Michèle Chabelski. Souvenirs, Souvenirs (IV)

Bon

  Samedi

  J’ai évoqué jusqu’à plus soif le Carreau du Temple, le lycée Victor Hugo, la rue Béranger, la rue Dupetit Thouars.

   J’ai décrit l’uniforme des yéyés du pub Renault et du Drugstore, nouveau bateau amiral des Champs Elysées…

   Ai-je mentionné les sacs ?

      Je ne crois pas…

       Le code était La Bagagerie et rien d’autre…

   J’avais réussi à me faire offrir un petit sac carré de cuir noir que je portais à bout de bras le long de mon trench imitation Burburry’s dont la ceinture se nouait dans le dos façon martingale.

   Pourquoi nouée dans le dos ?

     Va savoir…

       Dans ce petit réticule carré, se cachait le symbole flamboyant de la liberté : un paquet de cigarettes…

   La clope comme porte étendard de la liberté !!

    Soigneusement dissimulée d’abord, puis fièrement exhibée puisqu’autorisée par mes parents en cadeau de mon succès au bac.

   La porte vers l’université ouvrait grand la porte vers le cancer mais qui le savait ?

      Et pourquoi un kilt écossais dans lequel on glissait un pull à côtes, sobrement appelé pull chaussette et qui moulait sensuellement mon buste plat ?

   Et pourquoi les mocassins à franges ou les penny loafers munis d’une fente dans laquelle on glissait une pièce de monnaie ?

  Et pourquoi, misère de misère, de longs cheveux raides comme ceux des Anglaises ou courts en petit casque boule sortis de l’imagination du célèbre coiffeur Vidal Sassoun ?

   Dans tous les cas le cheveu se portait baguette pour les filles et long pour les garçons…

  Et lorsque des tortillons rebelles nous avaient été légués en lieu et place de la crinière plate fantasmée, ne restait que la possibilité du Babyliss.

   Cet appareil magique qui raidissait le poil frisotté et laissait souvent en souvenir une balafre sur la joue, eu égard au dérapage du fer brûlant…

Les garçons  scolarisés à Turgot, Charlemagne, Jacques Decour ou Voltaire, guignaient avec gourmandise ces minettes Nouvelle Vague qu’ils retrouvaient dans des boums mémorables où twistaient langoureusement les filles autorisées à sortir. Et certaines autres aussi du reste.

Les rejetons de la rue Béranger, de la rue de Turenne, de la rue Charlot et de Belleville affûtaient leurs premières armes de séduction massive sur les nanas libérées et si les filles juives manquaient parfois à l’appel, les non juives, plus libres et moins couvées, cristallisèrent souvent de folles histoires d’amour…

   Qui pétrifièrent les parents encore estourbis par les horreurs de l’Histoire et qui rêvaient d’unions endogamiques…

  Quand l’amour cogne il n’exige ni passeport ni certificat de baptême.

  Et certains parents considéraient même les histoires d’amour entre ashkénazes et séfarades comme au mieux suspectes, au pire condamnées …

    Mais le brassage se faisait bon an mal an, apportant son lot de spécificité, d’altérité, de nouveauté, aussi exaltantes que porteuses parfois d’incompréhensions ou de divergences douloureuses…

  Tout ça dans une guerre fratricide entre fans des Beatles et groupies des Rolling Stones…

  Sans oublier les Beach Boys, les Doors, les Kings, les Who, Bob Dylan, Leonard Cohen ou Joan Baez…

   Sur fond de guerre du Viet Nam après la guerre d’Algérie et ses redoutés fellaghas …

   Mais nous avions grandi et un début de conscience politique germait doucement dans nos esprits qui s’éloignaient un peu de la rue de Picardie et de la rue du Temple…

   On écoutait à fond la caisse la musique américaine, on dégustait des banana splits dans des drugstores, on découvrait les hamburgers dans les Wimpy et les hot dog dégoulinant de moutarde, on regardait émerveillés Dustin Hoffman dans The Graduate, tout en braillant US go home entre deux bouchées…

   Bah…

    Qui ne connaît pas de contradictions ?

   La fac, la musique, le mouvement hippy, beatnik, les écrivains Jack Kerouac, Steinbeck, Faulkner, Philip Roth.

