Charles Meyer. Nantes, après Notre Dame. Où donc est passée la curiosité des politiques, des médias et des intellectuels

Nous sommes beaucoup à affronter régulièrement ce sentiment étrange qui nous taraude lorsqu’il se passe quelque chose de grave, d’important, mais qu’il devient presque impossible de réagir, parce qu’on se sent paralysé et qu’on se dit qu’on réagira le moment venu, qu’on sortira de sa torpeur, lorsque toutes les pièces du puzzle seront disponibles et qu’il faudra bien regarder la réalité en face.

C’est pourquoi je goûte peu des moments comme ceux que nous vivons actuellement depuis l’incendie de la Cathédrale de Nantes, car ils cristallisent une forme d’impuissance où l’on sait qu’on devra endurer aussi péniblement les cris des autres que son propre silence.

Ce que Nantes ou hier Notre Dame renvoient est important

Non, je n’aime pas ces moments qui démontrent que l’aptitude à la division de la Nation est bien plus forte que celle au combat.

Ce qui s’est passé samedi est grave. Il faut en prendre la mesure, comme ce fut le cas de l’incendie de Notre Dame. Il faut bien l’avoir à l’esprit : quelle que soit l’origine de l’incendie, ce que Nantes ou hier Notre Dame renvoient est important.

Et on aurait bien tort de crier au racisme, au complotisme ou à je ne sais quel gadget de la pensée post progressiste qui empêche de voir ce qui est essentiel.

En l’occurrence, il est déplacé de remettre en cause l’inquiétude– le mot est faible – des Français et des Européens devant la multiplication des actes de vandalisme qui touche les lieux de culte chrétiens.

Déplacé parce que le lien de confiance entre le citoyen et les élites est rompu, tout simplement. Il est donc bien Tartuffe d’aller s’indigner ou moquer les gens qui sont persuadés que cet incendie est criminel, même si au bout du compte, il ne l’était pas.

En langage clair, on pourrait appeler ça une forme d’empathie collective, de bienveillance, qui consiste à reconnaître qu’existent de sérieuses et de multiples raisons pour que les gens ne croient plus aux discours officiels, quand ils portent sur des sujets pareils.

La bienveillance, c’est aussi éviter en sens inverse d’encourager tous les délires les plus sincères, en s’abstenant de les relayer.

Je n’ai pas vraiment envie de breveter ce soir une nouvelle formule de tenaille identitaire ou de position de surplomb, je le sens ainsi, simplement. Je me tais aussi un moment, devant l’exacerbation des petits dogmes et des tumultes dans lesquels les uns accusent les autres de maux dans des joutes stériles, parce que j’ai bien gravé en moi ce terrible sentiment qu’à ce moment-là on fabrique notre défaite.

Ces oppositions sémantiques absurdes

Je déteste ces oppositions sémantiques absurdes, qui voudraient que pour les uns, parler de la République reviendrait à mépriser la France et pour les autres, rendre ses honneurs à la France consisterait à nier la forme républicaine de sa constitution.

Parce qu’en reflet chez les uns et les autres, cela revient dans les deux cas à cracher sur son pays et sur sa Nation.

Alors chers amis, c’est le coeur serré comme beaucoup d’entre nous que je redécouvre pour la énième fois ce sentiment d’impuissance et le silence sourd qu’il nous assigne parfois.

Où donc est passée la curiosité des politiques, des médias et des intellectuels

J’attendrai que les conclusions de cette enquête aboutissent mais dans l’attente, j’aimerais quand même qu’on nous explique si oui ou non, s’est constituée une secte sataniste puissante, qui aurait donc le pouvoir de faire taire la curiosité des politiques, des médias et des intellectuels.

Elle n’a en tout cas pas épuisé la mienne. Je la revendique et en tant que Français, j’en ai le droit.

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