Les sondages qui tournent la tête par Daniel Haik

Voici plusieurs réflexions après le sondage de la chaine 12 de mardi soir qui accordait 26 mandats seulement au Likoud, 23 à Yamina et 65 au bloc Droite Orthodoxes( en forme de développement de l’analyse que j’ai faite hier soir dans le Grand Live de JC Banoun) :
Autres résultats de ce sondage: Yech Atid 18, Liste Arabe 15, Bleu Blanc 9, Chass 9, Israël Betenou 8, Judaïsme de la Torah 7, Meretz 5.
Ce sondage qui montre un affaiblissement constant du Likoud, est un premier grand carton jaune adressé à Byniamine Netanyahou par une frange de son electorat « traditionnel » à Binyamine,Netanyahou, qui critique, de plus en plus ouvertement, sa gestion sanitaire et économique de la seconde vague de l’épidémie et lui reproche d’endosser une part de responsabilités dans l’atmosphère de clivages aigus qui règne actuellement dans la société israélienne. La conduite irresponsable de certains élus Likoud, comme Guila Gamliel conduisent également cette partie de l’électorat nationaliste à réviser un soutien jusque là inconditionnel au Likoud et à son chef. Cette tendance commence déjà avoir des effets collatéraux au sein de la direction du grand parti de Droite: Gideon Saar a déploré, cette semaine, la gestion de la crise par « le gouvernement » et même le ministre des Finances Israel Katz, jusqu’à présent, allié du Premier ministre ose émettre des reproches dans sa direction. Si ces critiques internes devaient s’amplifier, cela pourrait devenir dangereux pour Binyamine Netanyahou.
N’en déplaise aux manifestants radicaux de Balfour et Rothschild, ces dissidents du Likoud n’ont pas la moindre intention de renforcer leurs rangs indisciplinés. Au contraire. Cet électorat plus tiède envers Netanyaou a choisi de virer à Droite toute, et de renforcer les rangs de Yamina. Il accorde donc son soutien à un Naftali Bennett qui, au début de la crise avait émis plusieurs idées pertinentes mais qui idéologiquement, prône une annexion massive de la Judée Samarie…
Cette progression incroyable de Yamina qui n’a obtenu que 6 mandats lors des dernières élections et qui en est crédité de 23 actuellement, est donc le reflet d’un mécontentement de certains pans de l’électorat de Droite. Mais là encore, les sondages peuvent être trompeurs et Bennett doit s’en souvenir plus que quiconque. En mars 2019 , lors du premier scrutin, les sondages lui prédisaient au minimum entre 7 et 11 mandats. Finalement, Yamina n’a pas franchi le seuil d’éligibilité ! Donc, Bennett doit rester discret et réservé et ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir.. neutralisé. Certes, il a de bonnes raisons d’être satisfait mais il n’est pas encore en orbite vers le fauteuil de Premier ministre
Netanyahou a de bonnes raisons de s’inquiéter de la progression constante de Bennett. S’il avait agi avec un petit peu plus de ruse et un peu moins de tripes, comme par exemple en lui accordant le portefeuille de la Santé Publique, il aurait peut-être réussi à neutraliser l’influence celui qui, depuis plusieurs années, clame son ambition de le remplacer au poste de Premier ministre.
Le score de 65 mandats obtenu dans le sondage de la 12 par le bloc Droite Orthodoxes est trompeur. D’abord parce qu’aujourd’hui ce bloc si solide pendant 18 mois de crise n’existe plus: Bennett, encore lui, n’acceptera de rejoindre ce bloc que si c’est lui, et plus Netanyahou, qui le conduit. Qui plus est, les turbulences qui secouent actuellement le monde orthodoxe autour du respect des règles de distanciation, ont considérablement affecté l’alliance Netanyahou-Haredim, qui paraissait inaltérable. Voila pourquoi le Premier ministre prendrait un risque politique certain en provoquant, vers la fin décembre, de nouvelles élections anticipées et ce, même si, toujours selon le sondage de la 12, 49% des Israéliens aspirent à un tel scrutin dans l’espoir de sortir le pays du marasme actuel.
Mais ce n’est pas tout: ce sondage inquiète, en particulier, le secteur arabe mais il devrait alerter avant tout la gauche, ou ce qu’il en reste. Si les élus arabes à la Knesset clament qu’ils veulent la destitution de Netanyahu, ce n’est certainement pas pour le remplacer par un Naftali Bennett bien plus radical: « Bennett est un Bibi dopé de stéroïdes » a lancé l’un des leaders de la Liste arabe unifiée en découvrant les résultats du sondage. Mais ce faisant , les élus arabes ont mis le doigt là où cela fait mal en constatant que si la Droite a peut être trouvé une alternative à Netanyahu en la personne de Bennett, la gauche et le centre, eux, pataugent dans les marécages politiques sans parvenir à en faire jaillir un quelconque leader d’envergure: Benny Gantz est politiquement grillé. Quant à Yaïr Lapid, il ne représente pas cette gauche israélienne anémique qui souffre de la disparition du Parti travailliste et de la faiblesse chronique de Meretz. Si à 76 ans, le maire de Tel Aviv, Ron Houldaï apparait la seule alternative de leadership à gauche, alors, il semble qu’au lieu de réclamer sans cesse la démission de Bibi…et de faire ainsi le jeu de Bennett, les manifestants de Balfour devraient, plutôt se préoccuper de trouver un leader politique qui leur permette d’espérer, un jour peut-être, remporter « démocratiquement » les élections.

Daniel Haik                                                                                                           Source : Le Petit Hebdo                                                                                     Photo  Miriam Alster/FLASH90


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