Serge Ouaknine – la nostalgie du harem

J’ai fini par comprendre que la compassion de la France et de l’Europe pour le Moyen-Orient arabe, pour l’islamisme, tout ce qui est nostalgie d’exotisme post-colonial fait de palmiers et de servitude tribale.

Bref jouir d’une tentation quasi charnelle de l’ordre du fantasme et moins d’un désir de justice ou de réparation de l’histoire.

Les Bains du harem (peinture occidentale orientaliste de Jean-Léon Gérôme – XIXe siècle). Wikipédia.

En vérité malgré les discours politiques d’apparat l’Europe ne rêve pas vraiment d’émancipation nationale pour les anciens colonisés, ni même de mirage démocratique ou d’équilibre inter-religieux, et moins encore de printemps post-colonial, non, rien de tout cela… La tentation de l’Occident vis-à-vis de l’Orient arabe est sexuelle ! Oui, elle est sexuelle !

Toute la littérature du XIX e siècle en est imprégnée même chez le génial et lucide Baudelaire et chez Flaubert… c’est la nostalgie du harem, celle de femmes lascives, disponibles et muettes à déraison qui hantent les rêves d’Orient !

Dans une Europe où les femmes du XXe siècle s’émancipent, les féministes font de l’ombre au coq gaulois, les féministes à juste raison réclament l’égalité salariale qui met en péril la dominance machiste…

Ah! qu’il est doux, qu’il est séduisant cet Orient de loukoum et de jouissance masculine sur une abondance de femmes passives, disponibles à l’abandon … de femmes asservies, érotiques… sur simple commande !

“Odalisques” de Henri Matisse (1869-1954, France)

Toute la peinture des 19e et XXe siècles en est imprégnée, ad vomitam… chez les Surréalistes ! Le rêve des Odalisques chez Égon Schiele, Renoir, Matisse, Bonnard, Manet, Van Dongen … et Picasso… Ce qui est voilé est désirable… Ce qui est nu est certitude de conquête. Relire Georges Bataille !
Et que dire de l’homosexualité interdite par les textes dans l’Islam mais amplement répandu… relire Jean Genet …

L’Occident n’aime pas les Juifs dont le Dieu oblige à la verticalité solennelle et aride de l’homme devant son Créateur.

Et pourtant Pascal les appelait « les juifs jouisseurs » face à l’ascétisme de Port-Royal ! Mais tout allait changer avec les conquêtes impériales de l’Angleterre et de la France et secondairement de l’Italie la Belgique et l’Allemagne…

Ah qu’il devait être doux .. le paganisme des jouissances de l’homme quand l’épouse est consacrée au seul gynécée, relire Aristophane, chez les Grecs et au concubinage chez les Romains. L’Occident chrétien a inventé la génuflexion …et la culpabilité de la chair… Soumettre tel est le maître mot du désir.

La nostalgie de l’Europe pour l’Orient est un territoire de tentation sexuelle subliminale. Un désir inconscient de jouissance par soumission qui s’invertit en culpabilité post-coloniale!

Ce n’est pas la coquetterie du baiser volé de l’adolescent, mais la perversité du baiser imposé par un viol de civilisations qui se retourne contre lui-même. Telle est la perdition finale et absolue de l’Europe: devenir le dominé par culpabilité, après avoir été d’un impérialisme dominant.

À part la Pologne, la Hongrie, la Grèce tous les Balkans jusqu’à la Bulgarie tous les pays qui ont connu la soumission absolue à l’islam des Ottomans pendant cinq siècles, quand les belles blondes européennes étaient violées et envoyées aux Harems d’Istanbul ( ex Byzance) et d’Orient !

Tel est le retour du refoulé: désirer redevenir… les dominants d’hier…
Dans ce paysages où histoire et fantasmes se chevauchent… (voire les Croisades)… Israël dérange les cartes du désir de l’Occident pour l’Orient … parce que la terre biblique retrouvée par son peuple castre le fantasme occidental d’un Orient victimaire. Les Palestiniens sont « désirables » d’avoir su se rendre victimes !

Tel est le retour de refoulé complexe d’une Europe confuse et jouissive qui craint de perdre l’essence de ses week-end.

Serge Ouaknine

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1 Comment

  1. L Europe a tué son d.ieu…
    L Europe a tué son désir…

    Ne lui reste plus que sa jouissance….soit un retours à un confinement utérin.
    Forcément et essentiellement passif. Soumis.

    A ce degré de décadence seule une ….sauvagerie…!..nous sortira de cette ornière.

    C est dire mon pessimisme.

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