avec Israël, les accords de Camp David et leurs attributions territoriales en faveur aux palestiniens, les aides israéliennes aux populations palestiniennes, etc.

Cet auteur est fantaisiste. Il est aussi malin, ce qui ne signifie pas qu’il soit intelligent.

Il omet surtout la responsabilité des dirigeants arabes des guerres lancées et perdues contre Israël. Il feint de considérer Israël comme responsable des échecs palestiniens alors que ces derniers en sont les responsables exclusifs en compagnie des Etats qui comme la Tunisie, au sein de la Ligue des Etats arabes, ont toujours refusé à Israël le droit de vivre et de vivre en paix.

5- La mansuétude

Ce genre de textes repose sur les erreurs, la propagande, la manipulation, l’incompréhension, le soutien aux régimes autoritaires, la peur de l’autre, et autres éléments d’une morale fixe et meurtrière.

Cet auteur efface la mansuétude et la générosité des Juifs de Tunisie à l’égard de leurs anciens concitoyens. Ils ne tiennent pas rigueur à leur patrie qui les a chassés sur la base de haine raciale, confessionnelle et de vengeance militaire à l’encontre de civils.

Il ne connaît ni l’Histoire de son pays ni celle des Tunisiens juifs. Ces méconnaissance -ou propagande ne lui permettent pas d’évaluer l’inanité de ses prétentions. Il n’est pas isolé. Il participe de la doxa de son pays et de ceux qui s’enferment, qui interdit toute dissonance qui remette en question des lignes politiques contraires aux intérêts généraux et au bénéfice exclusif d’une poignée de manipulateurs.

L’enjeu qui consiste à accuser, culpabiliser, ostraciser les Juifs, ici de Tunisie, comporte le volet essentiel de l’autocratie des idées et du pouvoir.

Ce texte est erroné, faible, inconsistant. Il relève et révèle l’usage de la haine comme méthode de pensée. Il représente l’archaïsme des mots, des idées, et d’un complexe de supériorité morale qui ne résiste ni à l’analyse, ni à la synthèse!

Pierre Saba

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