   Toute cette écume mémorielle frémit à petits bouillons sur la crête de souvenirs brutalement réveillés, longtemps enfouis, mais encore vivants…

Un peu d’écume continue de bouillonner grâce à vos souvenirs, vos évocations, vos réprimandes …

   T’as pas parlé du Teppaz…

    Et SLC, t’as oublié ?

      Les shetlands qui grattent, ça te dit rien ?

    Les pattes d’eph, tu zappes ?

    Les chaussures compensées de 15 cm de plate-forme, t’as pas porté ?

   Tout doux mes amis…

      Ces chroniques sont assez brèves et jettent sur l’écran les lambeaux de souvenirs que ma mémoire crachote en vrac sans rigueur chronologique ni listing exhaustif des spécificités de l’époque…

  Mais je veux bien revenir avec vous comme à un raout à la fois joyeux et nostalgique sur ces morceaux de jeunesse enfouis dans les tréfonds de notre mémoire et qui resurgissent, presque intacts, après un léger tisonnage…

     Notre idole à tous : Daniel Filipacchi et son acolyte, Franck Thénot…

    Salut les Copains

    Pour ceux qui aiment le jazz…

      Retour du lycée, une version de Virgile, des dizaines d’exercices de maths, équations, géométrie dans l’espace, une dissertation sur l’attente et l’attention, une leçon d’allemand pleine de déclinaisons, attendaient dans les ténèbres du cartables les lumières de nos brillants esprits qui leur règleraient leur sort.

  Bien évidemment, certains devoirs avaient été donnés en avance, mais vous savez ce que c’est, une chose, l’autre, le temps passe vite et là nous étions dos au mur : la date limite était le lendemain, parfois le surlendemain…

Le moral était bas…

    Mais tout n’était pas perdu.

     Car nous allions retrouver notre copain chéri, SLC, salut les copains🎶🎶

   Et le chouchou du jour est :

        Sylvie Vartan !!!

     Suivraient, Françoise, Sheila, Dick, Elvis, les Chaussettes noires, les Rolling Stones et Lucy in the sky with Diamonds des 4 garçons dans le vent…

    Il fallait écouter en douce, car l’appartement se trouvait au-dessus du magasin et il arrivait que Maman glisse une tête à l’heure des devoirs pour s’assurer que tout allait bien…

    Attente et attention !!

      Ça commence pareil, mais après…

    Suce ton stylo, peut-être que l’inspiration s’y loge …

  Certains dégustent de la cervelle de singe pour s’en approprier les vertus…

   Va savoir…

     Virgile nécessitait une certaine manutention quand il fallait soulever le gros Gaffiot pour y débusquer le mot inconnu qui faisait barrière à la compréhension…

  Mais on n’était parfois pas très avancé car la structure de la phrase ne révélait pas immédiatement tous ses secrets et il fallait force crochets et parenthèses pour en venir à bout …

   Non latinistes, laissez tomber.

      Des maths, je comprends rien, de l’allemand avec d’infinis suffixes et une phrase montée à l’envers, j’aurais dû faire espagnol, de l’anglais, bof pas la peine tout a été métabolisé en cours, tiens c’est qui ça ? Franck Alamo… pas mal.

     Le bac, le bac.

       Bon. Les maths se refusant à moi comme une jeune vierge à un suborneur, je les abandonnai en cours de route pour présenter l’épreuve du latin au bac et le rideau de l’angoisse se déchira enfin…

  Physique

  Chimie…

    Bah les coeffs n’étaient pas très importants, les tubes à essais me pétaient à la tête, des chiffres et des lettres à retenir. Qui ne serviraient à rien.

  Reste H2o.

    Pour les dîners en ville, ça suffit.

       Du français, du latin, de la philo et Joan Baez, Stewball was a good horse, Sacco and Vanzetti qui concluait le film éponyme, Blowing in the wind, Pauvre Rutebeuf, Don’t think twice it’s all right …

  Du bonheur pour les oreilles et pour la tête…

     Qu’on complétait par des 45 tours qui n’étaient pas encore des vinyles qu’on écoutait sur le Teppaz susmentionné.

