Isaac Franco. La caresse et le pilon

“Il faudra un jour prochain que tous ceux trompés par le secret entretenu longtemps par les autorités chinoises sur la dangerosité de cette épidémie du Covid-19 leur en demandent des comptes. Reconnaître officiellement Taïwan comme nation souveraine et indépendante et recommander collégialement son admission de plein droit dans toutes les agences de l’ONU serait un bon début. Et une bonne leçon pour les criminels de la Cité Interdite…” (1).

Non contente de peser de tout son poids politique pour faire barrage à l’admission de Taïwan à l’OMS au motif que l’ancienne Formose ne serait pas une authentique nation indépendante et souveraine de 24 millions d’habitants mais une province renégate coupable de ne s’être jamais soumise à son pouvoir, la Chine communiste la menace aujourd’hui d’invasion militaire si la pression internationale sur l’OMS s’accentuait pour l’imposer. Des voix s’élèvent en effet désormais pour que l’OMS réinvite Taïwan en qualité d’observateur lors de sa prochaine Assemblée annuelle (2), une assemblée à laquelle l’île-Etat était conviée jusqu’en 2016, date à laquelle était élue à la présidence Tsai Ing-wen, la candidate indépendantiste de surcroît très critique des prétentions hégémoniques de la République populaire en Mer de Chine.

Le Global Times, un tabloïd de la République populaire paraissant quotidiennement en chinois et en anglais dont la ligne éditoriale suit fidèlement celle du Quotidien du Peuple – le journal officiel du Parti – et de l’agence Chine nouvelle, écrivait ainsi le 13 dernier: “La raison pour laquelle la Chine interdit fermement à l’île séparatiste de participer à l’Assemblée mondiale de la Santé en qualité d’observateur tient au fait que Taïwan a abandonné le principe de la ‘Chine unique’ (3). Et s’il prenait aux Etats-Unis et à leurs alliés l’idée d’user du prétexte de cette Assemblée pour encourager le séparatisme de Taïwan, cela pourrait amener la Chine à mettre un terme à ce jeu ridicule en solutionnant le problème posé par Taïwan par des moyens non pacifiques”. Cet organe de propagande relaie ainsi l’avis d'”experts” gouvernementaux selon lesquels “la seule conséquence possible à une telle invitation lancée à Taïwan serait une invasion sanglante de l’île”, que “la population chinoise perdrait patience et espoir en une réunification pacifique”, et qu’“une proportion croissante de celle-ci exigerait dès lors de ses dirigeants qu’ils résolvent la question par des moyens non pacifiques”.

La menace  de recourir à la “politique de la canonnière” (4) témoigne du jusqu’auboutisme du parti communiste à l’égard de Taïwan comme de Hong Kong et des provinces chinoises du Tibet ou du Xinjiang qui rêvent de s’affranchir de sa tutelle, personnellement menacés en octobre dernier par le président Xi Jinping: “Toute velléité de présenter Taïwan comme un Etat souverain vaudra à ses dirigeants d’être broyés et leurs os réduits en poussière. Toute ébauche d’activité séparatiste dans l’une ou l’autre partie de la Chine sera impitoyablement écrasée”.

Si Xi Jinping n’a pas mis ses menaces à exécution après la réélection en janvier de la présidente Tsai Ing-wen, elles devraient néanmoins réveiller ceux qui, singulièrement en Europe, ne voient cette Chine belliqueuse que sous le prisme d’un redoutable concurrent commercial dont il convient de ménager la susceptibilité, trop occupés sans doute à décourager et, le cas échéant, sanctionner le prétendu ami et allié israélien si, conformément au droit international (5), son nouveau gouvernement étendait la souveraineté de l’Etat juif sur une partie de la Judée Samarie. C’est que, dans les mots de Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, le 15 mai: “La résolution du conflit israélo-palestinien reste une priorité et est l’un des intérêts stratégiques de l’UE”.

La Chine, la Russie, la Turquie, la théocratie génocidaire iranienne, le Hamas, le Hezbollah ou l’incitation à la haine et la récompense du meurtre de Juifs par l’Autorité palestinienne ont décidément de beaux jours devant eux…   


Podcast de l’émission Cherchez l’erreur” du 18 mai 2020

https://we.tl/t-rPIifHG8M6


Isaac Franco, chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (“Cherchez l’erreur“)

(1) Une Chine peut en cacher une autre, 10 avril.   

(2) une invitation à la 72ème Assemblée mondiale qui se tiendra du 20 au 28 mai d’autant plus justifiée au vu de sa gestion exemplaire de la crise sanitaire…

(3) La signification chinoise du “One-China principle” est que Taïwan est une de ses provinces.

(4) La canonnière était le symbole de la projection de puissance jusqu’au début du siècle dernier. La “politique de la canonnière”, largement utilisée lors des opérations de colonisation en Afrique et en Asie, consistait à tirer depuis la mer au canon sur les côtes des Etats qui ne payaient pas leurs dettes financières.

(5) Un droit essentiellement reconnu par la Déclaration de San Remo d’avril 1920 confiant un mandat à la Grande-Bretagne avec pour objectif le rétablissement en Palestine “d’un foyer national pour le peuple juif sur la base de son lien historique avec la Palestine” dans une géographie incluant la totalité de la Judée Samarie – un mandat ratifié en juillet 1922 par la SDN – et partiellement satisfait dans les provisions du Deal of the Century dévoilé en janvier dernier.

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