“Israël, le voyage interdit” ou le retour du refoulé

D’Alger à Jérusalem, Jean-Pierre Lledo a entrepris, aux côtés de sa productrice Ziva Postec, une quête sur ses origines, en réalisant un film fleuve, qui lui a ouvert les portes d’Israël, et de son Histoire trimillénaire. Rencontre avec un cinéaste arpenteur et une dentellière de l’ombre.

Jean-Pierre Lledo, on le connaissait jusqu’à présent comme cinéaste algérien, marxiste et anticolonialiste, et donc comme il se doit pro-Palestinien et antisioniste, auteur d’une belle et émouvante trilogie introspective, Un rêve algérienAlgéries, mes fantômes et Algérie, histoires à ne pas dire, réalisée en 2003 et 2007, et consacrée à l’échec de son rêve d’une Algérie indépendante et multiethnique, laïque et fraternelle, qui était avant lui celui de son père, Pied Rouge d’origine catalane qui avait choisi de rester dans son pays natal après l’indépendance, en 1962. 

Extrait du film "Israël, le voyage interdit, de Jean-Pierre Lledo, en salles le 7 octobre 2020
Extrait du film “Israël, le voyage interdit“, de Jean-Pierre Lledo, en salles le 7 octobre 2020• Crédits : Nour Films

En quête d’une (re)construction

“Ce n’est pas un film sur Israël, c’est vraiment ma vision d’Israël, qui se traduit cinématographiquement, ou comment un œil se transforme et se métamorphose d’un endroit à un autre. Ce fut en même temps la déconstruction et la re-construction de mon regard. C’est la quête qui m’a aspirée pour faire ce voyage”, dit Jean-Pierre Lledo.

Et voilà qu’avec un film ample et riche, de plus de 11h, conçu en quatre parties, et sorti en salles depuis le 7 octobre, Jean-Pierre Lledo nous revient en cinéaste israélien, amoureux de la culture juive et de son histoire, héritage maternel refoulé pendant plus de 50 ans, et curieux de découvrir, et de faire découvrir, ce qui est devenu son pays. Que s’est-il passé ? C’est, entre autres, ce que raconte Israël, le voyage interdit, documentaire fleuve qui, sous la forme d’un road movie jalonné de rencontres plus étonnantes et passionnantes les unes que les autres, avec émotion, érudition et, souvent, humour aussi, avec un parti pris subjectif assumé, va à l’encontre de bon nombre d’idées reçues sur ce pays, son peuple et son histoire trimillénaire, et tente, après bien d’autres, de répondre, en cinéaste arpenteur qu’il est, à rien moins que ce qu’on appelle, depuis les Lumières, en passant par Karl Marx, Jean-Paul Sartre, Edgar Morin, la “question juive“.

Extrait du film fleuve "Israël, le voyage interdit", de Jean-Pierre Lledo, en salles depuis le 7 octobre
Extrait du film fleuve “Israël, le voyage interdit“, de Jean-Pierre Lledo, en salles depuis le 7 octobre • Crédits : Nour Films

Pour l’aider à donner forme à son voyage, notre invité a pu compter sur une bonne fée, qui a produit et monté sa quête en images : Ziva Postec, qui s’était déjà fait la main sur les films de Jacques Tati, Alain Resnais, Orson Welles et … Claude Lanzmann. Le montage de Shoah, et l’invention de sa forme, c’est elle, et nous sommes très honorés de la recevoir, aux côtés de Jean-Pierre Lledo. (La sortie du film s’accompagne de la publication du livre Le Voyage interdit. Alger-Jérusalem, de Jean-Pierre Lledo, aux éditions Les Provinciales).

“Shoah” était un film sur la destruction des juifs d’Europe. “Israël, le voyage interdit” en est la réponse, c’est une suite nécessaire. Shoah représentait la mort, “Isräel, le voyage interdit”, c’est la vie. J’étais comme une missionnaire pour faire ce film.                          
Ziva Postec

Source: France Culture. Plan large. Antoine Guillot

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