   Les chanteurs étaient engagés, contestataires, chevelus, Dany le Rouge finissait de grandir, les parents travaillaient, nous emmenaient en vacances en Italie, nous découvrions l’émoi d’une main masculine sur la peau qui frémissait  , le flirt devenait amoureux et sensuel, nous qui sortions d’un lycée de filles explorions avec gaucherie et délices le  territoire masculin, on avait des copains, des amoureux, c’était souvent alternativement les mêmes,  Lucien Neuwirth s’apprêtait à légaliser la contraception et la pilule deviendrait le marchepied qui conduisait au lit sans plus d’appréhension.

   Enfin pas pour toutes.

Certaines étaient irrévocablement conditionnées pour le mariage, mademoiselle Eusébie consentez vous…

  Oui !!!!

   Ce seul petit mot allait sceller le destin de beaucoup d’entre nous avec divers bonheurs et chemins de traverse…

    Et mai 68, feignante ? Me commenteront certains d’entre vous.

   Et le cinéma ?

  Et le Vietnam ?

   Et la fac ?

 Et les restos U et les cafés ?

  Ohhh !

Minute !

  J’ai commencé par la rue de Picardie, la rue Dupetit Thouars, la rue Béranger, la Toile d’Avion et le Pub Renault.

  La rue Gay-Lussac, les AG braillardes de la Sorbonne et les cols Mao, faut demander, hein…

   Je peux pas tout faire, j’ai que deux mains et j’en aurai besoin pour soulever les pavés (ça c’est pas vrai…)

    Que cette journée d’automne et d’angoisse offre juste un petit moment un rai de soleil qui permette de reprendre son souffle…

Après la Covid, l’effondrement économique et social redouté, des bruits de bottes, Erdogan hurle ses imprécations contre Macron.  L’ambassadeur est rappelé, le torchon brûle, un nouveau front s’est ouvert pour notre président.

    Plongeons vite la tête dans le passé pendant quelques minutes, massons-nous le cœur de cet onguent miraculeux qui gomme provisoirement les ténèbres qui nous menacent : les doux souvenirs …

    Le Gaffiot trop lourd, le livre d’allemand pratiquement inutile puisque j’avais décidé de ne pas l’ouvrir, le livre de maths qui me regardait de son œil rigolard et cruel, restaient le Lagarde et Michard, le livre d’histoire et le livre de philo.

 Y avait-il un livre de philo du reste ?

   La prof dispensait ses cours d’une voix douce, nous expliquant que son alliance était un anneau de rideau bricolé, faute de budget pour acheter une bague.

   Les gamines de la République et du Pub Renault frissonnaient d’horreur devant tant de pauvreté.

    Puis se recentraient sur la timbale guignée, le bac, puis l’entrée en fac qui signait un début de liberté, mais pas tout à fait puisque la majorité était à 21 ans.

Enfin, le papier rose du triomphe espéré annonçait le soulagement, l’allégresse et le ticket d’entrée dans la vraie vie , assorti du permis de conduire longtemps rêvé

   La guerre du Viet Nam faisait rage, les synapses fraîchement constitués nous soufflaient qu’il fallait se révolter contre l’ingérence US, Yankee go home, et Hair nous offrait à la fois la vision de l’inanité de la guerre et des fesses de Julien Clerc.

   Et puis il y avait la découverte de ce territoire à défricher : les garçons…

   Ahhhh

   Les garçons.

      Après le lycée de filles et les blouses identificatrices, le monde de la mixité et des fringues exhibées nous faisait valser sur le rythme de la séduction et de la liberté sexuelle.

   Le jean apparaissait, surmonté du shetland court qui laissait entrevoir un rai de peau quand on bougeait et les longs manteaux de peau lainée, les ponchos mexicains, les couleurs psychédéliques dansaient la gigue du monde hippie qui perçait.

   En parallèle s’étalait le noir et blanc en damiers graphiques, et nous rêvions de nous faire offrir ces sous pulls Courrèges transparents, griffés du sigle de la marque que nous portions sous un pull en V ou une chemise de mec.

    La rue de Picardie et la rue de Bretagne, la rue Dupetit Thouars et la rue de Turenne se couvraient d’ombre, elles étaient devenues le refuge, le fief parental, la vraie vie était désormais ailleurs …

    Moi j’évitais la vitrine du magasin paternel quand j’allais prendre le métro République, pour cause de (très) minijupe, coucou Mary Quant, et de maquillage outrancier, yeux charbonneux et bouche très pâle…

    Les boums, les boîtes étaient toujours le théâtre de rencontres sensuelles et amoureuses, mais le resto U et le café qui prolongeait les discussions philosophiques et politiques n’étaient pas en reste.

