C.H. “Covid-19 : le contre-modèle israélien”

Si la pandémie de Covid-19 est une guerre, il s’agit sans aucun doute d’une guerre mondiale.
Alors que l’on constate des situations parfois explosives dans certains pays d’Europe, trois nations semblent se distinguer par leur gestion efficace de la crise sanitaire : la Corée du Sud, Taïwan et Israël.


Les trois pays partagent deux caractéristiques communes. Tout d’abord, ils se démarquent dans le domaine des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle avec des chiffres records en matière de brevets. Mais surtout, les trois pays vivent depuis leur création dans un état de guerre perpétuel contre de puissants voisins.

Le cas de l’État hébreux est particulièrement éclairant.

Au 25 mars, l’État hébreux enregistrait plus de 2.030 cas (pour une population de 9,1 millions d’habitants) et seulement 5 décès. Israël semble connaître l’un des plus bas taux de mortalité parmi les pays développés.

Alors même que le pays est secoué par une crise politique sans précédent (après trois élections générales, aucune majorité ne se dessine entre Benjamin Netanyahu et Benny Gantz) l’administration, le système de santé et les services secrets ont prouvé leur efficacité à tous les stades de la crise… mais avec des concessions importantes sur le terrain des libertés individuelles.

Phase 1 : des mesures énergiques et rapides

L’une des premières raisons du succès israélien se trouve sans doute dans la réaction rapide des autorités face à l’émergence de la maladie.

Les autorités israéliennes ont annoncé dès le 30 janvier la suspension de l’ensemble des vols en provenance de Chine, interdiction rapidement étendue à la Thaïlande, Hong-Kong, Macau, Singapour, à la Corée, puis enfin à l’Italie.

Mais surtout, dès le mois de février des milliers de ressortissants israéliens ayant été en contact avec des personnes en provenance de pays touchés par la crise ont été placés en quarantaine préventive. Ces citoyens isolés furent cependant autorisés à voter lors des élections du 2 mars dernier, dans des bureaux de vote spécialement conçus pour eux !

Phase 2 : un confinement mesuré et un « tracking » intensif

Comme dans de nombreux pays, Israël n’a pas hésité à prendre des mesures pour encourager la fameuse « distanciation sociale ». Dès le 11 mars, le pays a interdit les rassemblements de plus de 100 personnes (soit deux jours avant la France) puis à 10 personnes dès le 15 mars.

Aspect insolite des mesures édictées par le Ministre de la Santé Yaakov Litzman, cette limitation à dix personnes a été prise pour permettre d’atteindre le quorum nécessaire pour accomplir certaines prières et offices du judaïsme.

Mais c’est surtout sur le terrain des nouvelles technologies qu’Israël a démontré son « efficacité ». Le 15 mars, le gouvernement a autorisé les services secrets intérieurs, le Shin Beth, à étudier les déplacements téléphoniques des personnes touchées par le coronavirus.

Ainsi, de nombreux Israéliens ont pu recevoir le message suivant : « Cher Monsieur, suite à une enquête épidémiologique, il apparait que vous avez été en contact avec une personne touchée par le coronavirus. Vous devez immédiatement vous isoler chez vous pour une durée de quatorze jours pour protéger vos proches et la population. Cette information sera utilisée uniquement dans ce but et sera effacée dès qu’elle ne sera plus utile. Cordialement. Les services de santé ».

Le message sera adressé à toute personne ayant été en contact à moins de deux mètres d’une personne contaminée pendant une durée de plus de deux minutes.

Mais cette technique soulève de vifs débats. De nombreuses associations de protection des droits civils ont notamment déposé une plainte devant la Cour Suprême pour demander la suspension immédiate du programme.

Si la plus haute autorité judiciaire du pays a reconnu l’opportunité d’avoir recours à ce type de technologie, elle a toutefois donné cinq jours au gouvernement pour soumettre les mesures à un vote du parlement.

Des tests partout

Les services secrets israéliens extérieurs, le Mossad, sont aussi mis à contribution. Une opération menée en coopération avec Tsahal a ainsi permis d’importer près de 100.000 tests depuis « un pays du golfe ne reconnaissant pas Israël, mais partageant des informations avec lui ».

L’objectif affiché par l’État hébreux est clair : acheter au plus vite quatre millions de tests pour démultiplier les dépistages.

On note toutefois quelques ratés : la première livraison n’a pas été un succès complet. Il manquait aux fameux kits des réactifs indispensables pour pouvoir effectuer le dépistage. Mais en l’état, les images de tests « drive-in » ont étonné le monde.

Situation maitrisée dans les territoires palestiniens, inquiétude à Gaza 

En Cisjordanie, la situation sanitaire et économique rend plus difficile un contrôle de l’épidémie. Les autorités palestiniennes ont rapporté à la date du 25 mars plus de 62 cas.

En coopération avec les autorités israéliennes, le confinement de la ville de Bethléem a d’ailleurs été décrété.

Le ministre de l’Intérieur israélien, Aryeh Déri, a assuré que la coopération entre Israéliens, Palestiniens et Jordaniens sur ce dossier sera forte, indiquant que « faire de la politique » sur le sujet était exclue. De nombreux observateurs ont d’ailleurs souligné le degré de coopération inhabituel entre les acteurs de la région.

Toutefois, la situation semble beaucoup plus préoccupante à Gaza. Le territoire contrôlé par le Hamas et qui subit un blocus israélien depuis de nombreuses années est également l’un des lieux les plus densément peuplé de la planète.

Si Israël affirme faire « tout son possible » pour s’assurer que du matériel médical parvienne à Gaza, les 600 kits de dépistage et les 1.000 tenues de protection risquent de se révéler clairement insuffisants pour lutter contre une éventuelle épidémie.

Faut-il payer un prix pour la sécurité ?

Les cas israélien et sud-coréen soulèvent donc un débat qui ne manquera pas de toucher la France : est-il possible de rogner sur certaines libertés fondamentales pour lutter contre une épidémie ?

Interrogé sur le modèle sud-coréen, Olivier Véran a posé la question à la représentation nationale « êtes-vous prêts à suivre ce pays dans sa démarche de tracking » ? Au niveau européen, le commissaire au marché intérieur s’est entretenu ce lundi avec les patrons des plus grands opérateurs télécoms européens, pour envisager un recours à des données anonymisées pour étudier le déplacement des citoyens en période de confinement…

Source: JIM ( Journal International de Médecine ) 26 mars 2020.

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