Myriam Peretz, Prix Israël 2018 : une piqûre d’espoir de vie

Voici un discours prononcé le 29.12.20 par Myriam Peretz, lauréate du Prix Israël 2018, lors d’un congrès d’enseignants, après avoir été vaccinée contre le Covid19.

“En plein cœur de toute difficulté, se cache une opportunité.” (Albert Einstein)

« Qu’ai-je appris du Covid19 ? Qu’il ne faut jamais perdre l’espoir. J’ai appris, pour la énième fois, que l’homme a la possibilité de changer le monde. Il y a des moments de la vie qui sont gravés à jamais dans notre mémoire. Comme ce moment où je suis arrivée au Centre Aréna à Jérusalem, où je suis rentrée dans la salle de soins de l’infirmière Shani Louvton, et lui ai tendu mon bras avec confiance, c’était un de ces moments précieux. Un moment qui symbolise pour moi, mon espoir mais aussi notre espoir infini de pouvoir réintégrer notre quotidien qui s’est complètement déstabilisé.

C’est ainsi que j’ai entamé ce parcours, tant espéré pendant neuf mois, ce parcours où au bout de cinq semaines, avec l’aide de Dieu, je serais vaccinée définitivement contre le Covid19.

Au premier abord, il y a de quoi s’étonner: pourquoi toute cette agitation autour d’un vaccin ? C’est une simple piqûre, pourquoi en faire tout un drame?

En fait, pour nous personnellement ainsi que pour une multitude de gens à travers le monde, ce vaccin est une piqûre d’espoir de vie. Shani, cette chère infirmière, m’a injecté la possibilité de continuer à vivre. Lorsqu’elle eut fini de me vacciner, je n’ai pu m’empêcher de lui embrasser la main.

Grâce à ce vaccin, je pourrais voir mes petits-enfants sans aucune restriction, les enlacer et rattraper tout ce dont le Covid19 m’a privée. Il m’a privée de rencontres familiales et m’a laissée seule à ma table de Shabbat, face à un seul et unique couvert. Et tout à coup, lorsque que j’ai reçu cette piqûre, j’ai vu ma table se remplir à nouveau.

Le Covid19 m’a également empêchée de parcourir notre pays du nord au sud afin de rencontrer notre peuple merveilleux. Des jeunes, des combattants de Tsahal, des volontaires ainsi que la génération des pionniers.

Ces rencontres auxquelles je suis habituée et qui font partie de mon quotidien, m’ont été strictement interdites ces derniers mois.

Et maintenant, je caresse à nouveau l’espoir de voir la fin de cette période difficile.

Je n’ai pratiquement pas fermé l’œil pendant la nuit qui a précédé le vaccin. Le matin, je me suis levée et ai allumé une veilleuse avant de sortir de la maison. J’ai prié pour tout le peuple d’Israël et pour moi-même. J’en ai fait tout un cérémonial. C’est un évènement exceptionnel, extrêmement émouvant, oui je sais que je me répète, mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est un petit évènement qui éveille un immense espoir.

Cet espoir est également celui qui se cache derrière cet évènement. L’espoir qui ne nous permet pas de nous relâcher et nous décourager pendant les périodes difficiles que nous traversons, cet espoir qui fait naitre en nous une foi infaillible en la capacité humaine de changer le monde, de l’améliorer et de surmonter toutes les difficultés qui se dressent devant nous.

Pendant que j’étais en file d’attente, je me suis remémorée ceux qui nous ont malheureusement quittés aussi bien en Israël qu’à travers le monde. Certains d’entre eux sont mes amis, qui n’ont même pas eu droit à une dernière étreinte. J’ai senti que j’avais de la chance et je fus imprégnée d’un sentiment de reconnaissance envers cette organisation gigantesque, envers l’état d’Israël et envers ses dirigeants qui nous ont fourni ces vaccins, envers ces dispensaires et ces hôpitaux qui mènent cette opération avec beaucoup de conviction, envers les infirmières et les médecins qui prennent soin de nous avec beaucoup de dévouement et de compétence.

L’image qui reste gravée dans ma mémoire est celle de dizaine de personnes en file d’attente, tous patients, tous émus, pas de médisance, une file entière en attente de vie, toutes les personnes présentes sont là dans un seul but : recevoir une piqûre d’espoir.

C’est ce moment d’espoir que nous devons conserver, reproduire et amplifier. Nous avons besoin d’un vaccin social. Ce vaccin ne pourra nous être fourni par les laboratoires de Moderna ou de Pfizer. Aucun pays au monde ne pourra le produire pour nous.

Quelle est la composition de ce vaccin ? Je me rappelle une histoire talmudique racontant qu’un brocanteur défilait au marché en criant : « qui veut l’élixir de vie ? » Les personnes qui étaient au marché se sont approchées de lui, ont examiné sa charrette et lui ont dit : « ta charrette est vide, où est donc ta marchandise ? » et il leur répondit : « Quel est l’homme qui aime la vie, qui désire la prolonger pour jouir du bonheur ? Préserve ta langue du mal, Et tes lèvres des paroles trompeuses, Eloigne-toi du mal, et fais le bien, Recherche et poursuis la paix… » (Psaumes 34, 13).

C’est le vaccin social dont nous avons besoin : savoir préserver sa langue de médisance, s’éloigner du mal et faire le bien, rechercher la paix entre nous.

C’est mon espoir ».

Photo Yonatan Sindel / Flash 90

Source lphinfo

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