   Pres d’Odéon, un café, le Petit Suisse, accueillait les étudiants sortis du resto U cacher proche, qui servait des repas qu’aucun fermier digne de ce nom n’aurait osé proposer à ses cochons.

Restaurant cacher et cochon. Passons…

    Nous écoutions Leonard Cohen qui pleurait Suzanne et chantait la Complainte du partisan, j’ai changé cent fois de nom, j’ai perdu femme et enfants…

Bob Dylan fredonnait Mr Tambourine Man et Like a Rolling stone, Joan Baez nous caressait le cœur de sa voix de cristal, Diamonds and Rust, Blowing in the wind, et tous ces chanteurs engagés manifestaient poing levé contre le racisme et la guerre, tandis qu’Angela Davis faisait connaître sur tous les écrans sa révolte et sa crinière frisée… Black Panthers…

  Moi je tombai amoureuse folle, d’une passion jamais démentie pour une âme un cœur, une voix céleste, un génie poétique, un humour parfois ravageur, d’un archange musical, j’ai cité Barbara…

    Elle fut bien sûr accompagnée dans mes coups de cœur de Leo Ferré, de Brel et de Brassens, mais personne ne provoqua comme elle les transes que je tentais de transcrire maladroitement au piano…

  Il y avait bien sûr aussi Tous les garçons et les filles, La plus belle pour aller danser et Retiens la nuit, écoutés sans relâche sur SLC, puis Simon and Garfunkel, Jimi Hendrix. Pink Floyd, Deep Purple, AC/DC, The Doors et tant d’autres…

  Seigneur !

   Que le temps passe vite, même aux heures matutinales.

    Je voulais raconter le cinéma, la danse, la pilule, les amourettes et les passions, les premières grossesses non désirées, les associations juives laïques, les premiers départs de gens aimés pour le pays du lait et du miel…

   C’est vous qui me direz…

     On continue à feuilleter ensemble ce livre de nos petites histoires parfois mêlées à la Grande ?

    La Baie des Cochons, Kennedy, Nous sommes tous des juifs allemands, sous les pavés la plage.

    Le tisonnier a légèrement touillé la mémoire tous ces derniers jours et dociles comme de petits soldats les souvenirs ont affleuré en masses…

 En vrac aussi, dates un peu confuses, mélangées sans doute…

  Les fringues m’arrivent avec une précision diabolique cependant, leur histoire aussi…

  Le kilt aux couleurs d’épinards écossais, striés de rouge et le pull à côtes rouges.

  Le tout acheté chez un client de mes parents qui tient boutique rue de la Chaussée d’Antin…

  Je trouve que ce look fait assez drugstore.

Je veux dire signe l’appartenance à un clan…

  Le mot a perdu un peu de sa connotation de lieu multi convivial pour gagner celle de caste sociale…

  La bande du drugstore, constituée des minets et minettes aisées se retrouve devant le lieu sus nommé avant d’investir boîte ou appartement parental généreusement prêté pour une boum dominicale.

  Le code d’entrée est très strict.

   Cheveux raides, collants blancs, yeux lestés de Boncza ébène sur lequel on a abondamment craché…

  Les garçons portent des pulls à damiers et des chaussettes Burlington dans leurs mocassins à franges…

  Par-dessus, le trench Burburry’s ou sa copie achetée chez un marchand de la rue Béranger.

  Autre tenue en vogue: La jupe Gudule à trois plis, surmontée d’un mini blouson de cuir…

 Le mien vient de chez un oncle de la rue de Turenne, confus de l’étroitesse du vêtement, mais j’ai exigé cet aspect mini moulant qui m’assure le ticket d’entrée dans la bande guignée.

  Dans cette même période, je découvre, émerveillée, le costume pantalon.

  Clone du costard de mec, veste longue ajustée, pantalon patte d’eph, taillé dans un tissu gris masculin, il souligne la féminité dans un aspect androgyne apocryphe…

  Ce côté masculin/ féminin fait écho au film éponyme de Godard dont la distribution compte Jean Pierre Leaud, sorti des plateaux de Truffaut, Marlène Jobert et croyez-le ou pas, l’ineffable Chantal Goya…

  Après A bout de souffle qui fleure l’éternité…

    Le costume pantalon n’y est pour rien…

  Suivront des pantalons en gabardine de chez Arvel qui me vaudront un licenciement d’une banque où je faisais un stage d’été et un rappel de la directrice du lycée Maurice Ravel, Mademoiselle Chabelski j’exige une tenue convenable de mes enseignantes

  Le pantalon comme symbole de dépravation sexuelle et culturelle…

  Je fus réintégrée dans la banque après une campagne du délégué syndical et une algarade maternelle qui était morte de honte, eu égard à son lien amical avec la directrice de la banque…

 Une jupe, un cardigan, tu retournes travailler dans une tenue décente, s’il te plaît…

J’étais devenue une espèce de Culbuto…

  Papa restait muet…

   Pour bosser à Maurice Ravel, j’enfilai une mini robe trapèze sur laquelle je tirais désespérément pour essayer de lui donner un air de vêtement de prof…

  L’année suivante ce fut Montaigne…

   Classes de transition…

     En traduction simultanée : classes poubelle…

   4 ème et 3 ème …

      Creuset inventé par un surdoué de l’Education qui y jetait les élèves attendant l’heure de la quille…

   Gamins turbulents, on dirait aujourd’hui “hyper actifs”, déconnectés du programme scolaire, chahuteurs et souvent attachants…

  Mais difficiles à maîtriser pour la belette malingre que j’étais et qui me toisaient avec arrogance dans un face à face belliqueux où ils me signifiaient en sous-main qu’ils représentaient la force, même si moi j’étais un suppôt du pouvoir…

  Combat stérile pour lequel les profs n’étaient pas formés.

    Je restais adossée à la fenêtre depuis le jour où l’un d’entre eux avait tenté de l’ouvrir en hurlant, hilare, Eh les gars ! Je vole !!

   On voyait dans les films américains des mecs sous acide s’élancer dans le vide, LSD, haschisch nourrissaient les fantasmes de nos collégiens dans un monde hippie qui revendiquait la communauté sexuelle et le bonheur obligatoire au milieu des fleurs de Woodstock…

  La musique accompagnait ce mouvement, les guitares hurlaient, les chanteurs convulsaient, enragés, hallucinés, possédés, the Velvet Underground, Dire Straits, the Pretenders, Pink Floyd, sans oublier les Beatles et les Rolling Stones bien évidemment… Paul Anka croonait tranquille avec Franck Sinatra, Ray Charles rêvait les yeux fermés  , Guy Mardel, Georges Chelon et Frankie Jordan fredonnaient avec Pascal Danel,  le duo romantique Stone et Charden, Nino Ferrer et bien sûr Johnny, Sylvie et Françoise..

  Rue de Picardie, Papa chantait Yves Montand, Les feuilles mortes et Les pas des amants dézunis, Maman regrettait Luis Mariano et moi je vivais des noces de feu avec Barbara…

  Je vous avais prévenu que ce serait peu ou prou foutraque…

  J’ai un peu râclé les côtés de la calebasse avec une cuiller en bois et le produit rapporté est constitué d’une matière pleine de grumeaux que je vous livre brute de décoffrage…

  Je ne suis ni historienne ni généalogiste, encore moins héraldiste, juste une gosse de la rue de Picardie, de la rue de Bretagne et de la rue Vieille du Temple, qui plonge en apnée dans les délices d’une jeunesse rose tutorisée par des parents qui avaient pour intérêt majeur mon bonheur, enfin hors des règles pédagogiques maternelles qui consistaient à expliquer clairement les choses à l’aide d’une paire de claques minutieusement appliquée…

 Mais c’est une autre histoire…

  Le confinement nous offrant ce luxe suprême, le temps, je me propose de continuer à racler les tissus secs de ma mémoire, si vous avez encore un peu d’intérêt pour ces années qui furent bonheur et sacrifices…

 Que cette journée vous offre un doux cadeau, tiens : une sieste déculpabilisée…

      Qu’elle ouvre une fenêtre – puisqu’il faut aérer – sur cette nuit qui commence à tomber sur nos épaules qui tremblent.

Qu’elle souffle la prudence et le respect des consignes dans un monde incendié d’anxiété…

    Je vous embrasse

© Michèle Chabelski

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